Chez Durieu, une nouvelle sous-couche biosourcée sort de la coquille

Stéphane Vigliandi
Image
Sous-couche biosourcée Absolue Universelle by Oxi.

À l’issue d’une collaboration avec la start-up bretonne Circul’Egg, la société familiale exploite désormais les propriétés des coquilles d’œufs pour les incorporer dans la formulation d’une nouvelle peinture technique de sa gamme Oxi. Une innovation que le groupe Durieu présente comme étant « une première » sur son marché.

Partager sur

Spécialiste des peintures décoratives et techniques notamment, le groupe tricolore qui a célébré ses cent ans en 2023, innove avec la sous-couche Absolue Universelle de la gamme Oxi. Il s’agit de sa toute première peinture technique incorporant des charges issues de poudre de coquilles d’œufs.

Technologie et formulation ont été mises au point en partenariat avec Circul’Egg (voir encadré ci-dessous). En donnant une seconde vie aux coquilles d’œufs, cette start-up rennaise ambitionne d’en faire le nouvel “or blanc” de l’économie circulaire.

Les intrants valorisés proviennent de casseries locales – les usines où sont cassés les œufs nécessaires à l’industrie agroalimentaire. Actuellement, le Grand Ouest concentre à lui seul environ 75 % du gisement national.

La poudre de coquille permet d’obtenir une charge qui s’incorpore parfaitement avec les autres composants de la peinture. Cette formulation écoresponsable contient des liants gras à forte imprégnation.

Environ 40 000 tonnes par an de coquilles d’œufs sont jetées en France sans être revalorisées.

Ce qui confère à la sous-couche de hautes capacités d’adhérence et d’accroche. La solution est adaptée en particulier aux fonds tachés ou humides. En outre, « le fini tuilé de la sous-couche biosourcée bloque les éventuelles remontées disgracieuses de rouille, tanins ou humidité », détaille le fabricant de peinture.

Sa nouvelle solution s’applique tant sur supports lisses (bois vernis, cuivre, galva, PVC, pâte de verre, etc.) que porreaux et farineux (plâtres, enduits instables). Ceux-ci reçoivent directement la finition sans préparation soutenue telle que le grattage ou le ponçage.

Grâce à ses résines ciblées, le produit confère « des qualités anticorrosion au support », souligne l’industriel. Il offre aussi une accroche optimale à toutes les finitions et en prolonge la durée de vie, y compris pour les toiles de verre et papiers peints posés avec des colles solvantées ou en phase aqueuse.

Circul’Egg : levée de fonds et atelier flambant neuf

Faire sortir la coquille d’œuf de son statut de matière première recyclée (MPR) “mineure” ! C’est l’ambition que s’est fixé Yacine Kabeche en créant Circul’Egg en 2019 avec deux amis ingénieurs. Jusqu’à présent, cette source renouvelable de carbonate de calcium était essentiellement exploitée pour l’épandage des terres agricoles.

La start-up basée à Clichy (Hauts-de-Seine) et lauréate de l’appel à projets “Produits biosourcés et biotechnologies industrielles” de France 2030 opéré par l’Ademe, est passée à la vitesse supérieure.

À l’automne 2023, elle a mené un tour de table de 5 M€. Une étape cruciale pour engager son développement industriel et commercial. Avec une promesse : produire « à grande échelle » du carbonate de calcium biosourcé.

Circul’Egg a d’ailleurs inauguré sa première unité de production à Janzé, en Ille-et-Vilaine, en novembre dernier. Le site de 1 600 m² héberge le laboratoire de R&D et est doté, pour l’instant, de deux lignes de production. Capacité de traitement annoncé ? De l’ordre de 15 à 20 tonnes par jour à plus ou moins brève échéance contre environ 5 tonnes aujourd’hui.

Au-delà des applications possibles dans la filière du Bâtiment (peintures, mastics, revêtements de sol…), les trois cofondateurs de Circul’Egg ambitionnent aussi d’adresser les marques de l’industrie cosmétique et des compléments alimentaires (nutraceutique), ainsi que le marché du petfood.

Stéphane Vigliandi
Partager sur

Inscrivez-vous gratuitement à nos newsletters

S'inscrire