Bulletin de santé : les artisans du BTP en forme mais gare au surrégime
Dans un contexte d’activité du Bâtiment revenu à celui d’avant crise sanitaire, voir supérieur, 23% des artisans déclarent travailler « plus de 60h par semaine ». Parallèlement, la « hausse continue du prix de l’énergie et des matériaux viennent peser sur le moral des chefs d’entreprise artisanale du bâtiment qui se déclarent fatigués voire très fatigués ». Ces indicateurs livrés dans le dernier Baromètre ARTI Santé BTP figurent parmi de nombreux chiffres, dressant ainsi l’état du moral des entrepreneurs.
Réalisé avant le début de la guerre en Ukraine, en janvier, ce panorama que constitue le baromètre ARTI Santé, montre que déjà en 2021, les tensions étaient fortes. Illustration avec la mise en évidence de la difficulté pour les dirigeants à déconnecter. Ainsi, même pendant leurs congés, 57 % d'entre eux disent consulter leurs mails tous les jours contre 51 % en 2020. « En cause, une réactivité exigée par les clients et les fournisseurs, le souhait de rester disponible à tout moment et enfin celui d’éviter d’être submergé à son retour », analyse l’étude. Le chiffre s’explique aussi par la multitude des tâches à réaliser : réalisation de chantier, gestion du personnel, élaboration des devis, gestion et contact clients, gestion administrative. Cette dernière représente de 10 à 25 % du temps de travail des chefs d’entreprise et augmente considérablement dès lors que l’entreprise compte plus de 5 salariés.
Dans la même logique les artisans peinent à équilibrer vie professionnelle et vie privée. 79 % d’entre eux continuent d’avoir le sentiment que leur vie professionnelle empiète sur leur vie familiale, contre 85 % en 2020 et 87 % en 2019. Bonne nouvelle cependant, le nombre d’entrepreneurs s'estimant en bonne santé est en progression et est majoritaire avec 76 %. De même, et pour la 8e année consécutive, le baromètre constate une baisse des troubles musculosquelettiques. Toutefois, de nombreux répondant continuent de souffrir de diverses pathologies comme des douleurs articulaires, des troubles émotionnels, des maux de tête et des troubles du sommeil. Autre évolution durable et qui va dans le bon sens, les artisans sont aussi plus nombreux à se dire attentifs aux conséquences de leur activité sur leur santé (61 %).
La nécessité d'être accompagné
Pour la Capeb, ce baromètre présente un intérêt majeur, celui de montrer la nécessité de poursuivre la sensibilisation des chefs d’entreprise et de leur entourage à s’appuyer sur des accompagnements en cas de difficultés tant économiques que psychologiques. Sur ce terrain, Cécile Beaudonnat, présidente de la Commission Nationale des Femmes de l’Artisanat et chargée des questions de santé-sécurité à la Capeb, voit des signes d’encouragement : « Malgré une fatigue physique et morale toujours présente chez les chefs d’entreprise, nous constatons cette année que les répondants semblent plus aptes à demander de l’aide en cas de besoin, notamment auprès de la Capeb. Des résultats qui nous confortent quant à la nécessité de continuer à sensibiliser nos adhérents et leur entourage sur les risques psycho-sociaux que peut engendrer leur activité et sur les moyens pour s’en sortir. »
Méthodologie
Enquête nationale sur les conditions de travail et la santé des chefs d’entreprise artisanale, menée par la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (CAPEB), la Chambre Nationale de l’Artisanat des Travaux Publics et du Paysage (CNATP), et le pôle d’innovation IRIS-ST. L’étude a été réalisée avec 1 811 répondants en janvier 2022.