Berner Group : fin août, sa logistique européenne prend un tour de taille supplémentaire

Stéphane Vigliandi
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EN PHOTO • À Kerkrade, aux Pays-Bas, le nouveau hub logistique (25 000 m² couverts pouvant être portés à 40 000 m²) est la première brique d’un réseau logistique européen « ultra-rapide » pour Berner Group. À terme, le grossiste veut proposer des livraisons intraday dans toutes les grandes régions d’Europe. En comparaison, Berner France – la 2e BU du distributeur après l’Allemagne – s’appuie sur un entrepôt de 46 000 m² implanté dans l’Yonne.

[Zepros Négoce] Mise en service d’un entrepôt central européen fin août, inauguration d’un nouveau siège social aux Pays-Bas pour la zone Ouest Europe, amélioration des process de manutention pour livrer en just-in-time… Coleader européen sur les marchés BtoB de l’outillage et de la quincaillerie, le véadiste allemand investit à tour de bras pour renforcer, entre autres, ses capacités logistiques.

Même en période de crise – ou à cause de la crise ? –, le groupe allemand basé à Cologne entend continuer de « mettre fidèlement en œuvre son ambitieux plan d’investissement malgré la crise de la Covid-19 ». Dans un communiqué publié le 27 juillet, Christian Berner, le PDG de l’entreprise familiale prévient : « Nous voulons remporter des parts du marché à long terme. C’est pour cette raison que nous investissons. Et les derniers mois ont justement illustré à quel point notre modèle commercial est productif même en période de crise ». Afin de renforcer ses capacités logistiques et de production en Allemagne et aux Pays-Bas, Berner Group va débourser au total près de 60 M€. Désormais, c’est à Kerkrade, aux Pays-Bas, que se trouve la « nouvelle pièce maîtresse » de cette stratégie de redimensionnement logistique au service de l'omnicanal. À l’issue de quinze mois de chantier, le nouveau hub logistique devrait être opérationnel fin août. À lui seul, il aura monopolisé pas moins de 40 M€ du budget d’investissements.

Covid et performances logistiques

Dans un premier temps, la plateforme logistique néerlandaise desservira les clients du véadiste BtoB présents au Bénélux et « très bientôt » ceux de la région métropolitaine Rhin-Ruhr. À Kerkrade, lors de la pose du premier pieu, le 29 mai 2019, de ce qui sera désormais « le premier magasin central européen » de l’entreprise, son PDG avait évoqué « une étape historique dans sa transformation vers une orientation client maximale » à destination des marchés du Bâtiment et de l’Automobile. Mission de ce site de 60 000 m² ? Livrer les clients le jour même où ils passent leur commande. Situé entre Maastricht et Cologne, le hub de Kerkrade aligne, a priori, de solides arguments : 25 000 m² de stockage couvert (contre environ 7 000 m² pour l’ancien entrepôt avant son transfert), une possibilité d’extension portée à 40 000 m², 24 quais de chargement, un plan de stock de l’ordre de 18 000 références pour l’instant et qui devrait passer à 25 000 « à l’avenir » – sur une base-articles de l’ordre de 75 000 références figurant actuellement en catalogue. D’ailleurs, dans toutes les filiales du groupe, la livraison intraday est devenue “la” norme : « un facteur concurrentiel décisif à l’heure de l’ère numérique », rappelle à l’envie le spécialiste en quincaillerie, outillage et EPI. Et ce d’autant plus que la crise sanitaire du coronavirus a imposé son tempo pour faire monter en charge la logique drive-to-store chez l'ensemble des distributeurs. Avec son dispositif industrialisé de Kerkrade, Berner Group, lui, revendique « doubler son rayon de livraison et fait le premier pas vers une stratégie logistique à long terme pour toute l'Europe », argumente Christoph Möltgen, responsable de la supply-chain groupe. Afin de gagner en productivité dans les opérations de manutention, Berner investit également Outre-Rhin dans le “picking & packing” : les marchandises destinées à l’entreposage seront à l’avenir directement préparées. A priori, la garantie de quelques points de marge supplémentaires, mais aussi d'un temps précieux sur le “dernier kilomètre”... S. V.

« La crise, pour nos clients, elle est devant… ! »

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UNE “ORGANISATION COVID” PARTICULIÈRE ?

Didier Goguelin : Notre siège et notre entrepôt logistique de 46 000 m² se situent dans l’Yonne pour livrer nos clients partout en France. Pour nous rapprocher d’eux, nous avions ouvert un point de vente à Lyon en avril 2019, puis un autre à Lille en décembre. Il devait s’en ouvrir un à Paris en avril 2020, mais son ouverture a été décalée à janvier 2021. Ces points de vente sont importants pour offrir des services* : la livraison sur chantier, des casiers sécurisés avec digicodes accessibles 7j/7 et 24h/24, la location ou le prêt de machines, etc. : tout ce qu’il faut pour aider nos clients à faire leur métier. * [Ndlr] Depuis le début de la crise sanitaire, Berner France a élargi ses horaires d'ouverture (de 6h00 à 22h00). À l'entreprôt logistique de Saint-Julien-du-Sault (89), certains samedis sont travaillés depuis mi-mai 2020 pour faire face à l’afflux de commandes, notamment sur les marchés du BTP.

DES CONSÉQUENCES SUR L’EMPLOI OU LES INVESTISSEMENTS ?

D. G. : Il n’y aura pas de licenciements, c’est le but de la direction de l’entreprise. Mais nous avons arrêté les intérimaires, malheureusement. Et les promesses d’embauches qui dataient d’avant le coronavirus ont été tenues, y compris depuis le début du mois de juin. Sur 1 500 salariés, nous avons environ 30 nouveaux arrivés. Au point de vue trésorerie, les mesures gouvernementales ont été extrêmement bénéfiques. Mais à un moment, il faudra bien payer et là, il y aura de la casse.

QU’EN EST-IL AU NIVEAU DU GROUPE ?

D. G. : La France est la première filiale, hors Allemagne. Nous avons communiqué notre plan de crise à la maison-mère et bénéficié du soutien total du groupe. Des lignes de crédit sont disponibles, car le prêt garanti par l’État prend du temps et tout ne va pas aussi vite qu’on le pense. Cette période nous a appris beaucoup de choses, notamment sur le “remote management”. Propos recueillis par Grégoire Noble

(Extrait de l’entretien à paraître dans Zepros Négoce #22, Juillet-Août 2020)

👉👉👉 Quel sera l'impact de la crise sur la santé de votre entreprise ? Comment vous voyez l'avenir ?

« On voit que l’on va s'en sortir ! C'est aussi grâce à l'engagement des salariés et des partenaires sociaux. Berner doit aujourd'hui, et encore davantage demain, s'adapter et faire preuve de flexibilité. Malgré tout, on sent qu'il y aura peut-être des opportunités avec le développement de nouveaux métiers… »

Didier Goguelin (Entretien du 19/05/2020 sur France Bleu Auxerre)

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