Le retrait-gonflement des argiles, un risque à maîtriser absolument

Grégoire Noble
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[Zepros Bâti] Depuis le 1er janvier 2020, la réalisation d’études de sol a été rendue obligatoire préalablement à la construction de maisons individuelles sur près de la moitié du territoire métropolitain exposée au phénomène de retrait-gonflement des sols argileux. Ce risque, jusque-là mal maîtrisé, va aller en s’amplifiant avec le changement climatique.

En l’espace de 20 ans, le phénomène de retrait-gonflement des argiles est devenu la 2e cause d’indemnisation après les inondations. Il représente aujourd’hui 38 % des coûts d’indemnisation du dispositif « catastrophes naturelles » soit 9 milliards d’euros d’indemnisation entre les années 1990 et 2014. Pour les maisons individuelles, c’est également le principal poste d’indemnisation au titre de l’assurance dommage-ouvrage. Car ces ouvrages, moins rigides et reposant sur des fondations superficielles, y sont plus sensibles. Pendant les phénomènes de sécheresse, le déficit en eau entraîne un tassement irrégulier des sols. Un apport d’eau produira, à l’inverse, un gonflement. Des mouvements de surface qui entraînent des fissurations des façades voire des détachements d’éléments jointifs à la construction (garages, terrasses, perrons). Des déformations des cadres de portes et fenêtres peuvent également être constatées, tout comme des dislocations de dallages voir des ruptures de canalisations enterrées.

Comme le rappelle Ginger CEBTP sur son blog www.over-view.fr, la loi Elan rend désormais obligatoire la réalisation d’études géotechniques aux vendeurs de terrains non bâtis destinés à la construction de maisons individuelles. Environ 48 % du territoire français est soumis à un aléa moyen ou fort de retrait-gonflement des argiles. Le bureau d’études spécialisé souligne : « Si le contenu des études reste à préciser dans un 2nd décret à paraître d’ici à la fin de l’année, il devrait s’agir, pour le vendeur du terrain, d’un étude géotechnique préalable de niveau G1 Principes Généraux de Construction selon la norme NF P94-500 ». Cette dernière comporte deux phases : une étude du site, avec recensement documentaire et première visite, puis une étape précisant le contexte géologique du projet, qui permet d’écarter les risques majeurs et apporte une information sur la zone d’influence géologique, les niveaux de sols porteurs et les principes généraux envisageables. Pour le constructeur de la future maison, une étude géotechnique de conception G2 serait, selon Ginger CEBTP, a priori requise. Cette dernière se base sur l’étude préalable G1 et définit les caractéristiques nécessaires des ouvrages, en les dimensionnant.

Les dispositions constructives à prendre

Par exemple, la profondeur des fondations devra être au moins égale à celle imposées par la mise hors-gel, soit 80 cm en zone d’aléa faible ou moyen et 120 cm en zone d’aléa fort. La construction d’un vide-sanitaire ou d’un sous-sol généralisé serait préférable à celle d’un simple dallage sur terre-plein. Les corps de bâtiments indépendants, y compris les extensions, devront être désolidarisés par un joint de rupture. Un soin particulier sera apporté aux chaînages, horizontaux et verticaux. De même, la présence en sous-sol d’une chaudière, qui risquerait d’aggraver la dessiccation du sol, sera prise en compte en isolant thermiquement les murs périphériques. Les plantations d’arbres et d’arbustes à proximité de l’habitation sera soumise à l’interposition d’un écran anti-racines de grande profondeur (2 mètres). Un écran imperméable, placé sous les dallages périphériques sur une largeur de 1,5 mètre, sera également requis contre l’évaporation aux abords de la maison, tandis que le drainage des eaux pluviales devra être effectué plus loin. C’est donc toute la conception des aménagements extérieurs et de la construction en elle-même qui sera impactée. Des informations à ne pas négliger alors que les événements climatiques intenses, inondations et sécheresses, devraient se multiplier à l’avenir...

G.N.

Grégoire Noble
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