[TOP100] Après la Covid-19, « une filière en route vers le business numérique » (Alain Fragnaud, FDME)

Stéphane Vigliandi
Image
logo générique ne pas toucher
L’ACTIVITÉ EN 2019
Partager sur
Image

Alain Fragnaud : Un contexte peu encourageant a rendu hypothétiques les performances de nos entreprises adhérentes pour l’exercice 2019. Au premier trimestre, l’évolution du chiffre d’affaires a approché les +2 % sans jamais réussir à les atteindre, et est restée en-deçà des scores du secteur de l’approvisionnement à la construction sur cette période (+3 % en tendance annuelle). Ce n’est qu’au 2e semestre que la profession a pu enregistrer de bons résultats globaux grâce à une activité du BTP vigoureuse pour partie liée au rattrapage des retards de chantier de 2018. Ce contexte laissait entrevoir une dynamique de reprise. Laquelle a malheureusement été perturbée par les mouvements sociaux de la fin d’année. À fin décembre, le chiffre d’affaires de nos adhérents affichait un résultat positif, mais limité à +3%.

DYNAMIQUE DU DÉBUT 2020 CASSÉE !

A. F. : Dans un contexte d’incertitudes multiples, nous étions très prudents sur les perspectives de 2020. Si les deux premiers mois ont affiché un résultat positif dans une perspective vigoureuse, malheureusement, la crise sanitaire inédite que nous vivons est venu casser cette dynamique. Notre fédération s’est très fortement mobilisée pour répondre à toutes les préoccupations des adhérents et leur permettre d’avoir une sécurité juridique sur l’ensemble des sujets.

COVID-19 : UNE RÉORGANISATION TRÈS RAPIDE SUR LE TERRAIN

A. F. : Les différents décrets et arrêtés pris dans le cadre de cette crise qui ont imposé le confinement de la population dès le 17 mars, ont contraint l’ensemble de nos adhérents à se réorganiser car seules pouvaient être maintenues les activités de livraisons et de retrait de commandes dans le strict respect des mesures sanitaires en vigueur. En raison de ces mesures drastiques, la distribution n’a eu d’autre choix que de repenser son mode d’organisation pour s’y adapter dans un laps de temps extrêmement court. Dès lors, nous avons consacré notre action politique majeure à obtenir une modification des textes, afin de permettre l’ouverture au public des agences de la distribution professionnelle du second œuvre du bâtiment et de l’industrie. Ce fut le fil rouge de nos différentes interventions dans le cadre des réunions élargies du Conseil supérieur de la Construction et de l’Efficacité énergétique (CSCEE) auquel nous avons pu accéder directement pour la première fois, mais aussi de nos courriers au gouvernement et au Premier ministre. En parallèle, nous avons mené une veille quotidienne et avons transmis aux adhérents de nombreux bulletins d’information constamment mis à jour et relatifs aux mesures de soutien économique aux entreprises proposées par les différentes instances (administration fiscale, Urssaf, BPI France, banques…), l’activité partielle à laquelle une majorité d’entreprises a eu recours, les masques et produits destinés à respecter les gestes barrières. Dès le début du confinement, nous avons réalisé un guide de préconisation de bonnes pratiques de sécurité sanitaire – validé par le ministère du Travail – pour leur permettre d’assurer la continuité de leur activité. En phase de déconfinement et de reprise de l’activité, nous continuons d’accompagner nos entreprises adhérentes.

LES LEVIERS D’UN REDÉMARRAGE

A. F. : La FDME a toujours milité pour une reprise des chantiers qui soit le plus rapide et respectueuse des mesures de sécurité sanitaire. Nous avons porté nos recommandations pour un plan de relance massif de l’économie dans le cadre du CSCEE, au nom de notre collectif FDME-Fnas-FFQ-FND. Parmi nos pistes de réflexion, il nous paraît important d’intégrer tous les acteurs dans la dynamique, de soutenir la commande publique et privée en levant notamment les barrières administratives, de renforcer les opportunités sur les dispositifs “verts” (maintien et renforcement des mécanismes d’accompagnement public à la rénovation énergétique…). En outre, une action de filière “FDME-Ignes*-FFIE**” pour promouvoir le déploiement massif du pilotage dans les logements individuels et le petit tertiaire. Cette action trouve pleinement à s’appliquer dans le cadre de la rénovation énergétique et du plan de relance gouvernemental. Une note commune a été transmise au ministère de la Transition écologique. Une webconférence d’information de la filière s’est d’ailleurs tenue le 21 juillet. À cet égard, nos trois organisations ont salué la parution de l’arrêté sur le “coup de pouce” relatif aux thermostats avec régulation performante qui participe pleinement de la logique de pilotage promue.

* Ignes : ce groupement fédère 60 industriels (sécurité électronique, domotique, éclairage, câblage…) pour développer une filière d’excellence dans les bâtiments professionnels et résidentiels, en neuf et rénovation

** Fédération française des intégrateurs électriciens

PÉRENNISER LES MESURES DE SOUTIEN

A. F. : Il semble désormais admis que la crise sanitaire qui a entraîné sur mars, avril et mai 2020 une baisse brutale de chiffre d’affaires par rapport aux mêmes mois de 2019, impactera fortement les performances annuelles de nos entreprises adhérentes. Les effets de la crise se ressentiront non seulement sur les trésoreries qui s’était améliorée ces derniers mois, mais aussi sur les marges. La reconstitution de ces dernières demeurera très difficile, astreignant les distributeurs à une forte prudence et rigueur financière. Dans ce contexte, une grande partie de nos adhérents a eu recours aux mesures gouvernementales : report de charges, prêt garanti par l’État, chômage partiel. En amont du déconfinement et en phase de reprise, nous avons œuvré auprès des pouvoirs publics afin que les mesures de soutien du gouvernement ne soient pas levées de manière brutale, mais par palier. Notre but est que les recommandations du protocole de déconfinement défini par le gouvernement trouvent à s’appliquer dans de bonnes conditions ; et que des solutions soient maintenues temporairement (chômage partiel…) pour les entreprises présentant des métiers dont la reprise est plus difficile à envisager que d’autres en raison de la difficulté d’appliquer les mesures barrières de façon optimale. Enfin, cette crise a nécessité la mise en œuvre de nouveaux dispositifs ou de renforcer ceux existants – lesquels auront certainement vocation à se pérenniser. Il faudra intégrer des modes de fonctionnement jusqu’alors peu utilisés : télétravail, visioconférence, web, etc. À cet égard, la digitalisation de notre métier est désormais plus que jamais d’actualité afin d’aller toujours plus vers le business numérique. Notre fédération a été précurseur avec la création du format Fab.Dis et le déploiement du modèle ETIM* en France.

* ETIM (Electro-Technical Information Model) est un modèle international de classification et de caractérisation des donnés dites “riches” (techniques, marketing, logistiques) pour les produits électriques et de génie climatique.

Propos recueillis par Stéphane Vigliandi

Volet social • Un suivi permanent

Chômage partiel, congés, taux des heures supplémentaires… Dès le début du confinement, le 16 mars, la FDME a été en veille quotidienne pour adresser de nombreux bulletins d’information à ses membres. Sur le plan social, la fédération a « particulièrement suivi les mesures en matière d’activité partielle – en constante évolution depuis le début de la crise – jusqu’aux dernières versions (activité partielle de droit commun ou de longue durée), ainsi que les accords de performance collective ».

Sur tous ces sujets, elle accompagne les enseignes en répondant à leurs questions spécifiques au regard de la loi et des dispositions de la convention collective (CCN 3044). « Mais, en aucun cas, la FDME n’émet de recommandation particulière en matière de politique sociale qui reste du domaine de chaque entreprise », confie son président.

FDME • Chiffres-clés

• 145 adhérents, 176 enseignes

Environ 1 700 agences

• 6 Md€ HT de CA 2019 dont Appareillage-Domotique-Petit tertiaire (20%), App. Industriel-Grand teritiaire-Mesure (18%), Génie climatique (13%)

• 12 500 salariés

Stéphane Vigliandi
Partager sur

Inscrivez-vous gratuitement à nos newsletters

S'inscrire