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[DOSSIER] EPDM, la solution d’étanchéité pour demain ?

Jérémy Becam
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L’arrivée des membranes synthétiques a bousculé les habitudes des artisans couvreurs. En France, le marché reste dominé par le bitume mais l’EPDM connaît un succès croissant, à l’image de ce qui s’est passé en Belgique. Zoom sur cette technologie de membrane aux multiples avantages.
L’EPDM (pour éthylène-propylène-diène monomère) est-il un matériau idéal pour l’étanchéité des toitures plates ? Les industriels disent de lui qu’il est résistant mécaniquement, durable dans le temps, recyclable et que sa pose est aisée. Pourtant, cette solution est encore peu courante en France, où elle est arrivée vers le milieu des années 2000 et dont le marché est encore largement dominé par le bitume (73 %). Les membranes polymères synthétiques représentent aujourd’hui environ 25 % de parts de marché. Mais au sein de segment, l’EPDM n’arrive qu’après d’autres technologies, comme le PVC, le FPO/TPO ou l’EVA/EVB/CPE.Les spécialistes de l’EPDM avancent le chiffre de « plus de 1,5 milliard de mètres carrés » de systèmes d’étanchéité posés depuis les années 1980. Dans le document technique d’application du Firestone RubberGard, on apprend que 550 000 m2 de systèmes en indépendance ont été installés entre 2012 et début 2019. Mais en franchissant la frontière belge, la situation est toute autre. Cécile Roland (VM Building Solutions) note : « Au cours des 10 dernières années, la Belgique – marché précurseur en la matière en Europe – est passée de 80 % d’utilisation du bitume et 20 % de membranes synthétiques à une répartition 60/40. En France, sur un volume total d’étanchéité en toiture plate estimé à près de 28 millions de m2 annuels, la part des membranes EPDM est en forte croissance ». Chez Firestone, la confiance dans le procédé est la même : « L’EPDM est en forte croissance partout, excepté dans les marchés saturés : +5,4 % par an entre 2016 et 2021 ». L’industriel nippo-américain estime que le potentiel de croissance est important sur le marché français, de l’ordre de +9 % par an sur la même période. « Le bitume est perçu comme une solution du passé par la nouvelle génération », peut-on lire dans une présentation.

Une solution sans problème et sans entretien

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Et il est vrai que la membrane élastique fait preuve de nombreuses qualités. Sa durée de vie tout d’abord, estimée à 50 ans, est aussi longue que celle des bâtiments. Les premières membranes posées à l’aéroport de Chicago (États-Unis) dans les années 1960 présentent encore une excellente élasticité et une bonne étanchéité. Le caoutchouc synthétique ne s’oxyde pas et ne vieillit pas exposé aux rayons UV, notamment grâce à l’ajout de noir de carbone. Il résiste aux intempéries et aux variations de températures, toujours grâce à cette grande capacité d’étirement qui lui permet de suivre les mouvements du support sans se déchirer. Corollaire, l’EPDM suit la géométrie des lieux et peut s’adapter à de nombreuses surfaces : en neuf ou en rénovation, la membrane se pose directement, avec ou sans isolant, par-dessus du bois, du béton, du zinc ou de l’acier. Seules les pierres poreuses, susceptibles de garder de l’humidité, sont déconseillées comme support.Second avantage de l’éthylène-propylène-diène monomère, il se pose rapidement. Les membranes légères sont faciles à manipuler pour un ou deux hommes malgré des nappes de grandes dimensions. Peu de matériel est nécessaire : ciseau, rouleau à maroufler, craie et mètre. « L’EPDM se pose sans découpes au pied des relevés car la membrane les englobe, contrairement à d’autres matériaux d’étanchéité sur lesquels il faut poser une équerre de renfort pour fixer les contours », souligne Franck Delalande, responsable secteur chez VM Building Solutions. Le produit se pose à froid, sans chalumeau et donc sans risque d’incendie. Uniques contraintes : stocker la membrane au sec et à l’abri du gel, la mettre en œuvre par temps sec (température d’au moins +5 °C) sur un support propre, et ne pas utiliser d’hydrocarbures (essences ou huiles). Firestone estime que le système en adhérence représente 65 % du marché, loin devant le système lesté sous gravier et le système à fixation mécanique.

L’amie de la construction verte

Autre particularité, la membrane est respirante : elle laisse échapper la vapeur d’eau tout en empêchant l’eau de traverser. Ce phénomène permet de limiter la formation de cloques à sa surface. Écoresponsable, l’EPDM autorise la récupération d’eau de pluie à des fins d’arrosage par exemple. La membrane vulcanisée, conçue sans solvant ni chlore, n’émet pas de COV et ne subit aucune transformation chimique après sa pose. De plus, elle est recyclable en fin de vie. Cécile Roland de VM Building Solutions, conclut : « La membrane EPDM s’impose désormais comme une alternative pertinente et un rapport qualité/prix particulièrement compétitif. Son emploi va de pair avec un changement des mentalités et des us et coutumes que nous soutenons via d’ambitieux programmes de formation et d’assistance technique ».

[CHANTIER] Une membrane qui lui va comme à Gand

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Le magasin Decathlon de Gand (Belgique) s’est installé dans un bâtiment industriel de 1922, classé au Patrimoine national. L’édifice signé Dierkens, en briques rouges et toiture shed, abritait initialement une filature de coton. Pour sa rénovation en 2015, l’étancheur Tectum Dekkers a prescrit une membrane EPDM : une solution légère et sans risque d’incendie (puisque sans flamme) permettant de préserver la charpente en bois. Après la dépose de l’ancienne étanchéité en bitume, 4 000 m² de nappes ont été mis en œuvre avec adhérence totale, dont 100 m² végétalisés à l’aplomb de l’entrée du magasin. Firestone explique : « Il a suffi à l’étancheur de dérouler le rouleau de membrane à l’endroit exact où elle devait être posée, de relever un côté pour l’encollage, puis de le rabattre sur le toit pour la fixation. Il a effectué la même tâche sur le second côté. Cette technique garantit une pose confortable, rapide et sans aucune perforation. Les grandes dimensions (30,50 x 5,08 m) réduisent le nombre de joints total sur le chantier, renforçant le gain de temps ». La souplesse du matériau épouse les ondulations de la toiture et sa résistance mécanique évite la pénétration des racines. L’étanchéité a été conjuguée à la pose d’isolant polyuréthane de 11 cm d’épaisseur, lui aussi léger et performant.

[QUALITE ENVIRONNEMENTALE] Une réserve naturelle emballée par l’EPDM

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En 2015, la réserve naturelle Het Zwin lance un concours d’architecture pour la conception d’un nouveau bâtiment pour accueillir le public, avec billetterie, espaces d’exposition, cafétéria, salles de conférences et poste d’observation du parc en terrasse. L’agence Coussée & Goris Architecten remporte le concours avec une proposition aux formes épurées, à la couleur sombre et à forte valeur écologique, bardée de sapin Douglas. « Il ne cherche pas à se fondre dans le paysage mais plutôt à créer une distance entre l’ouvrage et son environnement. Son rythme vertical contraste avec l’horizontalité des volumes architecturaux », fait savoir la notice. Pour la toiture, la membrane EPDM a été choisie pour réduire l’empreinte carbone globale du projet : compatible avec la végétalisation, elle permet de récupérer les eaux pluviales pour une utilisation en interne. Cette étanchéité est couplée à une isolation polyuréthane visant à limiter les variations de température au cœur du bâtiment et ainsi réaliser des économies de chauffage ou de climatisation selon les saisons. L’édifice a obtenu le label international Breeam.

[INTERVENTION SUR OUVRAGE D'ART] Le fort Saint-Jean sauvé des eaux de pluie

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La société Sud Isol Étanche a opté pour l’EPDM sur le chantier de rénovation de 600 m2 d’une annexe du MuCEM. Christophe Gurrere, le P-dg, dévoile : « La surface n’était pas simple à traiter car elle était vallonnée et comportait des voutes en pierre ». Le chef d’entreprise, qui a participé à l’intervention avec un de ses salariés, souligne la facilité de pose et l’absence de désagréments. Il conclut : « À la livraison du chantier de Marseille, la société qui m’a vendu l’EPDM m’a délivré un certificat de mise en œuvre conforme, me permettant d’être référencé comme étancheur sur ouvrage d’art. C’est une vitrine exceptionnelle pour nous ! Désormais, grâce à l’EPDM, les projets de grandes surfaces de 5 000 à 10 000 m² nous sont accessibles car ce matériau se poste vite et avec peu d’artisans ». Le fort Saint-Jean abrite des ateliers et expositions permanentes, ainsi que l’Institut méditerranéen des métiers du patrimoine (I2MP). Il est relié par une impressionnante passerelle de 130 mètres de long au bâtiment de béton signé Rudy Ricciotti, implanté sur le môle J4.
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Jérémy Becam
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