[Portes d’intérieur] Righini ouvre en grand la porte de l’offre design et premium

Moins de volumes fabriqués sur le segment de la porte blanche prépeinte tout en capitalisant sur des gammes à plus forte valeur ajoutée ? En substance, c’est l’avis de Xavier Fauret, directeur général de l’entreprise familiale. « Notre marché est entré sans conteste dans une ère de mutation. À l’image de ce qui s’est passé, par exemple, dans les univers de la cuisine et des parquets massifs, le secteur des portes pour l’habitat et les ERP [santé, établissements scolaires et sportifs, tertiaire, hôtellerie et restauration], tant en neuf qu’en rénovation, s'orientent de plus en plus vers une offre design et premium », analyse-t-il.

Alors que le marché de la construction neuve connaît déjà « un coup de froid » selon la dernière note de conjoncture de la Fédération française du Bâtiment, ce manager qui a travaillé durant près de vingt dans l’industrie du sanitaire, estime que « la baisse des permis de construire devrait logiquement impacter le nombre de primo-accédants à revenus modestes ». Raison pour laquelle « Righini se devait de trouver de nouveaux relais de croissance pour être moins dépendant de l’activité Chantier », argumente-t-il.

Plutôt discrète jusqu’à présent, l’entreprise familiale fondée en 1960 par Luigi Righini et que préside depuis vingt-deux ans aujourd’hui Philippe Righini, son petit-fils, s’est d’ailleurs engagée dans un vaste programme d’investissement depuis cinq ans.

À la clef ? « Pas moins de 16 M€ ont déjà été injectés pour moderniser encore l’ensemble nos process industriels et redimensionner l’outil logistique entre autres. Notre plateforme a été agrandie de 6 000 m² en vue de doubler nos capacités d’entreposage car Righini livre l’ensemble des négoces de matériaux », détaille le directeur commercial Christophe Chambon, ex-cadre chez Velux.

Le site de Tonneins a ainsi gagné 11 000 m² supplémentaires. « L’indépendance financière de la société [retrouvée en 2004 après dix ans de cotation sur le second marché de la Bourse de Paris] nous permet de bénéficier d’une forte réactivité dans les prises de décision et – surtout ! – de travailler sur le moyen terme ; notamment en matière de R&D », argumente ainsi Xavier Fauret.

Par exemple, le brevet déposé en 2008 pour la gamme Néolys – une huisserie dite “à haute finition” en MDF hydrofuge enrobée avec une résistance au feu EI30 et EI60 –, l’huisserie BER (en bois exotique rouge) ou encore les six gammes de portes mélaminées toutes “Made in Guyenne”.

Au total, le budget qui est consacré à « la transformation de Righini est de l’ordre de 25 M€ à 26 M€ », confie son DG. Une enveloppe globale destinée à ancrer l’entreprise dans son nouveau territoire de marque. « Depuis quelques semaines, nous avons adopté la signature “La porte intérieure française” qui se substitue à l’ancien “Les portes et les idées qui font la différence” », dévoile d’ailleurs Hanan Oumali, chargée du marketing et de la communication.

Dans la foulée, Ludovic Charrier, le directeur de la production, rappelle que « les investissements réalisés au niveau industriel et approvisionnements viennent soutenir la politique d’innovations autour de trois principaux axes : les grandes et moyennes séries, ainsi que les solutions personnalisées ». La PME s’est ainsi dotée d’une nouvelle ligne de rainurage double face qui est intégrée aux flux de production depuis décembre 2022.

Autres investissements récents : 5 M€ pour acquérir une nouvelle presse en vue de faire monter en charge les collections de portes design, mais également l’offre pour la pose en fin de chantier. Ou encore deux nouveaux séchoirs pour disposer de ses propres sources d’approvisionnement en bois.

« Actuellement, la porte blanche [prépeinte] génère 92 % de nos sorties usine. Sur le segment de la porte déco’ encore émergent en France, Righini s’est fixé un objectif ambitieux, admet Christophe Chambon. Actuellement ces gammes représentent environ 8 % de nos volumes de production. À terme, ce devrait être aux alentours de 15 %. »

« Cette mutation, nous souhaitons aujourd’hui la faire savoir auprès de nos différentes cibles clients : négoces, cémistes, promoteurs et poseurs », souligne Xavier Fauret. Depuis un an, la société a créé à cet effet un nouveau showroom au sein de son siège social. Près de cent-cinquante professionnels cémistes et distributeurs seraient déjà venus à Tonneins pour découvrir les innovations produits et un outil industriel modernisé et redimensionné.

Dans le cadre de sa feuille de route stratégique, Righini entend passer à la vitesse supérieure en matière de communication et de valorisation de sa marque. « Pour embarquer nos clients et partenaires négociants, l’entreprise continue à renforcer sa présence sur les réseaux sociaux. Au début de l’année 2023, nous allons aussi faire appel à un “ambassadrice” pour porter nos valeurs », annonce Hanan Oumali. Les dés sont lancés pour que le fabricant du Lot-et-Garonne joue « la carte du leadership sur le marché des portes décoratives », selon la formule de son DG.