2021, un grand cru pour Uniclima (malgré les perturbations)
En dépit de difficultés et de ruptures d’approvisionnement de matériaux et de composants électroniques, les professionnels des industries thermiques, aérauliques et frigorifiques ont su rebondir : Uniclima annonce avoir assisté au redémarrage du bâtiment en 2021, sur presque toutes les familles de produits. Tour d’horizon.
Le fonctionnement du marché avait été perturbé en 2020 par le Covid mais l’activité de la rénovation s’était déjà révélée positive à la fin de l’année. En 2021, c’est tout le secteur du bâtiment qui a connu un rebond entraînant avec lui une activité accrue pour les 86 adhérents d’Uniclima. Le redémarrage en trombe de l’économie mondiale a généré des à-coups dans la logistique et dans l’approvisionnement de matériaux ou de composants et tous les sites de production ont été impactés. Mais cela n’a pas empêché les industriels de répondre à la forte demande.
Sur le segment des chaudières gaz et fioul par exemple, la croissance a été importante (+22 % soit 715 000 machines) portée par les chaudières à condensation d’une puissance utile inférieure à 70 kW, dont l’arrêt des incitations financières (« Coup de pouce chaudières THPE ») a stimulé la demande. Le marché des brûleurs a suivi la même courbe (+22 % à 50 600 unités), avec le collectif et le tertiaire comme moteurs, avec « une forte reprise des investissements liés aux activités de maintenance et de remplacement des équipements dans les chaufferies ». La fin annoncée du fioul n’a d’ailleurs pas eu d’effet sur les ventes de brûleurs fioul de petite puissance. Quant aux radiateurs à eau chaude et aux sèche-serviettes, ils s’inscrivent dans la même tendance (+27 % et +23 %), grâce « au réveil du neuf dans l’individuel comme dans le collectif (…) le décoratif tirant parti du bon niveau des travaux d’amélioration de l’intérieur ».
Les renouvelables en pleine forme
L’année 2021 a également été celle de l’explosion du marché des chaudières biomasse, avec 35 000 unités vendues (+102 %) ! Uniclima analyse : « Cette progression record est portée par les chaudières à chargement automatique, qui représentent plus de 90 % du marché annuel et continuent à se développer dans le cadre du remplacement de chaudières anciennes ». Celles à chargement manuel ont également progressé (+10 %) tandis que la part du chauffage bûches ne cesse de baisser (8 % du total seulement), porté uniquement par le renouvellement d’anciennes chaudières à bûches pour des personnes produisant leur propre combustible. Même le solaire thermique a profité de l’embellie de 2021 après huit années de baisse : il affiche 53 600 m² de capteurs posés (+16 %), surfant sur la hausse du prix des énergies classiques. Les chauffe-eau solaires par exemple, sont en forte croissance (+42 % avec 7 300 unités) et « semblent trouver leur place dans les dispositifs d’aide, soit seul avec un appoint électrique, soit associé à une chaudière ».
Autre secteur bien orienté, celui de la climatisation pour le tertiaire. Les DRV affichent un très beau rebond (+17 % avec 32 000 groupes extérieurs) et dépassent même leur niveau de 2019. « Comme nous l’observons depuis plusieurs années, le poids des groupes ≤ 6 CV augmente encore et représente désormais un tiers des mises sur le marché », annonce Uniclima. Pour les unités intérieures, même tendance (+15 %) avec des unités murales et cassettes qui monopolisent plus de 70 % des volumes. « Les gainables, davantage impactés par la baisse du neuf et les difficultés de l’hôtellerie, retrouvent à peine leur niveau de 2019 », note le syndicat. Sur le marché commercial, les ventes de splits de plus de 17,5 kW et de rooftops sont convenablement orientées (+21 % et +18 %). Les refroidisseurs liquides (chillers) connaissent une croissance plus lente (+4 % à 6 200 systèmes) avec une différence selon la solution retenue : condensation par eau (+26 %) ou par air (+1 % seulement). « Pour la 3e année, les groupes froid seul sont en progression. Il semble que ce segment soit tiré par les aides (CEE, suramortissement) dans l’industrie ». Elle est en effet la seule à en bénéficier.
Des fluides enfin verts ?
Le verdissement du marché des fluides se confirme, avec des groupes de forte puissance, équipés de compresseurs à vis, qui utilisent des HFO dont l’indice de réchauffement global est inférieur à 150. Pour les moyennes et petites puissances, les nouveaux fluides (R32 et R454b) progressent également et représentent maintenant 20 % de parts de marché. Uniclima explique : « Non seulement les aides mais également une prise de conscience des investisseurs et des fabricants qui ont fait des développements importants, sont très certainement à l’origine de cette évolution ».
En se tournant vers l’avenir, le syndicat espère que la conjoncture économique très positive du bâtiment aura bien un effet sur son activité. Mais il tempère : « Néanmoins, à moyen terme, l’ajustement du marché surtout dans le neuf, lié au gonflement de la chaîne d’approvisionnement risque d’avoir un effet négatif chez les fabricants ». De même, l’entrée en vigueur de la RE2020 amènera une réflexion générale sur le meilleur choix de l’émetteur de chaleur, avec un accent mis sur les PAC et les radiateurs. Concernant la rénovation, Uniclima constate : « La faible pénétration du radiateur à eau reste un levier important pour les années à venir et nos adhérents vont investir de manière plus importante sur l’intérêt de remplacer des millions de vieux radiateurs en France par une nouvelle génération plus esthétique, mieux conçue et correctement dimensionnée pour des régimes d’eau à plus basse température ». Il s’inquiète de l’évolution des CEE qui pourrait entraîner un ralentissement notamment pour les segments du solaire thermique ou des chaudières biomasse, mais aussi d’un manque chronique d’installateurs qualifiés (moins de 400 certifiés Qualibois eau, 300 Qualicombi et 1 300 Qualisol). Les experts espèrent également une dynamique croisée avec le gaz pour développer des solutions collectives permettant de passer les seuils d’exigence carbone de la RE2020. Et tous se retrouveront avec joie, à la porte de Versailles (Paris 15e) du 3 au 6 octobre prochain, pour le salon Interclima 2022, dont le niveau de participation pourrait battre le record de 2012.