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[DOSSIER 1/2] Confort d'été : nouveau sujet central ?

Jérémy Becam
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[Zepros Bati] Autrefois paramètre secondaire, le confort d’été est en passe de devenir un sujet central dans la façon de construire les bâtiments de demain et de rénover le parc existant. Mais pour y arriver, la performance thermique ne suffit pas. Dossier réalisé par M. Wast
Nous allons entrer dans l’hiver et nous vous parlons de confort d’été, bizarre ! À la rédaction, nous avons beaucoup hésité à aborder ce sujet car il peut vite devenir polémique, et vous savez qu’à Zepros, nous préférons voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide…Néanmoins, cette notion de confort d’été va certainement devenir un sujet central dans les prochaines années dans la mesure où les périodes de canicule, depuis celle de 2003 qui fut réellement tragique, semblent s’intensifier en termes de fréquence et de pics de température.Entre le confort d’hiver et celui d’été, il y a quelques points communs. D’abord, l’isolation du bâti qui évite le froid d’entrer et la chaleur du chauffage de sortir pendant l’hiver, tandis qu’en été, on souhaite garder la fraîcheur à l’intérieur et empêcher la chaleur excessive de s’immiscer dans le logement. Or, quand on échange avec les représentants des grandes marques d’isolants, tous matériaux confondus, chacun indique que ses produits sont aussi performants en hiver qu’en été et que les arguments liés à l’inertie et au déphasage peuvent, pour certains d’entre eux, faire toute la différence.

Inertie et déphasage

Alors comment se faire une réelle opinion par rapport à tous ces discours qui peuvent déstabiliser les professionnels quand il s’agit de choisir l’isolant le plus adapté à certaines contraintes, ou à trouver le plus polyvalent. Pour cela, nous nous sommes adressés à un bureau d’études ayant pignon sur rue, le cabinet Pouget Consultants en la personne de Rodrigue Leclech, responsable du pôle Construction. Selon lui, « aucune étude précise ne détermine réellement si un matériau isolant est notoirement plus performant que l’autre pour le confort d’été. Et quand on parle d’inertie, celle-ci peut être contre-productive lors des canicules prolongées, lorsque la nuit, le bâtiment continue à évacuer le surplus de chaleur accumulée pendant la journée, sans pouvoir réellement se refroidir lors de la période nocturne ». Pour limiter ce phénomène de saturation, il est nécessaire de refroidir les structures lourdes du bâtiment pendant la nuit (dalles, refends…) en favorisant un rafraîchissement accéléré pendant la nuit.Néanmoins, dans ce cas de figure, un bâtiment disposant d’une faible inertie sera plus performant car il pourra se refroidir plus efficacement pendant la nuit, où la température baisse sensiblement.Pour appréhender de manière plus efficace cette préoccupation qui ira croissante avec les années, la nouvelle réglementation (RE 2020) pourrait modifier certains moteurs de calculs. « En lieu et place du l’actuelle TIC (température intérieure conventionnelle) qui ne tient pas réellement compte des contraintes liées au confort d’été, le législateur étudie la possibilité de la remplacer par la “Dies” pour durée d’inconfort d’été statistique », explique encore Rodrigue Leclech. Ce paramètre, actuellement en test au sein du CSTB, fera intervenir diverses notions, encore à l’étude, mettant en évidence la nécessaire adaptabilité des us et coutumes d’une région à l’autre.

[CHALEUR ESTIVALE] L’ennemi est aussi à l’intérieur

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Une des limites de la RT 2012 en termes de confort d’été tient contradictoirement au fait que ces logements très étanches et parfaitement isolés sont très sensibles aux importantes variations des températures. En effet, quand la chaleur y pénètre, il est très difficile de la dissiper rapidement. Et le fait de favoriser les apports solaires (obligation de disposer d’1/6e de baies vitrées par rapport à la surface habitable), favorise encore la montée en température du logement en période de canicule. Ceci est vrai même lorsqu’il y a d’excellentes occultations, et aussi bien au nord qu’au sud. Malheureusement, l’impact sur l’élévation de température du peu d’énergie ainsi transféré est majeur. La chaleur dégagée par les occupants constitue l’un des apports internes. Mais comme un bâtiment est d’abord fait pour être occupé, il n’y a bien sûr aucun moyen d’action contre ces apports. Il faut en revanche bien les évaluer afin de les prendre en compte de manière précise dans les calculs. Les autres apports proviennent de tous les équipements électriques, qu’ils soient domestiques ou rattachés aux parties communes dans les bâtiments collectifs. Ces apports sont susceptibles d’augmenter la température intérieure, en permanence, de plus de 4°C par rapport à la température extérieure. Mais il apparaît aussi que la moitié de cette augmentation de température est due aux appareils électrodomestiques. Pour améliorer le confort d’été dans les logements, et les bâtiments en général, il faut donc commencer par réduire le phénomène perturbateur, ce qui implique de réduire au minimum tous les apports liés au matériel électrique d’une part, mais aussi l’ensemble des apports dus au transfert de chaleur par les parois les plus fragiles (vitrages) depuis l’extérieur vers l’intérieur. En logements collectifs, il existe une autre source de pathologie qui pourrait rapidement être assimilée à une erreur de conception : il s’agit de la distribution d’eau chaude sanitaire en gaine palière, puis dans la dalle, soit en monotube, soit en réseau bouclé, jusqu’à chaque logement. On a alors un véritable plancher chauffant qui libère une très grande quantité de chaleur en été dans les parties communes et à l’entrée des logements.

[ÉVACUATION DE LA CHALEUR] Ventiler, rafraîchir ou refroidir ?

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La façon la plus simple de baisser la température intérieure d’un logement est d’ouvrir les fenêtres pendant la nuit. Les calculs liés à la modélisation dynamique montrent qu’avec un débit compris entre 3 et 5 vol./h (facilement obtenu par l’ouverture d’un seul vantail à chaque fenêtre), le confort d’été est parfaitement gérable et permet d’éviter toutes les périodes de surchauffe trop longues. C’est donc la solution qu’il faut systématiquement envisager, chaque fois que c’est possible. Bien sûr, il faudra expliquer aux usagers la nécessité de cette pratique quotidienne. Toutefois, cette solution simple et bon marché n’est pas toujours réalisable. Il en est ainsi dans les bâtiments de bureaux ou bien dans les logements en rez-de-chaussée, ou même en étage, lorsque l’immeuble est situé sur un carrefour ou sur une voie de circulation bruyante. Il sera alors nécessaire, soit de sécuriser les ouvertures, soit de mettre en œuvre d’autres solutions comme la surventilation mécanique. Mais ce dernier moyen ne s’obtient qu’avec une installation performante et suffisamment dimensionnée. L’autre solution consiste en l’installation d’un système de climatisation qui connaît un grand succès ces 5 dernières années. Si le confort apporté est indéniable, sa généralisation n’est malheureusement pas souhaitée car cette solution est extrêmement énergivore. Mieux vaut lui préférer, quand c’est possible, le rafraîchissement via une boucle d’eau ou un puits canadien en sous-sol qui permettent de gagner 3° voire 5C. Cette baisse serait largement suffisante pour ressentir un meilleur bien-être car si essayer de dormir par 28°C est loin d’être évident pour la majorité des personnes, trouver le sommeil par 25 ou 23°C est beaucoup plus facile et ce, tout en préservant les ressources et l’environnement.
Jérémy Becam
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