[Négoce Sanitaire & Chauffage] Un marché toujours fluide en 2019... Avant "la" panne fin 2020 ?

Stéphane Vigliandi
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EN PHOTO • D'après l'édition 2020 de l'Observatoire économique de la Fnas, les négoces spécialisés en sanitaire-chauffage-plomberie ont enregistré un exercice 2019 à nouveau en croissance. Les ventes au comptoir et dans les showrooms ont augmenté au total de +4,8 % en 2019. Mais d'un univers métier à l'autre, d'une famille de produits à l'autre, de très fortes disparités persistent. Si l'activité Chauffage reste en tête, elle a évolué dans les mêmes eaux dans les rayons Sanitaire et Plomberie.

[Zepros Négoce] Selon les chiffres 2019 enregistrés par les grossistes en sanitaire, chauffage et plomberie, la filière a continué de bénéficier d’une conjoncture sectorielle globalement solide l’an passé. États des lieux et principales statistiques à l’issue de la publication de la 18e édition de l’Observatoire de la Fnas.

Même déconfinés, les 200 adhérents de la Fnas (Fédération française des négociants en appareils sanitaires, chauffage, climatisation et canalisations) et les 44 membres associés industriels de la filière auront dû se contenter, cette année, d’une diffusion “confinée” de l’Observatoire économique de la filière*. Réalisé tous les ans en tandem avec l’Observatoire national des travaux et services liés au BTP (ONTS-BTP), ce traditionnel exercice de style livre une photographie relativement conforme aux réalités du marché et de l’activité des réseaux de négoces spécialisés en sanitaire et chauffage. En raison de la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19, la convention annuelle 2020 de la fédération durant laquelle ces chiffres devaient être dévoilés, a dû être reportée à 2021 – au lieu de se tenir ce 28 mai à Paris.

C’est donc, finalement, par visio-conférence que les experts des deux organisations professionnelles ont pu, le 30 juin, présenter, détailler et analyser les résultats de l’opus 2020. Cette photographie – déclinée en trois univers métiers : le sanitaire, le chauffage et la plomberie – aurait pu d’ailleurs être sous-titrée ou s’intitulée… “Jusqu’ici, tout va bien !”. Dans les grandes masses, l’Observatoire économique de la Fnas constate qu’en 2019, l’ensemble des achats pour l’approvisionnement des distributeurs BtoB spécialisées en second œuvre technique a représenté une valeur Achats de 4,2 Md€ HT (hors autres activités connexes comme l’électricité, le carrelage, la fourniture industrielle ou les aciers). Comparée à 2018, l’activité s’est affichée en hausse de +7,4 % (en valeur). De leurs côtés, les ventes aux clients (professionnels et particuliers) ont encore bondi de +5,3 % (en valeur) chez les distributeurs membres de la Fnas. Désormais, reste à savoir si la crise sanitaire du coronavirus va remettre en cause ou pas la relative bonne santé de la filière du génie climatique. Et, le cas échéant, dans quelles mesures… Dans leur dernière note de conjoncture, le 30 juin dernier, la FFB et son nouveau président Olivier Salleron ont sans doute donné un avant-goût de l’ampleur de la crise qui menace le Bâtiment. Avec de premiers effets tangibles liés à la crise sanitaire, les prévisions 2020 ont été revues très largement à la baisse : à hauteur de -17,7 % sur l’année pour l’ensemble de la filière dont -18,6 % pour le logement neuf et -16,7 % sur le segment de l’amélioration-entretien en résidentiel. À moins que… En intégrant le Logement au ministère de la Transition écologique, le gouvernement Castex 1 compte parmi ses missions celle de “verdir” un peu plus les politiques de la ville, du logement et des mobilités durables. Stéphane Vigliandi

* in. “Analyse structurelle 2019 des achats de matériel Sanitaire-Chauffage-Plomberie” (Fnas/ONTS-BTP, mai 2020). En 2013, la Fnas et l’ONTS-BTP avaient amélioré leur étude annuelle en menant « un important travail de mise à jour des nomenclatures » afin de « prendre en compte les évolutions du marché » en termes d’innovations et de solutions techniques.

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1 • L’univers du SANITAIRE

Les achats des négoces spécialisés progressent à nouveau de +4,2 % (en valeur) à un peu plus de 1,270 Md€ HT (vs 1,219 Md€ en 2018).

Les ventes ont, elles aussi, augmenté de +4,8 % (en valeur). Selon la Fnas et l’ONTS-BTP, cela démontre que « le mouvement de déstockage de l’an passé est donc bien moins marqué ». Autrement dit, la logique de stocks de sécurité est revenue, d’une certaine manière, à un peu plus de raison dans un contexte où le marché des logements neufs – environ 410 000 mises en chantier en 2019 – a chuté de -1 % l’an dernier, dont -5 % sur le segment du collectif en raison d’un plongeon de la commande HLM.

Par grandes familles de produits, le secteur continue de faire l’objet d’une « relative concentration du marché des achats sanitaires » autour de deux familles : les offres Céramique et Robinetterie représentent désormais 57% des achats (en valeur). Selon l’Observatoire, ce mouvement de fond permet, en partie, de « “rattraper” des conjonctures fortement négatives comme, par exemple, celle du segment balnéothérapie [à -5,2 %] » qui, dorénavant, ne capte plus qu’un tout petit 1 % du marché.

Extrêmement exposé et bataillé depuis bientôt dix ans sur le front tarifaire (démocratisation des MDD, concurrence renforcée des GSB, essor des pure players et marketplaces comme l'allemand Reuter ou le lyonnais Warmango, etc.), l’univers de la robinetterie sanitaire (32 % de l’activité des distributeurs en 2019) continue de plutôt bien tirer son épingle du jeu dans les enseignes BtoB et leurs concepts d'exposition premium avec des achats à +3,9 %, mais des ventes à “seulement” +2,6 % (vs +0,6 % en 2018).

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2 • L’univers du CHAUFFAGE

D'après l’Observatoire, « la tendance globale observée sur les achats Chauffage du réseau négoce fait apparaître une croissance de +10,2 % [en valeur HT] : soit une situation deux fois plus dynamique que celle de [2018] et de nouveau supérieure à celle du marché ».

→ Nettement plus marqué que dans l’univers du bain, ce rayon fait toujours autant le grand écart entre « des activités devenues déclinantes » comme les chaudières au sol classiques (-29,2 % en 2019) ou les modèles à condensation (-16,3 %) « et des activités très dynamiques » comme les PAC par exemple. Ce combat entre “Anciens et Nouveaux” est notamment alimenté par « des attaques contre les solutions fioul qui impactent sévèrement les ventes », rappellent les experts de l’ONTS-BTP.

→ Entre 2018 et 2019, le segment des PAC (aérothermie et géothermie) a vu ses scores littéralement exploser. Avec des achats Négoce à +62 % et un boum des ventes au-delà de +80 % (chiffres en valeur) pour les solutions air/eau « grâce, notamment, aux aides publiques et aux incitations financières des fournisseurs d’énergie » via les certificats d’économie d’énergie ou CEE (lire notre dossier paru dans Zepros Énergie #58, Juin-Juillet 2020, p. 20-22).

Si « la fin du dispositif de crédit d’impôt pour les chaudières gaz THPE semble de mauvais augure pour l’année 2020 », l’Observatoire de la profession rappelle néanmoins que « le “coup de pouce Chauffage” [aurait] permis de remplacer 260 000 chaudières vétustes ».

Du côté des solutions EnR, les ventes de chauffe-eau solaires individuels, les CESI se stabilisent à nouveau « sans pour autant retrouver les niveaux atteints dans les années 2008 à 2012 ». Quant aux systèmes solaires combinés (SSC), ces équipements repartent à la hausse grâce à la rénovation et au “coup de pouce Chauffage”… tout en se cantonnant aujourd'hui à un marché de niche.

Côté perspectives pour cette année et 2021, Fnas et ONTS-BTP estiment qu’« avec la future RE 2020 pour les bâtiments neufs, la pompe à chaleur devrait être confortée et, malgré les récentes modifications des aides publiques en rénovation [dont le dispositif “Ma prime Rénov” mis en place par l’Anah en parallèle d’un maintien résiduel du CITE 2020 pour les revenus intermédiaires], la profession espère que ce marché pourra conserver son dynamisme ».

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3 • L’univers de la PLOMBERIE

Représentant bon an, mal un peu moins de 17 % des achats (en valeur) et approvisionnements des grossistes spécialisés du secteur, cet assortiment technique a affiché un gain d’activité de +4,8 % en 2019.

Selon les experts de la Fnas, la tendance est légèrement inférieure en termes de ventes aux clients : à +4 %. Ce différentiel traduit-il un effet de surstockage de la part des distributeurs ? Les experts de l’ONTS-BTP n’en disent mot dans leur rapport.

Néanmoins, le rayon Plomberie présente au moins une similitude avec l'univers des alles de bains. Là aussi, deux familles de produits restent « toujours » le principal “fonds de commerce” des points de vente du négoce : les tubes de cuivre, ainsi que la robinetterie Bâtiment et Industrie (31 % du total Achats l’an dernier).

→ Dans l’évolution structurelle des achats des grossistes, seules trois familles de produits ont cédé – un peu – de terrain en 2019 : d’une part, les tubes de cuivre (à -0,8 point) ; d’autre part, les tubes et raccords PER, tout comme les tubes en fonte, inox et acier (-0,1 point).

→ En revanche, quatre autres familles compensent ce mouvement à la baisse en prenant un peu plus de poids dans la structure des achats : l’outillage électroportatif (proche de +0,4 point), les tubes et raccords "multicouches", ainsi que la robinetterie technique (compteurs…) à +0,3 point chacun, enfin les raccords en cuivre et en laiton (+0,2 point).

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