À Mâcon, L'Asturienne façonne son “Campus Pliage” pour 2019
Afin de renforcer un « leadership » revendiqué sur le segment du zinc notamment, le spécialiste de l’enveloppe du bâtiment capitalise sur son expertise technique après avoir structuré et réorganisé son parc d’ateliers : onze sites répartis sur le territoire et qui effectuent un travail à façon pour les chantiers complexes. En parallèle, l’enseigne de Saint-Gobain travaille sur « un parcours de formations » dédié à ses collaborateurs. Ce "Campus Asturienne" devrait voir le jour l’an prochain.
Des chiffres de la construction et de la rénovation en repli ? Le possible spectre d’un nouveau cycle baissier dans le Bâtiment ? À Wattrelos, près de Lille (59), accoudé au comptoir d’Asturienne, Alexis juge avec perplexité la question tout en finalisant sa commande auprès de Johan, l’un des trois vendeurs internes recruté voilà dix-huit mois. Couvreur dans une TPE de Croix, une commune proche de l’agence, le jeune compagnon affiche – avec le sourire ! – « une activité en hausse sur le secteur lillois » et « six à sept mois de carnets de commande d’avance ». Pour lui, comme pour le patron de Verbrugghe, son employeur, un retour à la crise, « ce n’est pas pour maintenant ». En revanche, l’entreprise est demandeuse de services ; notamment pour le façonnage de certaines pièces en couverture ou façade.
Trois piliers jugés « stratégiques »
Si, du haut de ses 165 ans, l’enseigne se faisait plutôt discrète jusqu’à présent, son DG Sébastien Sterckx* (un ex-Tollens), aux commandes depuis vingt-cinq mois maintenant, n’hésite pas à rappeler, en écho, les « trois fondamentaux » du réseau. Primo, « la volonté de mener une politique de proximité forte » et « une relation clients basée sur l’humain ». Secundo, « une offre large, profonde et disponible » avec, dans son viseur, un plan de stock évalué à environ 22 000 références et une base estimée à environ 4 000 articles en moyenne disponibles « en permanence ». Tertio, « une logique de services destinée à faciliter le quotidien de l’artisan grâce à l’expertise et au savoir-faire techniques » du réseau.
Si chacune de ses 62 agences intégrées met gratuitement à disposition des clients BtoB – en majorité des TPE et PME de la couverture-zinguerie – un “Espace Service Pro” (plieuses, guillotines et cisailles), l’enseigne spécialisée a aussi engagé une remise à plat de son patrimoine historique : ses 11 ateliers répartis sur tout l’Hexagone et, pour certains comme au Havre, intégrés après le rachat du concept Coverpro lancé en septembre 2007 par l’ex-Wolseley France.
* Lire aussi notre article paru dans Zepros Négoce #10 d'avril-mai 2018, en page 16.
À PROPOS DU DÉPLOIEMENT DU RÉSEAU
« En 2018, nous avons ouvert 4 nouvelles agences : Dax (40) en janvier, Le Muy (83) début juillet, un 2e site bordelais (33) à la rentrée et Ivry-sur-Seine (94) le 1er octobre prochain. Nous tablons sur 1 à 3 nouveaux points de vente par an. Nous poursuivrons notre développement par croissance organique, tout en étant à l’écoute du marché sur d’éventuels rachats. »
Sébastien Sterckx, DG d’Asturienne
Du travail à façon harmonisé
À Wattrelos, comme d’autres clients de l’agence, l'entreprise familiale Verbrugghe a parfois recours aux services payants de l’atelier local. Contrairement aux habitudes chez Asturienne, ce site fait un peu figure d’exception au sein du réseau. Avec ses 1 000 m² couverts*, il n’est pas mitoyen du dépôt. Façonnage (acrotères, chéneaux, noues…) et profilage (ourlets grandes longueurs, bacs à joint, debout ou encore à tasseaux, cassettes…) : basée à Hallennes-lez-Haubourdin, à quelques kilomètres de là, la structure est de l’aveu même du DG de l'enseigne « la plus aboutie à ce jour dans notre réseau ».
Responsable de cet atelier qualifié de « hors normes », Paulo Dos Santos, est aussi le maître d’œuvre de la réorganisation d’un dispositif engagé mi-2017 en raison de « ses expertises transverses ». À la clef : un travail d’harmonisation au niveau du parc de machines (voir photos ci-dessous des équipements de l’atelier lillois) et de tout les savoir-faire techniques internes. Ici, l’atelier traite tous les mois pour le compte de TPE-PME, mais aussi de gros chantiers, des centaines de mètres linéaires de bobines de zinc, cuivre, laiton, inox, aluminium ou encore d’acier jusqu’à 5 mm d’épaisseur.
* Contre 400 m² en moyenne pour les autres ateliers du réseau.
À PROPOS DE L’OFFRE EN SOLUTIONS TECHNIQUES
« Pour répondre aux attentes des couvreurs, mais aussi des étancheurs, nous développons des gammes liées aux nouveaux modes constructifs en écho à la prochaine réglementation environnementale de 2020. Et nous continuons d’enrichir une offre "simple" sur les kits photovoltaïques pour répondre au marché de l’autoconsommation. »
Sébastien Sterckx, DG d’Asturienne
Bientôt un “Campus Asturienne” ?
À Hallennes, comme dans les dix autres ateliers, une des consignes de rigueur : chaque machine est pilotée par un binôme apprenti-plieur confirmé. Pénibilité et sécurité au travail obligent ! « Il faut en moyenne environ six mois pour qu’un jeune stagiaire ait une vision globale des fondamentaux du métier de plieur. Et au moins une bonne année pour qu’il commence à bien maîtriser toutes les subtilités du pliage », martèle le responsable d’atelier lillois.
En fait, loin d’être de « simples "presse-pédales" », ces conducteurs de machines doivent maîtriser « des gestes techniques et de précision pour réaliser des pliages au millimètre près », assure Paulo Dos Santos. Une exigence telle que la direction de l’enseigne et son département RH planchent actuellement sur un projet de Campus dédié aux seuls collaborateurs internes.
« Avec la volonté de déployer un vrai parcours de formations interne dédié aux techniques du pliage », assure Sébastien Sterckx qui nourrit aussi, sur le sujet, « des échanges avec certaines fédérations professionnelles » comme l’Union des Métalliers (UM-FFB). La future école sera hébergée dans les locaux de l’atelier Alliage Paillé près de Mâcon qui dispose de son propre bureau d’études (trois collaborateurs). Accueil de la première promotion : courant 2019 en principe.
« Sur certains métiers en tension comme pour les couvreurs, il y a parfois un déficit de compétences techniques en matière de pliage parmi les artisans. En outre, avec la RT 2012 et plus encore avec la future RBE 2020, le traitement de la peau extérieure du bâti ne souffre pas la moindre approximation ! Nos ateliers visent à répondre aux attentes des pros sur l'ensemble des points de vigilance. »
Paulo Dos Santos, responsable de l’atelier d’Asturienne à Hallennes-lez-Haubourdin (59)
À PROPOS DE LA FORMATION INTERNE
« Nous avons créé en 2018 “Mon AstuBook” : un catalogue interne qui recense tous les savoirs relatifs à l'enveloppe du bâtiment pour enrichir l'argumentaire technique de nos forces de vente. Courant 2019, Asturienne lancera pour les clients, cette fois-ci, un ou des catalogue(s) consacré(s) à l’offre bardages, étanchéité et isolation : un projet assez complexe eu égard aux habitudes constructives variées d’une région à l’autre.
Sébastien Sterckx, DG d’Asturienne