Le BTP interpellé par le chef de fil des urgentistes

Marie Laure Barriera
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Entre deux gardes, le docteur Christophe Prudhomme, porte-parole de l’Association des médecins urgentistes de France (Amuf) tente d’alerter les autorités sur la situation de l’accueil des malades du Covid-19 en France. Avec un objectif : privilégier la réouverture de services récemment fermés ou l’implantation rapide de constructions modulaires dans les cours d’hôpitaux. Il lance donc un appel au secteur de la construction et aux pouvoirs publics pour augmenter rapidement les capacités. Un collectif d'acteurs du hors-site a proposé une solution déployable en 6 semaines ...

Le porte-parole de l’Amuf se félicite de la bonne volonté et de la débrouillardise des Français pour fabriquer et fournir des équipements de protection maison, qu’il s’agisse de masques chirurgicaux lavables cousus main ou de visières de protection imprimées en 3D. Mais il insiste sur les conditions d’accueil des malades et du personnel soignant : « Les locaux sont à vérifier. Il faut les alimenter en fluides (eau, oxygène) et en électricité. Il faut vérifier que le chauffage fonctionne et remettre en service des postes de soins reliés à de la plomberie ». Interrogé sur les compétences des services techniques au sein des hôpitaux, il répond : « La réduction des effectifs s’est faite sur les services techniques. Tout est sous-traité de nos jours. Il nous reste quelques personnels comme des ingénieurs de travaux pour coordonner des interventions et des techniciens pour en faire quelques-unes en urgence. Mais il nous faut l’aide des entreprises du bâtiment ! ».

La construction modulaire répond à l'urgence
Le médecin donne l’exemple de locaux de soins et d’anciens blocs opératoires qui pourraient être transformés en salles de réanimation. Il estime qu’à l’Hôtel-Dieu, où demeurent encore quelques activités d’accueil des urgences et de biologie médicale, il serait ainsi possible de créer entre 50 et 100 lits supplémentaires. « Et il est situé en plein cœur de Paris, ce qui limiterait le temps de transport nécessaire », ajoute-t-il. Christophe Prudhomme demande également, là où c’est possible, d’implanter des constructions modulaires : « Le montage de trois tentes en une semaine par l’armée à Mulhouse c’est affligeant. En Alsace c’est un climat continental, or ces tentes sont chauffées par soufflerie. Ce n’est pas l’idéal au niveau des patients et de la diffusion du virus. Ce sont des hôpitaux de campagne, conçus pour répondre à des catastrophes ponctuelles, pour 24 heures, pas pour des séjours de plusieurs semaines ! ».

Alimentation en eau, équipements sanitaires
L
e porte-parole de l’Amuf milite pour l’emploi de structures temporaires en dur, « avec une vraie alimentation en eau, des sanitaires, des points d’eau et des évacuations correctes, des fluides gainés qui ne traînent pas parterre… De plus ces bâtiments peuvent être raccordés au chauffage des hôpitaux ». Selon l’urgentiste, un bâtiment modulaire de 300 ou 500 m² aurait pu être monté dans le Bas-Rhin dans un délai aussi court, capable d’accueillir soit des malades en réanimation, soit des patients en sortie post-réanimation afin de libérer des lits à l’intérieur de l’établissement. Il donne un exemple concret, celui du SAMU93 qui fait assembler une telle structure lors du Salon du Bourget, tous les deux ans : « Pour la sécurité face au risque de crash d’avion en démonstration ou d’attentat, nous avons une capacité de 10 lits de réanimation, très facilement ». Selon Christophe Prudhomme, l’exemple chinois des hôpitaux montés en quelques jours pourrait même être imité : « Tout est possible. Il faut mobiliser les moyens de l’industrie. La stratégie à Wuhan a été d’augmenter brutalement les capacités hospitalières pour éviter les transferts de patients ». D’après lui, il ne resterait aux autorités qu'à donner leur feu vert. (Entretien recueilli par Grégoire Noble)

Marie Laure Barriera
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