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« Si nous arrivons à maintenir des règles stables, nous serons au rendez-vous pour les Français », Florence Lievyn

Rose Colombel
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Florence Lievyn

La simplification de MaPrimeRénov' était nécessaire mais le chantier reste vaste pour redynamiser le marché de la rénovation énergétique. Florence Lievyn, présidente du Groupement des professionnels des certificats d'économies d'énergie (CEE) et responsable des Affaires publiques chez Sonergia, analyse pour Zepros, les dernières évolutions. 

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Que pensez-vous de la révision de MaPrimeRénov’ ?

Florence Lievyn : Ces annonces étaient attendues et nécessaires. Nous sommes dans une situation paradoxale où les financements n’ont jamais été aussi importants, tant pour la rénovation d’ampleur que pour le chauffage décarboné, et les engagements de travaux en berne depuis septembre 2023 ! S’il y a certes la question de l’inflation à prendre en compte et donc de reste à charge, il y a avant tout un vrai problème de lisibilité pour les Français. La réforme des aides l’été dernier a créé un mouvement d’attentisme et la réponse apportée début 2024 n’était pas satisfaisante. Certains diront qu’ils avaient alertés les ministères ; c’est vrai et le GPCEE en faisait partie. Nous avons perdu de précieux mois, il faut, maintenant que les contraintes ont été levées, aller de l’avant. Nous accueillons favorablement la suppression du DPE obligatoire pour bénéficier des aides MPR en mono-geste ainsi que la levée de l’entrée systématique par le geste de décarbonation qui ne prenait pas en compte le changement récent de système de chauffage par les ménages et les bloquaient ainsi dans leur parcours de travaux.

Quels vont être les chantiers prioritaires pour MPR ?

F. L. : Tant que la question de la fraude ne sera pas solutionnée, il ne faut pas se leurrer, les délais de paiement ne se raccourciront pas. Et ce n’est pas une problématique spécifique à l’Anah mais plus largement au versement de l’ensemble des aides à la rénovation énergétique, dont les CEE. Les sommes en jeu sont considérables et les entreprises de bonne foi voient leur trésorerie mises à mal du fait d’agissements d’une minorité. C’est regrettable et nous espérons vivement que la mission interministérielle de coordination d’anti-fraudes (MICAF), et la Loi ad hoc qui devrait prochainement arriver au Parlement, permettront de punir lourdement ces agissements. Pour revenir sinon sur des considérations plus positives, l’un des chantiers prioritaires de 2024 reste la montée en puissance des Accompagnateurs Renov’ sans lesquels les rénovations d’ampleur ne pourront se déployer. L’engouement des Français pour le sujet a créé un goulet d’étranglement en ce début d’année, emportant dans son sillage un effet déceptif. Quand on souhaite faire des travaux et qu’il nous est répondu d’attendre 5 mois pour le 1er rendez-vous de diagnostic, il y a de quoi être frustré, voire abandonner le projet.

Vous évoquez les CEE, quelles sont vos attentes à ce sujet ?

F. L. : La dynamique de financement de la rénovation énergétique fonctionne sur deux jambes : MPR et les CEE. Ces derniers restent d’ailleurs le premier soutien financier à la rénovation avec près de 4 milliards d’euros investis par an sur le seul secteur du bâtiment résidentiel. C’est presque deux fois plus que MPR et contrairement à cette dernière, tous les Français y ont accès sans conditions de ressources. Toutefois et dans la mesure où le mécanisme reste complexe, il faut, pour que les Français puissent pleinement en bénéficier, que tous les professionnels acceptent de s’en emparer et viennent soulager les ménages de la majeure partie des démarches. Industriels, installateurs, distributeurs, obligés, délégataires… nous pouvons tous être porteurs de solutions couplées pour que les aides à la rénovation énergétique se traduisent directement en déduction de la facture et ne se transforment pas en parcours du combattant pour les ménages. Il faut toutefois pour cela que nous puissions bénéficier d’une vision pluriannuelle de la politique de rénovation et nous en sommes encore assez loin. 

Quelle va être la clé de la réussite ?

F. L. : La confiance. Incontestablement. Les Français conservent l’envie de faire des travaux, tous les récents sondages le prouvent et la levée du bouclier tarifaire ne devrait qu’amplifier la dynamique. Les mécanismes de financement sont là et nous sommes revenus depuis les récentes annonces dans un système d’octroi qui doit permettre de satisfaire le plus grand nombre. Si nous arrivons à maintenir des règles stables et à donner un cap aux professionnels, nous serons au rendez-vous pour les Français.

Rose Colombel
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