Stores, volets, portes, portails : un marché 2022 plutôt en demi-teinte
Dans son étude diffusée ce 29 mars, le Groupement Actibaie dresse le bilan de la filière des stores, volets, portes et portails. Le secteur reste toujours porté par le segment de la rénovation. Mais les volumes ont diminué en 2022.
Stores, volets, portes automatiques piétonnes, portes industrielles et de garage, portails… L’an dernier, le marché hexagonal s’est clôturé sur un chiffre d’affaires de l’ordre de 3,1 Md€. Toutefois, en dépit d’une hausse conséquente en valeur au cours de ces dernières années, les incertitudes s’amoncellent en raison du manque de visibilité sur le marché du Bâtiment. Dans ce contexte, les petites et moyennes entreprises sont les plus fragiles.
À l’exception notable des stores intérieurs, toutes les autres familles de produits ont poursuivi leur progression en termes de chiffre d’affaires. Des hausses qui sont liées, bien sûr, à un important effet prix provoqué par la flambée du coût des prix des matières premières et de l’énergie.
Cette relative bonne santé en valeur est donc en trompe l’œil ! Les volumes, eux, tendent à se stabiliser après deux années d’activité post-Covid très intenses.
Bonne tenue grâce, entre autres, à la loi Accessibilité
Du fait des confinements successifs, l’exercice 2020 s’était malgré tout soldé par un évident dynamisme sur le marché des volets et stores extérieurs. Un rebond amplifié par l’engagement de travaux par les ménages après la pandémie et l’épargne accumulée durant cette période.
Quant aux stores intérieurs (les statistiques d’Actibaie n’intègrent que les stores sur mesure), ce segment reste peu ou prou à la peine. Principale raison ? La forte dépendance aux marchés de bureau qui traverse une crise depuis plus de quatre ans.
Le groupement professionnel pointe en revanche une légère hausse à propos des ventes de portes automatiques piétonnes. Un effet lié en grande partie à une réglementation plus stricte en matière d’accessibilité des bâtiments.
Enfin l’installation des portes de garage et portails ont continué de progresser en résidentiel avec la crise sanitaire. Néanmoins, le rythme a commencé à décélérer en 2022. Côté portes sectionnelles, portes rapides et équipements d’accès dédiés au secteur de l’industrie et des services, la création tous azimuts d’entrepôts logistiques entre autres a fortement favorisé l’activité des fabricants.
« Le paradoxe, c’est que l’activité n’a jamais été aussi intense avec un chiffre d’affaires qui explose [en 2022]. Mais les résultats, eux, stagnent voire diminuent dans les TPE et PME. »
Yannick Michon, président du Groupement Actibaie
TPE et PME pénalisées
Le contexte économique général a néanmoins frappé beaucoup plus les petites entreprises qui ont du mal à répercuter en 2022 l’inflation (énergie, matières premières, transport) sur leurs tarifs et prix de revient.
« C’est particulièrement le cas chez des petites et moyennes entreprises, qui doivent faire face à l’envolée des prix de l’acier, de l’aluminium et des composants électroniques. Contrairement aux grandes entreprises qui ont la trésorerie et l’agilité pour y faire face, les TPE/PME subissent de plein fouet les fluctuations du marché. Beaucoup d’entreprises ont eu recours au Prêt garanti par l’Etat durant la crise sanitaire et se retrouvent aujourd’hui avec des difficultés pour les rembourser », déplore d’ailleurs Yannick Michon, le président d’Actibaie.
Confort d’été : l’urgence…absolue !
Si la RE 2020 a désormais bien intégré le confort en construction neuve, la notion demeure encore plus ou moins absent en ce qui concerne le marché de la rénovation. Un constat qui étonne et − surtout ! − inquiète les professionnels des métiers de la baie. Une étude menée à l’été 2022 par l’Ifop pour le compte d’Actibaie mettait pourtant en évidence que sept Français sur dix souffriraient d’un manque de confort d’été dans leur logement.
Requalifié de « souffrance thermique » par le syndicat professionnel, le confort d’été est devenu non seulement une urgence en termes de santé publique. Actibaie enfonce d’ailleurs le clou : « C’est également une urgence écologique et un vrai sujet de société. Nous savons que les périodes caniculaires vont être de plus en plus fréquentes et intenses. Nous connaissons les solutions qui permettent de combiner habitabilité des logements et sobriété énergétique ».
« Il est temps que les Pouvoirs publics se saisissent de la question du confort d’été et l’intègrent dans les politiques de rénovation énergétique. C’était l’objet de la lettre ouverte adressée à Élisabeth Borne en octobre dernier et qui a été cosignée par 14 autres organisations professionnelles qui partagent avec nous cette préoccupation. »
Hervé Lamy, délégué général du Groupement Actibaie
Pour le syndicat, il s’agit aussi de former les professionnels à ces enjeux. En direct avec les utilisateurs finaux, ils sont prescripteurs pour garantir une utilisation optimale de ces solutions. L’automatisation et la domotique permettent en outre d’optimiser les performances des protections solaires.
« Aujourd’hui il nous faut abandonner le discours technique pour que les professionnels s’assurent de la bonne utilisation des solutions. En première ligne, ce sont eux qui se chargent de promouvoir les avantages écologiques apportés par les solutions de nos adhérents », précise le délégué général.
Autre enjeu : l’automatisation des portes dans les bâtiments tertiaires. En octobre 2022, le gouvernement avait promulgué un décret sur l’obligation de fermeture des ouvrants dans ce type de bâtiments chauffés ou refroidis.
Si la mesure a été saluée par Actibaie, la mise en œuvre du décret reste largement mitigée. Pour s’assurer que les commerçants, restaurateurs et autres acteurs du tertiaires ferment bien leurs ouvertures, Actibaie ne voit qu’une seule solution : généraliser l’automatisation des accès pour réduire au maximum les déperditions d’énergie.
Des métiers toujours en tension
Face à la hausse d’activité en 2022, la filière doit embaucher en masse sur tous les postes. Mais, il peine toujours et encore à attirer des profils qualifiés. En particulier sur les métiers techniques. Selon Yannick Michon, « le rapport au travail a grandement évolué depuis la crise sanitaire : de nombreux secteurs d’activité ont vu leurs métiers dévalorisés et nos filières ne sont pas en reste ».
Et de poursuivre : « Pour les filières des portes, portails, volets et stores, c’est le même constat. Aujourd’hui, les entreprises souhaitant se développer doivent se limiter car elles ne savent pas si elles pourront honorer leurs commandes ».
Le groupement professionnel estime ainsi que « pour les cinq à dix ans à venir, nous sommes sur une gestion de crise pour faire face aux problématiques de recrutements. Ce manque de personnel se répercute sur le dirigeant qui va devoir assumer plusieurs fonctions ».