Responsabilité sociétale des entreprises : un trio créateur de valeurs

Grégoire Noble
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La RSE n’est pas réservée aux grandes entreprises. Les artisans, TPE et PME sont tout aussi concernés par ces notions de responsabilité, sans compter qu’elles en respectent parfois déjà un grand nombre sans même le savoir.

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La démarche de responsabilité sociale des entreprises (RSE) engage une entreprise dans trois domaines : l’économie, objectif de toute entité qui vise à développer son chiffre d’affaires ; l’aspect social, qui ambitionne de placer ses salariés dans de bonnes conditions de travail et de vie ; et la protection de l’environnement, à la fois en protégeant la nature directement mais aussi en utilisant des matières premières de qualité, en produisant des produits du même ordre et en gérant son impact indirect par la limitation de production de déchets et leur recyclage. La notion de RSE est née de deux facteurs. Le premier est apparu au milieu du XIXe siècle : les fondements du capitalisme ont éloigné les dirigeants de leurs salariés quand les chefs d’entreprise sont devenus des propriétaires absents ou distants, et non plus des entrepreneurs fondateurs soucieux d’une éthique interne et d’un bien-être de leurs équipes. Le second est bien sûr la question du développement durable née de l’observation de la dégradation de notre planète. Ces deux points ont poussé les grandes entreprises à modifier leurs principes de gouvernance afin de construire une efficacité économique associée à une éthique sociale et un respect de l’environnement, trois éléments finalement conjoint pour créer de la valeur. Les grandes entreprises ayant développée des démarches RSE sont souvent montrées en exemple aux plus petites, PME et TPE, dans le cadre de la mise en place d’un plan. Pourtant, l’entreprise artisanale ne s’est jamais trop éloignée du bien-être de ses salariés, ne serait-ce que par la présence constante d’un dirigeant travaillant aux côtés de ses ouvriers, en opérant des gestes similaires. « Le Bâtiment est un secteur qui donne du sens à la RSE, car nous réalisons des choses concrètes et voyons la progression vers le produit final avec de l’humain et de la technique, précise Catherine Guerniou, dirigeante de La Fenêtrière dans le Val-de-Marne. Nous sommes aussi attachés à un ancrage territorial fort, à la fois pour favoriser la proximité de nos salariés, de nos chantiers et de nos clients autour de l’entreprise. Il en va de la pérennité de notre entreprise d’être efficaces et de disposer de collaborateurs motivés qui sont attachés à leur entreprise. Nos méthodes de fonctionnements nous entraînent naturellement vers le respect de l’humain et de notre environnement direct. Alors, finalement, la RSE, nous en faisons déjà un peu tous » conclut la dirigeante, mandatée par la Fédération française du Bâtiment pour concevoir Bâtisseur responsable, un outil d’accompagnement à la mise en place de la RSE dans les entreprises.

Les 4 piliers de la RSE

1 - L’ancrage territorial : favoriser l’embauche localement pour une diminution des transports, un accès plus simple et une meilleure qualité de vie des salariés.

2- La loyauté des pratiques : le respect des contrats avec les clients et fournisseurs, des règlements dans les délais de la Loi LME, etc.

3- La responsabilité employeur : assurer la sécurité des salariés, favoriser l’échange avec des entretiens, l’analyse des besoins, le développement des compétences.

4- Le respect de l’environnement : assurer une gestion des déchets, favoriser les bons gestes pour limiter la consommation des énergies et de l’eau…

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Ensemble, on va plus loin
Aborder la RSE passe par différents points. Pour un chef d’entreprise, « il convient de prendre des initiatives et utiliser tous les moyens pour évoluer dans notre temps », précise Stéphane Lacour gérant de l’entreprise Lacour à Versailles (Yvelines). Le gérant a ainsi mis en place, depuis trois ans, des entretiens annuels avec ses salariés : « c’est une façon de collaborer davantage ensemble. De prendre le temps de s’écouter, de faire le bilan et de déterminer les axes de progression sur l’année à venir. Cela procure un échange plus nourri, plus profond », explique Stéphane Lacour. Pour œuvrer de concert au sein de son entreprise de peinture, le dirigeant a aussi mis en place des pratiques de travail collaboratif entre salariés : « nous avons instauré des pôles comme la gestion des déchets, mais aussi l’administration, la responsabilité, les opérations, etc. Le monde du Bâtiment affiche un peu de retard sur le monde moderne, avec un management à l’ancienne. Il faut mettre en place des procédures et des objectifs, et remplir les cases lorsqu’ils sont atteints. C’est parfois difficile pour des salariés avec une forte ancienneté qui n’ont pas l’habitude ». Comme source de motivation, le dirigeant fédère autour du bien-être et de la collaboration afin que personne ne reste à l’écart. « Ainsi, nous travaillons ensemble : c’est mieux organisé et donc profitable pour tous ».

« La démarche RSE ne bloque pas la croissance, elle stimule et booste les résultats de l’entreprise. Il faut savoir dégager du temps pour la mettre en place afin d’être plus efficace » Catherine Guerniou, mandatée pour concevoir le programme Bâtisseur Responsable de la FFB.

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L’environnemental sous toutes ses formes
Si un management moderne se présente comme essentiel dans une démarche RSE, incluant les formations notamment en termes de sécurité, la gestion de l’environnement prend une place tout aussi prépondérante. « La gestion des déchets, la réduction des chutes, le tri et le recyclage sont désormais incontournables, prévient Émilie Feral, gérante d’Isotec Invest à Tarascon (Bouches-du-Rhône). Quelques actes simples sont de nature RSE, comme réutiliser une palette pour le transport des déchets ». Au sein de son entreprise spécialisée notamment dans l’isolation, Émilie Feral va plus loin : « dans cette démarche de protection de l’environnement, nous favorisons l’usage de matériaux d’isolation en écoconstruction, comme la paille de riz issue de l’agriculture en Camargue par exemple. Ainsi, nous transférons un résidu de l’agriculture en produit du bâtiment ». L’entreprise recherche d’ailleurs sans cesse des solutions innovantes, tant pour protéger l’environnement que pour optimiser son efficacité. « Cela est profitable à la pérennité de l’entreprise et à son équilibre financier, reprend Émilie Feral. Ces deux points permettent aux salariés de se projeter dans l’avenir et d’être sûr par exemple de pouvoir payer leur maison. Le bien-être et la sécurité au travail doivent faire partie de l’environnement des collaborateurs », conclut la dirigeante.

Chiffres clés :

83 % des salariés considèrent que leur entreprise RSE a « un impact positif » sur la société. (1)

79 % des salariés se voient toujours travailler dans leur entreprise RSE dans trois ans. (1)

75 % des salariés jugent efficaces les actions en RSE mises en place au sein des entreprises. (1)

70 % des entreprises sont conscientes qu’elles doivent devenir sociétales. (2)

55 % des entreprises françaises sont qualifiées d’adaptées, et 16 % d’exemplaires. (3)

(1) Source : Baromètre de perception de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) du Medef – 2020
(2) Source : Deloitte, Tendances RH 2018
(3) Source : rapport du Médiateur des entreprises et d’EcoVadis en matière de RSE - 2019

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Satisfaction, fidélisation, cotation, communication…
La démarche RSE d’une entreprise désigne sa responsabilité vis-à-vis des effets qu’elle exerce sur la société. Aborder une démarche RSE réclame ainsi le développement de plusieurs actions. D’abord celle à destination du client avec un axe porté sur la satisfaction du donneur d’ordre dans le respect du contrat, qui favorise le développement commercial. Puis celle du volet salarial, avec un travail de fidélisation, de motivation et de mise en place du développement personnel des collaborateurs, qui favorise l’embauche, notamment dans ces périodes de pénuries. Ensuite, celle de la cotation de l’entreprise avec des actions RSE qui sensibilisent les fournisseurs et facilitent l’ouverture de comptes. Enfin (mais la liste n’est pas exhaustive), celle de la communication avec l’expression de ses valeurs, de sa capacité d’innovation, de ses engagements humains et écoresponsables et surtout de la transparence qui valorisent l’entreprise et notifient son avancée dans le monde moderne. Le ministère du Travail et de l’Emploi a regroupé dans un carnet de route divers actions à développer en interne comme en externe (recettes) et leurs bénéfices attendus. À télécharger ici .

Un contrat spécifique en Paca
Le Cedre (Contrat pour l'emploi et le développement responsable des entreprises) a pour vocation de soutenir la création d'emplois par des entreprises régionales en croissance s'engageant dans une démarche RSE. Ce dispositif s'adresse à toute entreprise implantée en Paca de moins de 250 salariés, ayant un projet de développement économique créateur d'emplois en CDI sur trois ans et s'engageant dans un parcours RSE ambitieux. L'entrée dans le dispositif permet un soutien régional direct sous forme de subvention (jusqu'à 50 000 € sur 3 ans) et un soutien indirect sous forme d'un accompagnement individuel et collectif à la mise en œuvre du projet, sur les volets économiques et RSE. Infos sur cresspaca.org.

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Comment se lancer dans une démarche RSE ?
Nombreux organismes ont développé des outils pour aider les entreprises à s’engager de façon volontaire dans une démarche de RSE. La FFB propose pour sa part son outil “Bâtisseur Responsable” à destination des adhérents de la Fédération. Il repose sur 65 questions autour de quatre thématiques abordées par le consultant en l’espace d’une heure. L’outil peut être étoffé et personnalisé selon les besoins de l’entreprise. Il permet à celle-ci de s’autoévaluer facilement afin d’éditer un rapport RSE personnalisable et de signer la charte RSE, utile pour répondre à certains appels d’offre, mais aussi pour montrer sa sensibilisation à des fournisseurs attentifs et communiquer plus largement sur sa démarche, en externe comme en interne. Il est accessible à l’adresse rse.ffbatiment.fr. La Capeb propose de son côté son outil “Artisans engagés/Entreprise responsable”, conçu pour aider les entreprises à s’évaluer, à progresser et à communiquer sur les actions engagées. La démarche repose sur une dynamique de progrès pour les entreprises qui cherchent à développer des pratiques plus durables, ainsi que des outils et des ressources en ligne (évaluation, mise en place de plan d’action et suivi) et l’accès à un réseau d’artisan pour partager ses pratiques et échanger pour progresser. Les entreprises qui souhaitent s’engager volontairement dans la démarche peuvent se rapprocher de la Capeb de leur département ou se rendre sur le site artisansengages.capeb.fr.A noter également que les chambres des métiers et de l’artisanat régionales proposent des accompagnements pour le développement d’une stratégie RSE, avec pour certaines des aides financières (subventions) pour les mettre en place.
(X. Haertelmeyer)

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