Sept étages de “piles techniques”  : challenge relevé pour Le Monde

« Participer à un projet architectural de Paris Rive Gauche, zone urbaine emblématique en plein essor, est un réel challenge, d’autant plus que nous étions sur un terrain très contraint », explique Clémence Saubot, architecte associée chez SRA Architectes. La double dalle structurelle de faible hauteur destinée à recevoir le siège du Monde ne permettait une construction que sur deux des trois tabliers situés juste au-dessus des voies de la gare d’Austerlitz. « Le projet de Snøhetta, agence d’architecture norvégienne, a proposé de transformer cette contrainte en opportunité et d’exploiter ingénieusement ce vide non constructible entre les deux piles ». D’où la proposition d’un bâtiment-pont à la structure complexe, permettant de relier les deux parties du site en un seul édifice, par une arche d’une portée de 80 mètres surplombant un parvis (l’espace média plaza) ouvert au public. 
« L’immeuble est situé à l’extrémité de la ZAC Rive Gauche, ce qui fait qu’en plus de la contrainte structurelle de la double dalle, il n’existait qu’un seul cheminement pour les réseaux de fluides d’eau et d’énergie, avec un seul point d’entrée sous le tablier 3 », précise Sébastien Vidal, directeur associé de Barbanel, le bureau d’études technique fluides. « Cette difficulté d’accès des fluides nous a obligés à réfléchir aux solutions de redistribution pour les installations techniques des systèmes de refroidissement d’air et de chauffage », complète Clémence Saubot. 

Deux groupes d’eau glacée très performants
Pour les installations techniques, les partenaires du projet ont, là aussi, dû imaginer des solutions ingénieuses. « Nous avions plusieurs contraintes géométriques : l’absence de locaux techniques en sous-sol, puisqu’il n’y a tout simplement pas de sous-sol, et la limitation du volume technique en toiture. Au regard des surfaces internes disponibles, il a été décidé une conception des installations en forme de silos techniques et tout en verticalité », indique Sébastien Vidal. Cette architecture technique s’est développée autour d’un noyau central, débutant par les fluides humides sur les premiers niveaux et s’élevant vers les fluides secs dans les étages supérieurs. 
Mitsubishi Electric a équipé le bâtiment avec des solutions de gestion de la climatisation et de préchauffage de l’eau chaude sanitaire (ECS), la partie chauffage étant raccordée au réseau urbain (développée pour la ZAC Semapa). Les équipements proviennent de deux sociétés du groupe : les fabricants italiens Climaveneta et RC Group, rachetés en 2018. 
« Nous avons installé deux groupes de production d'eau glacée air-eau, modèle FX/2602/SL-CA-D, munis de compresseurs à vis haute efficacité et une finition Super Silence de Classe A. Ces unités produisent l’eau glacée du bâtiment nécessaire à la climatisation et, par récupération d’énergie via deux désurchauffeurs, de l’eau chaude pour le préchauffage de l’ECS », décrit Julien Marillier, responsable Grands Projets chez l’industriel japonais. Nous avons également mis en œuvre notre technologie d’échangeurs micro-canaux permettant de diminuer les quantités de fluide frigorigène et par conséquent de réduire l’impact sur l’environnement ». 
Avec une puissance frigorifique unitaire de 564 kW, c’est un total de puissance installée en froid de 1 100 kW que Mitsubishi Electric a déployé sur l’immeuble. Le coefficient d’efficacité frigorifique EER est, quant à lui, de 3,12. 

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Un CEP remarquable
Le recours combiné à plusieurs technologies – les groupes de production d’eau glacée, les panneaux solaires thermiques en toiture et la centrale de traitement d’air (CTA) à 80 % de rendement de récupération et à faible SFP (specific fan power) –, a permis d’atteindre un niveau très élevé de performances énergétiques. En plus d’un gain Bbio (besoin bioclimatique) de 33,36 % et d’un gain CEP (coefficient d’énergie primaire) de 63,35 %, c’est surtout le CEP de seulement 46,10 kWhep/m2. SHON RT.an qui est remarquable. « La Semapa, au travers du Plan Climat Energie et de la RT 2012, exige que la consommation totale d'énergie primaire d'un bâtiment sur une année soit inférieure à 50 kWh/(m2.an) », rappelle Sébastien Vidal. En complément, le bâtiment a notamment obtenu les certifications environnementales suivantes : NF Bâtiments Tertiaires, Démarche HQE®, Millesime 2011 niveau excellent, et label Effinergie+. 

« Ces résultats sont le fruit d’un travail collaboratif avec les architectes et les bureaux d’études. Nous sommes en particulier très fiers du respect des critères du Plan Climat Énergie portant sur la gestion optimale des ressources naturelles disponibles, comme les eaux de pluies, voire le confort des occupants et des riverains. Cette vision à long terme a été au cœur du développement du projet », conclut Clémence Saubot.

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