Construction bois : des hauts et des bas

Jérémy Becam
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[Zepros Bati] Selon la dernière étude de Xerfi sur le marché de la construction bois et ses évolutions à l'horizon 2021, les entreprises du secteur devraient connaître un repli de leur chiffre d'affaires dans les années qui viennent. Elles seraient désormais dans la nécessaire de diversifier leur activité.

Après un net rebond entre 2016 et 2018 (+6,3 % par an), le chiffre d’affaires des entreprises françaises de construction bois va se replier en moyenne de 1,5 % par an d’ici 2021 pour atteindre 1,8 milliard d’euros, selon les prévisions des experts de Xerfi. La faute à la suppression du PTZ dans les zones non tendues, à la raréfaction du foncier aux abords des grandes métropoles mais aussi à la plus grande difficulté à obtenir des permis de construire à l’approche des élections municipales. Le dynamisme du segment des travaux d’extension-surélévation permettra cependant de compenser le recul de l’activité dans la construction neuve. Les opérateurs souffriront en outre toujours de leur manque de compétitivité prix vis-à-vis des spécialistes du béton. Le segment des bâtiments agricoles en bois sera également en berne en raison de l’érosion structurelle du nombre d’exploitations et des difficultés économiques récurrentes des professionnels de ce secteur. Les perspectives seront en revanche meilleures du côté des mises en chantier de locaux industriels ou des immeubles tertiaires. Toutefois, ces bâtiments ne représentent encore qu’un débouché mineur pour les spécialistes du bois. Quant à la réglementation environnementale (RE) 2020, qui prévoit un plafonnement de l’empreinte carbone des bâtiments neufs, son impact sera mitigé. Elle n’entraînera pas forcément de hausse significative du nombre de bâtiments en bois mais encouragera simplement les acteurs à utiliser davantage de bois dans leurs constructions. La RE 2020 profitera donc surtout aux exploitants forestiers ainsi qu’aux acteurs de la première et de la deuxième transformation du bois (scieurs, fabricants de panneaux…).

La préfabrication en standard

La construction bois reste par conséquent un marché de niche (10% des maisons individuelles). Pour élargir leurs débouchés, les entreprises du secteur redoublent donc d’efforts. Pour gagner en productivité, plusieurs spécialistes de la construction bois ont ainsi décidé d’industrialiser leurs procédés. Burger a d’ailleurs développé des maisons presque entièrement préfabriquées. Pour faciliter la réalisation de structures hors site et accroître l’efficacité de leur intervention avec les autres corps de métiers, les constructeurs de bâtiments en bois s’appuient en outre sur les possibilités offertes par le BIM (Business Information Modeling). A titre d’exemple, l’utilisation de cet outil numérique a notamment permis de fusionner plus de 90 maquettes différentes lors de la construction de l’immeuble bois-béton Pulse à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), un projet mené par Icade et Vinci. L’enjeu pour les acteurs est d’améliorer la compétitivité prix de leur offre pour se faire une place sur les segments d’entrée et de milieu de gamme, où la demande est la plus forte. Cette stratégie est par exemple mise en œuvre par Ghara avec ses maisons en kit. Certains se diversifient par ailleurs dans le logement collectif, notamment via le concours « Immeubles à vivre bois » de l’Ademe.

Explorer de nouveaux segments

Dans le même temps, les opérateurs cherchent à s’implanter sur de nouveaux territoires. Les constructeurs de maisons individuelles s’efforcent ainsi d’étendre leur réseau d’agences, en particulier dans la région PACA ou en Île-de-France pour exploiter de nouveaux gisements de croissance. L’emploi de matériaux mixtes fait également partie des pistes explorées par les opérateurs pour dépasser les limites techniques du bois et ainsi se positionner sur de nouveaux marchés, comme les bâtiments de grande hauteur. Enfin, pour moderniser l’image de la construction bois, les acteurs misent sur l’emploi d’autres nouvelles technologies. Trécobat a ainsi développé une offre de maisons connectées. En agence, les promoteurs et les constructeurs de maisons individuelles n’hésitent pas pour leur part à utiliser, par exemple, des casques de réalité virtuelle pour séduire les clients.
Jérémy Becam
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