Rénovation énergétiques : OSCAR fait son bilan pour assurer son avenir

, mis à jour le 27/11/2025 à 16h12
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Oscar ATEE

Créé en 2022 dans le cadre des certificats d’économie d’énergie (CEE),le programme Oscar s’est donné pour mission de rendre lisibles et accessibles les aides à la rénovation énergétique pour les artisans et entreprises du bâtiment. L’ATEE qui coordonne le programme  a dressé avec les fédérations du Bâtiment et de la distribution partenaires un bilan et ouvert l'es échanges au cours d’une table ronde.

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Quatre ans sa création, quel bilan et enseignements tirés du programme Oscar ? Une question importante puisque ce dispositif dans sa forme actuelle doit s’arrêter fin 2025 et que les discussions sont en cours avec les pouvoirs publics sur sa prolongation. Ce qu’espèrent vivement les organisations professionnelles.

Un programme pour et par les Pros

Face à la complexité croissante des dispositifs nationaux et locaux, Oscar a été conçu comme un appui opérationnel destiné à aider les professionnels à comprendre, intégrer et utiliser les aides existantes dans leurs offres. Ainsi le programme assure d’une part la formation de Référents Aides à la Rénovation (RAR) issus des réseaux de distribution, des fédérations professionnelles et du dispositif France Rénov’ ; et d’autre part la diffusion de ces connaissances auprès des artisans, grâce à ces mêmes RAR qui interviennent au quotidien sur le terrain.
Le programme s’inscrit ainsi dans une logique collaborative. Sous la coordination de l’ATEE, Oscar réunit des acteurs très divers – ministère de la Transition écologique, Ademe, Anah, Capeb, FFB, Coédis, FDMC… – mais qui convergent vers une ambition commune : fluidifier l’accès aux aides pour booster la rénovation énergétique réalisée par les professionnels. 

4 190 RAR sur le terrain : un réseau devenu incontournable

En quatre ans, Oscar a bâti un maillage représentatif : 4 190 RAR formés partout dans l’Hexagone, des équipes Capeb et FFB présentes dans chaque département, et des RAR dans l’immense majorité des négoces.
Le résultat : 3815 actions de sensibilisation, 502 journées de formation,
35 600 pros accompagnés, et surtout une filière qui parle enfin un langage commun sur les aides.
Parallèlement, Oscar a développé une panoplie d’outils pratico-pratiques, mis gratuitement à disposition des professionnels. Parmi les plus utilisés, deux sont plébiscités : la base de données des produits éligibles CEE (12 000 références), et l’annuaire interactif des aides, qui agrège plus de 3 000 dispositifs nationaux et locaux. Le programme propose aussi un Chatbot, un mook thématique, des fiches pratiques et ateliers permettant de faire remonter les difficultés du terrain… 

Une expérimentation qui change la donne

Menée avec la Capeb et la FFB, l’expérimentation « accompagnateur pro » a confirmé le besoin d’un appui personnalisé. En offrant un soutien étape par étape pour les premières demandes d’aides, les RAR ont permis de valider plus de 900 dossiers, tout en améliorant significativement leur qualité et leurs délais de traitement. « Un tremplin vers l’autonomie salué » par ses fondateurs.

Quelle suite après 2025 ?

Le succès du programme nourrit aujourd’hui de fortes attentes. Les fédérations professionnelles militent pour une prolongation au-delà du 31 décembre 2025, arguant de la nécessité de consolider les outils existants, d’intensifier les actions du réseau de RAR et de pérenniser une dynamique collective désormais bien ancrée.
Les discussions sont en cours au sein des ministères, et un arbitrage est attendu dans les prochaines semaines. Pour l’heure, l’ensemble de la filière avance d’une seule voix : Oscar doit perdurer !

Table ronde : Bilan et perspectives

Lors d’une table ronde réunissant les acteurs clés du programme, le constat est unanime : Oscar a profondément structuré le paysage des aides à la rénovation et aidé la montée en compétence des artisans. Tous les intervenants désignent comme outil central la liste des produits éligibles, véritable boussole au milieu d’une offre souvent confuse. Mais l’efficacité des RAR sur le terrain est jugée tout aussi indispensable pour faire circuler l’information.
Jusqu’où aller dans le rôle des RAR ?
Le débat s’est animé autour d’une question : les RAR doivent-ils devenir des accélérateurs de marché ? : S’ils sont essentiels pour accompagner et sécuriser les démarches, tous s’accordent sur une limite : ils ne doivent pas devenir prescripteurs ou faiseurs de marché. Leur mission reste l’accompagnement, pas l’orientation commerciale.
En conclusion, un consensus fort se dégage : Capeb, FFB et réseaux de négoces réclament davantage d’actions communes sur les territoires, convaincus que c’est à cette échelle que se joue la réussite de la rénovation énergétique.
En clôture, le président de l’ATEE, Nicolas Fondraz, a rappelé que les discussions avec la DGEC restent trop rares pour donner de la visibilité sur la suite du programme. « C’est une fierté d’avoir porté Oscar, et je continuerai à défendre Oscar et Profeel. Mais c’est aussi aux organisations professionnelles de porter cette demande auprès des pouvoirs publics », a-t-il lancé, appelant la filière à maintenir la pression.
 

« Le mot clé, c’est simplification » – Marie Arnout (FDMC)
Pour la présidente de la FDMC, Oscar a apporté un langage commun à une filière souvent éclatée. « On partage enfin les mêmes repères et les mêmes outils », souligne-t-elle, évoquant un levier essentiel pour fluidifier les échanges avec les clients comme avec les partenaires professionnels.


« Compenser la complexité des CEE » – José Prétot (Coédis)
Chez Coédis, on rappelle que les CEE restent un dispositif ardu pour une petite entreprise. Les RAR ont permis de combler en partie cette difficulté mais peut-être faudrait-il aussi simplifier les CEE eux-mêmes. Par ailleurs ajoute José Prétot « Pour l’avenir, l’important n’est pas forcément d’augmenter le nombre de RAR mais de réfléchir à l’évolution de leurs missions Il faut des RAR plus outillés, plus visibles, plus offensifs. » Et de plaider parallèlement pour un meilleur fléchage des CEE vers les produits fabriqués en France ou en Europe, y voyant un levier concret de souveraineté.


« La transition énergétique se fera avec les petites entreprises » – CAPEB
Jean-Claude Rancurel, président de l'union des métiers plomberie-chauffage note que le programme a généré une véritable prise de conscience au sein de la filière. « Oscar a créé une dynamique. Même si les clients se désintéressent des aides, nos réseaux doivent continuer à monter en compétence. » La Capeb salue notamment l’expérimentation menée dans sept régions, avec 1 300 dossiers sécurisés grâce à l’accompagnement proposé.
 

« Éviter l’ubérisation » – FFB
Pascal Housset (UMGPCC-FFB) insiste : la distribution joue un rôle déterminant pour maintenir les artisans dans le jeu économique. « Sans appui, le marché leur échappe. C’est déjà le cas pour certaines PAC. Les RAR doivent devenir des leviers pour capter ces marchés, même hors dispositifs d’aides. »
Les deux organisations appellent par ailleurs à renforcer la coordination avec les instances locales, notamment les DREAL, là où se traitent les dossiers de rénovation lourde.
 

Journaliste depuis plus de 20 ans, Marie-Laure dirige les rédactions du Pôle Bâtiment de Zepros depuis 2014, pilotant contenus et événements autour des enjeux de transition écologique, numérique, réglementaire et d’innovation.
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