Tout chaux : nouvelle vie pour la tour de Lyttelton

Quentin Nataf

Dans une petite ville portuaire de l’île du Sud de la Nouvelle-Zélande, un projet dirigé par Bosworth & Barthel Stone Restoration a fait appel à la collaboration du français Saint-Astier réputé pour ses chaux hydraulique. Il visait à reconstruire la Station Timeball de Lyttelton, détruite en 2011.

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Timeball tower détruite.
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Construction de la tour.
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Fin des constructions pour la tour.
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Chaux traditionalismes
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Chaux blanche
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Cette tour, un symbole pour les habitants de l’État insulaire d’Océanie, veillait sur le large du haut de la colline. À son sommet, une boule horaire suspendue à un mat était lâchée chaque jour à la même heure. Depuis 1878, elle guidait les marins de l’océan Pacifique sud vers la baie “Lyttelton Harbour” qui jouxte le port. Elle leur permettait de régler leur chronomètre et de connaître l’heure avant de partir en mer. En 2011, la tour est démolie pour des raisons de sécurité. Elle avait subi de grands dommages suite à un tremblement de terre.

La population s’est mobilisée pour faire des dons et voir reconstruit ce véritable symbole de la ville et du patrimoine néo-zélandais. La somme recueillie par la campagne de financement lancée à travers le pays a atteint 3 millions de dollars (soit l’équivalent de 2 millions d’euros). La majorité des donations provenait de particuliers qui ont également apporté des renseignements (photos et plans d’époque) afin de reconstruire cette tour à l’identique.

NHL et chaux hydraulique

La chaux vient de la calcination de roches calcaires. Ces dernières ne sont pas toujours composées de calcaire pur à cause de l’érosion d’autres minéraux, dont la silice. Plus cette dernière est présente dans les roches calcaires, plus la chaux est dite “hydraulique”.


Trois catégories de qualité de chaux hydraulique existent : 

• La NHL 2, contenant 5 à 8 % de silice ; 
• La NHL 3,5, contenant 8 à 14 % de silice environ ;
• La NHL 5 (14 à 20 % de silice).

La même, mais en mieux

Débutés en juillet 2017, les travaux auront duré 14 mois pour une ouverture en novembre 2018.

La tour était, à l’origine, habillée de pierres calcaires dures et compactes du nom de pierre d’Oamaru, une ville côtière de l’île du Sud. La première étape de la reconstruction a consisté à construire un noyau central en béton armé. Puis l’édifice a été paré de moellons et des pierres récupérées parmi les débris de l’ancienne tour. Mais sur les 350 pierres

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Chaux.

environ qui constituaient le parement d’origine, seulement 250 avaient pu être sauvées après l’effondrement du bâtiment. Des efforts considérables ont permis de replacer autant de pierres que possible à leurs emplacements d’origine. C’est à cette étape que Saint-Astier est intervenu. Les travaux de maçonnerie, pour le montage des nouveaux murs, ont en effet été réalisés avec la chaux hydraulique naturelle “Pure tradi 100°” de type NHL 5. Fourni par le fabricant, ce produit issu de carrières françaises est principalement utilisé dans les projets de construction, de conservation et de restauration des bâtis existants. La chaux hydraulique est appréciée pour ce type de chantier pour son onctuosité et sa maniabilité.

En adéquation avec le projet de la Station Timeball, elle est adaptée pour les édifices exposés à une atmosphère humide en bord de mer et assure une pérennité de l’ouvrage. Pour le jointement des pierres, c’est la chaux “blanche LC****” de type NHL 3.5 qui a été retenue. Ce choix s’explique en premier lieu par des critères d’esthétique, avec une teinte constante qui correspond à la couleur des sables locaux. Mais elle présente également un avantage technique de par sa grande résistance progressive qui s’explique par une prise hydraulique lors de l’application mais également par une prise aérienne permettant à la fois de limiter le retrait tout en renforçant la résistance mécanique de l’ouvrage. Un atout précieux dans une zone exposée à un important risque sismique qui se traduit par des secousses légères mais quasi quotidiennes.

Le chantier en bref :

• Maîtres d’ouvrage : Heritage New Zealand
• Maître d’œuvre : TBIG
• Entreprises : Bosworth & Barthel Stone
• Durée du chantier : 14 mois (juillet 2017 – septembre 2018)
• Budget : 3 millions de dollars 
• Surface : 120 m² 

Quentin Nataf
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