Remplacer le béton armé par du "bois augmenté"

, mis à jour le 13/11/2025 à 17h05
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Woodoo Stack

La startup Woodoo fête ses 10 ans d'existence : celle qui a imaginé le "bois augmenté", un super matériau de construction écologique, a signé des partenariats avec des majors de la construction qui valident son concept et font prendre vie à une vision folle.

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Bouygues Construction a signé un partenariat stratégique avec un acteur innovant de la construction, pionnier du « bois augmenté », Woodoo. Depuis 10 ans, Timothée Boitouzet a travaillé sans relâche pour faire de sa création, un matériau incontournable dans la construction dès demain. Le jeune architecte-chimiste-entrepreneur (!), nous raconte : « Nous avons validé ce que nous disions à l’époque : nous prenons du bois et par notre process nous enlevons la lignine remplacée par une résine en imprégnation, puis le bois est pressé pour obtenir un bois densifié (+50-70 %), aux capacités augmentées, équivalentes à celles de l’aluminium et du béton ». Une solution de rêve donc pour la transition écologique dans la construction, puisque le bois augmenté à empreinte carbone réduite peut remplacer des matériaux (très) chargés en CO2, que ce soit en aménagement, en parement extérieur ou en structure.

Des data-centers en super-bois

Et Bouygues Construction a franchi le pas en passant commande de 10 000 m3 de Stack pour édifier des centres de données bas carbone. Soit l’équivalent de 20 000 m3 de béton armé qui ne seront pas utilisés. Timothée Boitouzet fait valoir : « Stack n’est pas qu’un nouveau matériau. Nous prouvons qu’il peut rivaliser avec le béton en termes de performances et de coût, tout en réduisant l’impact carbone jusqu’à 80 % ». Car le matériau se situe à la parité prix avec un béton armé C25/30. Les éléments seront constitués de poteaux et de poutres prépercés, d’une portée maximale de 14 mètres, pour construire les bâtiments en France ou en Suisse, entre 2026 et 2027. Bouygues disposera d’une exclusivité restreinte sur Stack pour les applications dans des bâtiments « industriels ».

Côté production, elle sera basée à Troyes (Aube) afin d’y valoriser une essence locale, le peuplier, à croissance rapide. Une quarantaine de personnes seront employées sur le site. Des questions se posent naturellement : sur l’assurabilité d’une telle solution constructive, le CSTB a déjà été approché pour l’obtention d’une ATEx. Sur la tenue au feu, Stack devra être « encapsulé » dans des plaques de plâtre afin de protéger sa surface. Mais dans un avenir proche, la résine utilisée pour traiter le bois pourrait être additivée afin de la rendre intumescente.

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Woodoo super bois augmenté

Au-delà de ce premier gros marché avec Bouygues Construction, Woodoo voit plus loin, et espère convaincre les architectes, promoteurs et entreprises générales de se tourner vers ce produit innovant, à la mise en œuvre simple. Timothée Boitouzet conclut : « Le but est de remplacer les matériaux les plus émissifs par du super-bois. La technologie marche avec toutes les essences, mais l’intérêt est de valoriser des bois ‘pauvres’ comme le charme ou le tremble ». Le génial inventeur du bois augmenté, sollicité par de multiples puissances étrangères (son parcours l’a emmené aux États-Unis et au Japon) reste inflexible, comme sa création : « Je suis fier de faire cela en France et de participer à la structuration de la filière bois plutôt qu’à l’étranger ». De la réindustrialisation verte.

Fort de 13 ans d’expérience dans la presse bâtiment, Grégoire, Rédacteur en chef de Zepros Bâti depuis 2019, est spécialisé dans les matériaux, l’isolation, la charpente, la couverture et les innovations énergétiques.
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