[1/2] Réno’ énergétique : vos armes pour y aller… franco !

Stéphane Vigliandi
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Vos métiers à l'heure de la rénovation - Zepros Quo #13.

Tandis que le gouvernement veut éradiquer les 5,2 millions de passoires thermiques d’ici à 2028 et érige la rénovation énergétique comme l’un des leviers pour que le pays soit neutre en CO2 en 2050, fabricants et négoces font évoluer leurs catalogues en adaptent leurs offres. Outillage, domotique, EPI… : tour d’horizon.

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À Bercy, « la rénovation énergétique sera l’une des priorités du budget 2023 », tout comme la lutte contre la précarité énergétique. Lors d’un déplacement le 6 septembre à Trappes dans les Yvelines, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a en effet annoncé un effort d’investissement supplémentaire de l’État en faveur de la rénovation énergétique dans un contexte de flambée des prix de l’énergie.

À la suite de la crise Covid, le gouvernement avait déjà débloqué une enveloppe de 6,7 Md€ sur 2021-2022 dédiée à la rénovation énergétique des bâtiments. Avec des date butoirs ciblant les bailleurs : en 2025, il faudra avoir effectué des travaux dans les logements étiquetés G, puis en 2028 pour ceux classés F.

Mi-septembre, dans les colonnes du quotidien Le Monde, l’Union nationale de la propriété immobilière (UNPI) s’alarmait : « Tous les logements classés E ou plus devront être retirés du marché de la location à l’horizon 2034. Nous avons donc douze ans pour faire les rénovations et, si nous n’y arrivons pas, la moitié du parc de logements privés ne sera plus louable ».

Un cadre réglementaire renforcé

Promulguée le 22 août 2021, la loi Climat et Résilience a introduit la notion de « rénovation performante » dans le Code de la construction et de l’habitation. Principal débouché des artisans, l’amélioration thermique des logements capte d’ailleurs aujourd’hui environ 70 % de leur activité en volume dont près des deux-tiers pour les seuls travaux liés à l’enveloppe du bâtiment.

N’empêche. Si 644 000 ménages ont déposé l’an passé un dossier auprès de l’Anah, seules quelque 60 000 rénovations énergétiques globales ont été réalisées sur l’année. Et dès l’an prochain, l’attribution de l’aide fiscale MaPrimeRénov’ (décret du 23 juillet 2022) aux propriétaires occupants, ainsi qu’aux copropriétés et bailleurs sera conditionnée à l’accompagnement obligatoire d’un professionnel “Mon accompagnateur Rénov’” : assistant à maîtrise d’ouvrage, opérateur agréé par l’État ou désigné par une collectivité locale.

14 Md€ par an
Selon la FBB, c’est le marché potentiel de la rénovation énergétique jusqu’en 2050.

S’adapter encore et encore

Face à ce nouveau cadre fixé par le gouvernement, une large porte s’ouvre encore plus aux artisans dont le vaste domaine de la domotique : l’une des clés pour optimiser la performance thermique des logements. Souvent couplé aux systèmes de pilotage à distance, le secteur du contrôle d’accès a déjà commencé à faire sa révolution.

Déjà utilisée en tertiaire, dans l’industrie ou la logistique, la serrure biométrique fera-t-elle son entrée dans le résidentiel ? Modes d’accès (code PIN, Bluetooth, keycard, RFID) et protocoles de communication évoluent à côté de l’historique KNX. En mai, l’ISE de Barcelone a entre autres mis en exergue les futurs produits dotés du protocole Matter et communiquant via n’importe quelle appli.

En quincaillerie de bâtiment, les connecteurs métalliques low tech devraient révolutionner la construction bois. En matière d’ITE, Sto par exemple a lancé à la rentrée Sto’n’Go : plus de 300 produits pensés pour les travaux en maison individuelle, mais aussi une cellule dédiée à l’obtention des CEE. Enfin, outre les bons EPI, les robots s’invitent dans la boîte à outils pour rénover sans risque de TMS. Dossier réalisé par Jérémy Becam et Stéphane Vigliandi

Chiffres clés
• 55 000
 emplois créés qu’a prévu l’État sur 2021-2022 grâce à la rénovation énergétique. (Source : ministère de la transition énergétique)
• 25 k€ C’est le coût moyen de la rénovation énergétique globale d’un logement.
• 4 793 demandes de subvention Échafaudage+, soit 29 M€ d’aide. (Source : Assurance Maladie/RP)

CÔTÉ EPI • Des habitudes à ancrer dans les mentalités

Produits chimiques, déchets dangereux (résidus, emballages souillés…), vapeurs de gaz ou de poussières, outils coupants (cutter, massicot, couteau, ciseaux...) : leur exposition ou leur utilisation peuvent s’avérer parfois dangereuses. Et c’est sans compter sur les positions inconfortables (à genou, sur la pointe des pieds, dos courbé…).

Quel que soit le type de travaux d’entretien-réhabilitation ou qu’il s’agit de chantiers de rénovation énergétique, quel que soit le lot traité, artisans et compagnons doivent absolument de porter six EPI appropriés pour éviter tout accident avec arrêt de travail (AT). Leur rôle est, bien sûr, d’effectuer les travaux en toute sécurité comme le recommande l’OPPBTP. Et éviter de venir gonfler, le cas échéant, les statistiques de l’accidentologie dans le Bâtiment.

Si les alertes postées sur son compte Twitter dépassent la seule filière du BTP, Matthieu Lépine, professeur d’histoire dans un collège à Montreuil (Seine-Saint-Denis), recense au fil de l’eau les accidents du travail. En amorce de son blog, il y a même inscrit « Accidents du travail : silence les ouvriers meurent » !

Lors de la Semaine de la prévention dans le BTP qu’a organisée fin mars la Fédération française du bâtiment (FFB), l’édition 2022 a passé au crible trois thèmes majeurs : les risques de chutes de hauteur et de plain-pied, chimiques et liés aux poussières, et ceux liés aux TMS et à la manutention manuelle. Avec l’objectif de « sensibiliser les pros aux risques professionnels du BTP et leur apporter des solutions concrètes de prévention ».

Halte aux AT !

En avril 2021, l’INRS (Institut national de recherche et de sécurité) a d’ailleurs publié un Guide d’enquête d’un accident du travail. Le but est d’« agir à la suite d’un accident du travail […] pour permettre de mettre en place des actions correctives […] ; ce recueil devant se faire le plus tôt possible après l’accident ».

Pour la Sécurité sociale, « le BTP reste l’un des secteurs les plus sinistrés avec 56 AT pour 1 000 salariés » contre une moyenne d’environ 34 tous secteurs confondus. De son côté, l’INRS enfonce le clou : « Le BTP concentre près de 9 % des salariés du régime général. Il représente à lui seul environ 18 % des accidents avec AT et près de 30 % des décès. Ce constat mérite une analyse spécifique et suppose que les efforts de prévention soient poursuivis ».

À la Capeb et à la FFB, leur référent Prévention-Accessibilité ont pour habitude de dire que « ce doit être une priorité pour toutes les entreprises » pour « limiter les risques au maximum ». En clair, le dossier de la prévention doit être porté tous les jours, tant en rénovation qu’en neuf.

Plus question de dire que « souvent considéré comme métier dangereux, les accidents font partie de notre activité » ! Au risque que le juge de paix, l’Assurance-Maladie/Risques professionnels, sévisse. Dans son rapport 2022, elle rappelle que les préventeurs des caisses régionales ont effectués « directement 17 500 interventions sur des chantiers ».

Les 6 EPI indispensables

Pour réduire simplement et efficacement tout risque sur chantier, il convient de porter les bons équipements que ce soit pour la pose d’une ITE, de photovoltaïque en toiture et de réhabilitation fléchant les lots techniques.

• Protections auditives. Plusieurs solutions existent y compris pour… les grandes oreilles. Outre le confort de travail, elles ont un niveau de protection plus élevé. Les systèmes intra-auriculaires peuvent être portés avec un casque de sécurité.

• Protection des yeux. Souvent négligé, cet EPI permet de se prémunir lors de la manipulation de matériaux (débris…) et produits chimiques parfois très dangereux pour les yeux. Là aussi, elles peuvent s’utiliser avec le port d’un casque.

• Gants de protection. Selon la matière dont ils sont composés, ils assurent une protection maximale sans nuire la dextérité durant les travaux. Ceux doublés de Kevlar, par exemple, ont une forte résistance aux coupures.

• Masques respiratoires. Ils permettent de se prémunir contre les poussières en suspension (manipulation de matériaux, éventuels COV contenus encore dans certains produits…), certains équipements. Mais les masques anti-poussière standards ne protègent pas contre l’exposition à l’amiante (cas des chantiers de déconstruction des bâtiments datant d’avant 1997).

• Chaussures de sécurité. Elles doivent être adaptées selon l’intervention à réaliser. Les modèles avec embout acier assurent une protection contre la chute d’objets lourds sur les orteils.

• Vêtements de travail. Ils sont tout aussi importants : pantalons avec poches supplémentaires, renforts aux genoux et passants conçus pour les ceintures à outils ; blousons softshell déclinés pour hommes et femmes avec protection contre les intempéries et le froid. Utilisés jusqu’alors dans les TP et travaux de génie civils, les vêtements haute-visibilité sont de plus en plus préconisés pour les ouvriers du Bâtiment avec, entre autres, protection contre l’arc électrique.
 

Stéphane Vigliandi
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