La terre crue s’invite dans un complexe culturel et sportif

"Le Colisée Grand Paris est un bel exemple de ce qui se fait de mieux en matière de construction biosourcée. Lorsqu’il s’agit de réduire l’empreinte carbone des bâtiments, le recours aux matériaux biosourcés s’impose naturellement, car il s’agit de matières renouvelables, véritables puits de carbone naturel, qui permettent d’éviter l’usage des ressources fossiles tout en assurant des performances élevées. De grands projets comme celui-ci ouvrent la porte à une prise de conscience des professionnels sur la contribution vertueuse que les matériaux biosourcés peuvent apporter à la construction", introduit Yves Hustache, délégué général de l’Association des industriels de la construction biosourcée (AICB).

Porté par Paris Terres d’Envol, qui regroupe 8 communes de Seine-Saint-Denis (370 000 habitants), le projet du Colisée Grand Paris se veut comme un équipement moteur pour l’attractivité du département. Construit au cœur du quartier d’affaires AeroliansParis, à deux pas des aéroports de Roissy-Charles-de- Gaulle et du Bourget, il s’agit de la plus grande salle de spectacles sur ce territoire, avec une capacité de 9 000 places. L’enceinte est composée de deux espaces : une grande salle multifonctionnelle de 7 000 places pensée pour accueillir des concerts, des spectacles et des événements sportifs. Accolée à la grande salle, une salle omnisports de 2 000 places sera dédiée aux rencontres sportives internationales, collectives et individuelles, mais aussi aux matchs des clubs locaux et aux événements d’entreprises. Des bars et une grande bodega serviront d’espace pour la restauration et l’organisation de “showcases”.

Avec le Vallon du Sausset à proximité, le groupement Legendre- DVVD Architectes & Ingénieurs, chargé de concevoir et réaliser Le Colisée Grand Paris, avait conscience d’un cadre naturel à préserver. Le groupement a donc conçu le projet comme un complexe vertueux, avec un fort parti-pris, celui d’avoir une démarche environnementale dans la façon de construire et de n’utiliser du béton que là où c’est nécessaire, ce qui lui permet aujourd’hui d’atteindre une performance E3C1. 

Le projet répond aussi aux exigences du label Biodivercity, grâce à son aménagement extérieur ambitieux favorisant l’intégration du vivant tout autour du projet. Le bâtiment repose sur des charpentes bois et métal et une façade à ossature bois, qui remplace le voile béton. « Tout le projet a été pensé dans une démarche de décarbonation, pour réduire au maximum l’impact du bâtiment sur l’environnement. Nous avons donc voulu profiter des avantages de chaque matériau », confient Paula Castro, architecte associée chez DVVD Architectes & Ingénieurs, et Clémence Gonon, conductrice de travaux principale chez Groupe Legendre. Les façades sont enveloppées d’un bardage acoustique en périphérie, qui atténue les sons en provenance de l’Arena vers l’extérieur, tout comme la toiture de la salle omnisports, entièrement végétalisée. La toiture de la salle multifonctions est quant à elle recouverte de 3 765 m2 de panneaux photovoltaïques qui auto-alimentent le Colisée en électricité. 

À l’intérieur du complexe, les murs des deux salles sont recouverts de briques en terre crue issues de l’atelier Cycle Terre de Sevran, qui revalorise la terre excavée des chantiers du Grand Paris. « Pas moins de 30 000 blocs de terre crue en filière courte sont utilisés sur ce chantier, ce qui permet de réduire considérablement l’empreinte carbone du bâtiment, en économisant 500 tonnes de CO2, soit 45 000 allers-retours en voiture entre Paris et Le Colisée », précise Paris Terres d’Envol. La brique en terre crue joue aussi un rôle de régulateur naturel de l’hygrométrie du bâtiment, qui subit des pics d’humidité lorsque les salles sont combles. Pourl’isolation du bâtiment, là encore, la priorité a été donnée aux matériaux biosourcés pour réduire l’empreinte carbone et maintenir une température stable à l’intérieur du complexe. L’isolation a été réalisée par l’extérieur à l’aide de fibre de bois Pavatex (marque du groupe Soprema). Au total, 2 600 m2 d’isolants biosourcés ont été posés sous enduit, dont la couleur ocre a été choisie pour rappeler la brique en terre crue.