[2/2] EPI : de la sécurité au confort d’usage, les défis à relever

Stéphane Vigliandi
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Plus que jamais, la santé et sécurité au travail sont “la” priorité dans le BTP. À force d’innovations pour s’adapter aux besoins, les EPI parviennent pas à pas à ne plus être perçus comme une contrainte. De la tête aux pieds, ces équipements participent largement au confort de travail des compagnons… en toute sécurité !

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Trois questions à… Thierry Toffoli, président de l’UNA-Capeb Maçonnerie Carrelage

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Thierry Toffoli, président de l’UNA-Capeb Maçonnerie Carrelage.

Zepros : Comment définiriez-vous un bon EPI ?

Thierry Toffoli : Un bon EPI est un équipement qui ne se sent pas. Il ne doit pas nous contraindre dans nos gestes et dans notre travail car le compagnon ne doit pas perdre en souplesse notamment. C’est pourquoi il est important que les fabricants du secteur travaillent en collaboration avec les artisans pour développer leurs produits.

Zepros : Êtes-vous satisfaits de l’offre actuelle ?

Th. T : S’il y a eu beaucoup de progrès ces dernières années, il est encore trop compliqué de trouver les EPI adaptés à notre activité. Je fais souvent le parallèle avec le monde du sport où les sportifs ont des équipements et vêtements adaptés à leurs besoins. Dans le Bâtiment, ce devrait être la même chose pour travailler de manière confortable… en toute sécurité ! Il faut vraiment aller vers plus de personnalisation.

Zepros : Sentez-vous une prise de conscience dans l’importance du port des EPI ?

Th. T. : Il y a en effet de bonnes habitudes qui se prennent. C’est aussi une question de génération. Parallèlement, les industriels ont réalisé des efforts sur le confort. Par exemple, les chaussures de sécurité sont plus agréables à porter. De plus, nous avons aujourd’hui des genouillères intégrées à nos pantalons : c’est un vrai “plus” ! Je fais le même constat à propos des bouchons d’oreille ajustables maintenant à chaque morphologie. L’acceptation des EPI passe réellement par du matériel adapté. À la Capeb, nous travaillons en ce sens. Propos recueillis par Franck Guidicelli

Réglementation • Obligations de l’employeur… et de l’employé

Dans toutes les entreprises du BTP, l’employeur a une obligation de sécurité à l’égard de ses salariés. La directive européenne 89/656 et l’article R233 du code du Travail détaillent les différentes mesures à prendre. Le port des EPI est obligatoire.

La Caisse nationale d’assurance maladie des travailleurs salariés (Cnam-TS) publie de nombreuses recommandations. Tout salarié qui s’y oppose, engage sa responsabilité en cas d’accident. En cas d’accident grave, le chef d’entreprise s’expose à des sanctions pouvant aller, dans le pire des scénarios (décès, invalidité définitive…), jusqu’à l’emprisonnement pour avoir manqué à ses obligations de prévention et de sécurité.

Sur leur lieu de travail, les compagnons se doivent d’utiliser les EPI conformément aux instructions (consignes ou règlements) et seulement dans le cadre de leur activité professionnelle. Ils doivent en respecter les conditions d’utilisation, de stockage et d’entretien. En cas d’équipements défectueux ou périmés, ils doivent le signaler à l’employeur ou au service RH.

Côté employeurs

Recenser tous les risques sur les lieux de travail et évaluer les niveaux de risque (article R.4121-1-1 du code du Travail).

Supprimer le risque déployant des moyens de protection collective et individuelle.

Choisir des EPI adaptés aux risques selon les spécificités métiers.

Informer les salariés sur les risques et conditions d’utilisation des EPI.

Les former et les entraîner à l’utilisation des EPI.

Mettre à leur disposition gratuitement les EPI à usage personnel indispensable à son métier (article R.4323-95 du code du Travail).

Veiller à ce que les employés portent les EPI.

Entretenir les EPI en état de conformité.

Faire vérifier périodiquement les EPI selon leur date limite d’utilisation.

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INRS, affiche EPI.
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INRS, affiche EPI.
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INRS, affiche EPI.
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OPPBTP, campagne "Travail en hauteur".

Utiliser les bons EPI • Trois classes selon les risques sur le chantier

Agressions mécaniques superficielles, risques intermédiaires et risques très graves : la réglementation distingue trois typologies d’équipement de protection des salariés selon l’environnement de travail. Le port des EPI doit être complété par des vêtements de travail adaptés (bleu de travail, vêtements à haute visibilité…). Ces équipement doivent être marqués CE avec l’année de fabrication et le numéro d’identification du laboratoire de contrôle agréé.

Catégorie I • Protéger contre les agressions superficielles tant mécaniques que chimiques ou physiques (vibrations, rayonnement solaire…). Seul le fabricant est responsable de la conformité de ses produits par rapport aux exigences européennes, dans le cadre d’une auto-certification.

Catégorie II • Assurer une protection plus élaborée contre des lésions graves susceptibles de mutiler le salarié. À l’instar des chaussures de sécurité (coques métalliques, anti-perforation…) et des gants anti-coupure et/ou anti-brûlure, ces EPI doivent protéger contre les risques intermédiaires. La conformité de l’EPI est évaluée et notifiée par un tiers indépendant.

Catégorie III • Protection contre des risques irréversibles ou mortels. Cette classe intègre les appareils de protection respiratoire et les solutions antichute (harnais, lignes de vie, baudriers, dégaines, mousquetons…). Depuis avril 2018, les protections auditives figurent dans cette liste. En revanche, les appareils de détection de gaz portable ne sont pas classés III. Ces EPI doivent être contrôlés avant chaque utilisation, et sont soumis à vérification et maintenance annuelle. Autre obligation : comme pour les deux autres classes, ils doivent « porter le marquage CE de façon lisible et indélébile », rappelle la DGCCRF.

Connectivité • La sécurité au travail en mode 2.0

À l’instar des outils électroportatifs, la nouvelle vague d’EPI surfe sur les technologies digitales. Toutes les familles sont peu ou prou concernées : des chaussures connectées envoyant une alerte en cas de chute d’objets lourds via un capteur de présence et un accéléromètre intégré, des casques connectés émettant un signal qu’un chauffeur d’engins (pelleteuses, chargeuses…) ne heurte pas un ouvrier, des DATI (dispositif d’assistance au travailleur isolé) connecté à une centrale de télésurveillance certifiée ou encore les boîtiers de sécurité ATEX pour les environnements explosifs (intervention sur canalisations de gaz…) et les bracelets intelligents pour se prémunir contre les coups de chaleur l’été. Autant d’innovations qui visent à anticiper les risques le plus en amont possible !

Stéphane Vigliandi
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