[Entretien] Isover-Placo conjugue décarbonation et sobriété énergétique
Déjà engagé dans la décarbonation de ses activités, Isover-Placo oriente son plan vers plus de sobriété énergétique. Son directeur général France, Christian Bouigeon en détaille les leviers et dans un contexte perturbé, explique sa confiance dans un marché de la rénovation porteur pour les années à venir.
Pour Isover et Placo, la feuille de route sur la réduction des émissions carbone était déjà tracée, et déployée dans différentes actions. En adéquation avec l’ambition de Saint-Gobain, « réduire notre empreinte, maximiser notre impact » et atteindre l’objectif de neutralité carbone à horizon 2050. Travail sur la logistique, sur le recyclage, mais aussi efforts en Recherche et Développement vers les outils de production et l’innovation produit, autant d’actions qui structure la stratégie des deux marques.
Depuis mi-2021, ce plan doit répondre à un autre enjeu, liées aux hausses des matières premières, encore accru depuis la guerre en Ukraine et la flambée des prix de l’énergie.
« Nous sommes très impactés par l’augmentation de l’énergie depuis mi 2021, soit indirectement par les hausses tarifaires de nos fournisseurs répercutées par exemple sur le papier pour Placo et sur les liants dérivés de la chimie pour Isover, soit directement, par l’énergie qui approvisionne nos lignes de production. » détaille Christian Bouigeon. Le directeur général France d’Isover-Placo annonce ainsi qu’en moyenne les prix ont dû être augmentés de 15% sur l’isolation et 11% sur le plâtre. Des hausses fixées avec un délai de prévenance de deux mois, et qui, lui semble-t-il, ont été comprises par les clients.
Moins d'énergie, plus de recyclage
Pour le responsable, dans cette complexité ambiante, « la bonne nouvelle » est que le travail déjà entamé sur la baisse des consommations sous l’angle de l’empreinte carbone, favorise également une activité plus sobre en énergie.
Parmi les actions concrètes mises en place, celle sur le site Placo de Cognac. L’investissement de 12 M€ dans un nouveau sécheur, permettra d’y installer des brûleurs électriques. Résultats attendus : -20% de CO₂ sur la chaine et -10% sur toute l'usine. Du côté d’Isover, l’objectif est d’atteindre début 2024, une part de 83% de calcin recyclé dans la production, ce qui présente également l’intérêt de réduire la température des fours de fusion. « Nous allons poursuivre nos investissements dans des équipements à la fois moins énergivores et qui nous permettent d’augmenter la part de matière recyclée. C’est un plan de recherche qui s’appuie sur les experts de l’Ademe en lien avec nos équipes. », précise le dirigeant. (voir encadré ci-dessous)
L’axe sobriété énergétique passe aussi par un accord avec RTE qui prévoit l’arrêt pendant une heure des sites d’Orange et Chemillé en période de pic de consommation. Parallèlement, les productions les plus énergivores sont programmées sur les « périodes creuses ». « Nous travaillons de plus en plus avec des capteurs pour optimiser nos productions grâce à la Data. », ajoute le responsable.
« Nous sommes au bon endroit et une partie de la solution »
Dans un environnement mouvant, une conjoncture plus incertaine et le double enjeu, environnemental et climatique, Christian Bouigeon se veut rassurant. Certes le marché du neuf est fortement dégradé, en particulier la maison individuelle, mais sur la rénovation, même si les volumes à courts termes pourraient être affectés par le contexte, les tendances pour les années à venir sont « extrêmement bonnes ». Avec Isover et Placo, « nous sommes au bon endroit, et nous sommes une des solutions » pour mener le vaste chantier de la rénovation énergétique des bâtiments. Inscrits dans un processus d’amélioration continue, les investissements dans les outils de production sont programmés pour 2023 et 2024. De même que la recherche dans des produits moins énergivores, et plus légers à performance équivalente. En synthèse, des solutions pour répondre au nouveau triptyque des chantiers de construction : décarbonés, sobres en énergie et désormais frugales en ressources.
Parmi les actions engagées ou prévues
Pour Isonat
Investissement de plus de 10 M€ pour doubler les capacités de production
Pour Isover
Sur le site d’Orange, 49 m€, dont 800 k€ subventionné par l'Ademe pour remplacer le four et changer la tour de composition verrière. Avec cette modification le taux de matières recyclées (calcin externe) passe de 40 % à 60 % a minima et permet des économies d’énergie et de CO2 grâce à une baisse en température induite du four.
Pour la partie recyclage, le site de Chemillé est le fer de lance du projet I-LOOP, une démarche menée par Isover à l’échelle européenne qui repose sur une nouvelle technolgie afin d'atteindre une capacité de recyclage de la laine de verre en France de plus de 20 000 tonnes d'ici 2030, tout en réduisant la consommation d'énergie et les émissions de CO2.
Pour Placo
L’usine de Cognac a reçu un investissement de 12 M€ dans un nouveau sécheur plus efficace et moins consommateur d'énergie.