Hérige (bientôt) piloté par un défenseur du “green deal”

EN PHOTO • Polyglotte ayant réalisé jusqu’ici toute sa carrière dans l’industrie du Bâtiment – notamment en Chine, en Inde, en Allemagne, en Belgique et en Italie –, Benoît Hennaut agit aussi en manager “éclairé” sur les dossiers du développement durable et de l'économie circulaire. À Bruxelles en 1986, il avait effectué un stage à la Commission européenne pour plancher sur les politiques énergétiques. Dès la rentrée prochaine, il deviendra le nouveau numéro un du groupe multirégional Hérige.

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Avec le départ prochain d’Alain Marion, c’est un très long chapitre de l’histoire de l’ex-Groupe VM (Hérige) qui s'achève. Mi-2015, la modernisation du réseau de négoces multispécialistes VM (ex-VM Matériaux), c’est lui. L’impulsion d’une nouvelle feuille de route stratégique rédigée par Éric Rouet, l’actuel DG de l’enseigne, c’est aussi lui.

Les opérations de croissance externe du pôle « Infiniment Béton » d’Hérige, puis le coup d’accélérateur au sein d'Edycem, c’est encore lui. La mise en production des menuiseries AM-X et les investissements industriels ad hoc au sein de la filiale Atlantem, c’est toujours lui…

Qui ça, "lui" ? Alain Marion : le dirigeant a déjà passé six ans et un trimestre dans le fauteuil de président du directoire du Groupe Hérige, après avoir évolué durant vingt-sept ans au sein du réseau VM Matériaux : directeur administratif et financier, puis DG adjoint et, enfin, DG et directeur financier. Plutôt discret, jugé par beaucoup comme « un “gros” bosseur » et perçu par d’autres comme « profond dans son implication et sa hauteur de vue », Alain Marion aura largement contribué à transformer l’ex-Groupe VM fondé en 1907. Et, sans doute, le faire basculer dans… le XXIe siècle !

EN PHOTO • Actuel président du directoire d'Hérige, Alain Marion quittera définitivement son fauteuil de numéro un du groupe familial le 15 septembre prochain.

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Pour assurer la relève et écrire un nouveau chapitre, c'est donc un capitaine d'industrie qui va succéder à “l'homme de la transformation”.

Dans un communiqué publié en fin de journée, ce 6 juillet, Hérige annonce en effet « l’arrivée au sein du groupe de Benoît Hennaut qui prendra [la suite] dans les prochaines semaines ». Avant de lui remettre les clefs de la “maison VM” et faire valoir ses droits à la retraite, Alain Marion l’accompagnera jusqu’à la mi- septembre : date à laquelle débutera le mandat de son successeur. La prise de fonction officielle de Benoît Hennaut se fera dans le contexte “compliqué” de la crise sanitaire et de ses effets économiques collatéraux – la dette publique liée au Covid-19 ayant explosé pour se situer autour de … 40 000 € par habitant !

Une prise de fonction qui va aussi devoir prendre en compte les futures mesures qu’annoncera, dans les semaines à venir, la nouvelle ministre de la Transition écologique : Barbara Pompili. Avec son maroquin élargi au Logement et aux Transports, cette députée de la Somme (LaRem depuis 2017) a pour mission de “verdir” la politique du gouvernement Castex.

Passé, entre autres, par les rangs de la prestigieuse Insead (Fontainebleau) en 2002, Benoît Hennaut a quitté son précédent poste chez Aliaxis le 8 juin dernier. Évoquant entre autres « sa grande expérience et sa connaissance du secteur », Daniel Robin, le président du conseil de surveillance d’Hérige cité dans le communiqué, estime que ce sont là « des atouts précieux pour relever les défis futurs du groupe ».

À 59 ans, le nouveau numéro un du vendéen Hérige a passé toute sa carrière dans l’industrie du BTP : le marché du chauffage et de la climatisation (Ariston Thermo Group/Merloni) à partir de 1988 ; les filières de la couverture et de l’étanchéité (Lafarge Roofing, BMI Group/Groupe Monier, Groupe Aliaxis). Depuis 2013, il aura managé tour à tour Aliaxis Utilities & Industry (gestion de l’eau et de l’énergie), Nicoll International et la marque Girpi. Habitué à piloter les dossiers marketing, de performance, liés au développement et à l’innovation, ce polyglotte a travaillé notamment dans la zone Asie-Pacifique.

Spécialiste de l’atome après avoir suivi un cursus d’ingénieur nucléaire à Bruxelles, puis à l’Université catholique de Louvain (Belgique), Benoît Hennaut préside depuis six ans le Syndicat national des tubes et raccords en PVC (STR-PVC), ainsi que la Fédération de la plasturgie et des composites depuis avril 2018. Dans ces deux organisations professionnelles, il contribue entre autres à développer la collecte et le recyclage des déchets de production et des produits en fin de vie.

À ce titre, ce syndicaliste professionnel aura participé, entre autres, au comité de pilotage de la fameuse FREC : la Feuille de route pour l’économie circulaire. Chez Nicoll France qu’il dirigeait depuis fin 2013, Benoît Hennaut indiquait à l’automne dernier que « plus de 95 % de nos déchets plastiques sont déjà recyclés. En matière de production, nous allons franchir un saut quantique puisque nous allons commercialiser en janvier prochain une nouvelle gamme contenant 20 %* de matière recyclée contre 2 % à 3 % auparavant ». Jugé ardent promoteur de l’éco-conception et du réemploi, il est également membre du comité stratégique de l’AIMCC qui, durant le confinement, plaidait pour « un plan de relance massif, environnemental et social ». Reste à découvrir, au fil des prochains mois, quelle sera la “méthode Hennaut” dans ses nouvelles fonctions. Stéphane Vigliandi

* Il s'agit de la gamme Nicoll HomeTech (solutions de canalisation et de raccordements) présentée à Batimat 2019.