La base Inies alerte certains industriels sur un manque de fiches environnementales

Grégoire Noble
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[Zepros Bâti] La future réglementation environnementale 2020 s’appuiera sur l’analyse du cycle de vie des bâtiments et donc sur celle des produits de la construction qui les composent. Or, l’Alliance HQE-GBC pointe un manque de données pour certaines familles de produits.
Le cap des 2 000 données environnementales spécifiques vérifiées a été franchi. Lors de sa conférence annuelle sur la base Inies, l’Alliance HQE-GBC a révélé des progrès continus dans l’enrichissement des Fiches de données environnementales et sanitaires (FDES) pour les produits de la construction, des Profils Environnementaux Produits (PEP) pour les équipements électriques et climatiques, et des données conventionnelles de service pour la fourniture d’eau ou d’énergie. Toutes ces données, fournies volontairement par les fabricants, sont indispensables à l’établissement d’analyses du cycle de vie (ACV) des bâtiments. Emmanuel Acchiardi, sous-directeur de la DHUP, rappelle l’importance de la base Inies : « Elle rassemble à ce jour l’ensemble des données environnementales nécessaires à cette analyse et rend possible les transferts d’informations numérisés vers les logiciels d’évaluation ». Grâce à la mise en place de l’expérimentation E+C-, le nombre de fiches aurait été boosté avec précisément 1 374 FDES (+23,5 %) représentant 67 145 références commerciales, plus 647 PEP et une quarantaine de données conventionnelles. Mais en l’absence de données spécifiques, la base fournit des valeurs par défaut : 605 de ces valeurs de substitution sont encore utilisées.

Encore des trous dans la raquette


L’Alliance HQE-GBC signale : « Malgré la progression constante de la base Inies et une forte mobilisation des fabricants, les modélisateurs manquent encore de données environnementales pour certaines catégories de produits et d’équipements dans le cadre de l’ACV des bâtiments ». Elle publie donc une liste prioritaire de familles de produits et d’équipements dont les données font défaut. On retrouve pêle-mêle des chapes (flottantes, anhydrites, sèches), des colles (charpente, réparation), des produits d’étanchéité et d’imperméabilisation des murs enterrés, des éléments de menuiseries (portes, volets, stores, persiennes), d’autres de plomberie (éviers, lavabos, faïences) ou encore de ventilation/chauffage (gaines, conduits de fumisterie). Certains articles très spécifiques sont cités : escaliers en béton, petits éléments de maçonnerie en terre crue, bardages et revêtements en pierre naturelle ou ardoise, ou substrats pour toiture végétalisée... Du côté des systèmes électrifiés, les PEP manquent pour les ascensoristes et les installateurs de photovoltaïque (onduleurs, modules, compteurs électriques). Les gestionnaires de la base remarquent également l’absence de données sur les coudes et accessoires (circulateurs, robinets thermostatiques), les articles de diffusion d’air (bouches d’extraction, filtres) et les gaines techniques de logement. Les matériels d’éclairage (plafonniers, encastrés, luminaires) sont également sous-représentés.

Les fiches et profils environnementaux comportent 28 indicateurs différents, répartis en quatre familles : impacts, consommation des ressources, déchets et flux sortants. Ils regorgent donc d’informations utiles pour l’évaluation de l’économie circulaire des projets, tel l’épuisement des ressources non fossiles, l’utilisation de matières secondaires ou les possibilités de réemploi/recyclage voire de valorisation en énergie. Anne-Sophie Perrissin-Fabert, la directrice de l’Alliance HQE-GBC, conclut : « L’utilisation de ces informations est actuellement testée dans le cadre de travaux HQE Performance ‘économie circulaire’ autour de l’analyse des flux de matière. Elles s’avèreront sûrement utiles pour la mise en œuvre de l’article L.111-9 du code de la Construction qui vise à l’incorporation de matières issues du recyclage ». L’entrée en vigueur de la future RE 2020 – probablement en 2021 – qui fera une large part à la réduction des impacts environnementaux, devrait achever de convaincre les industriels de renseigner les FDES/PEP de leurs produits.

G.N.
Grégoire Noble
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