L'artisanat en croissance mais des niveaux d'activité en danger
Si avec +3% d'activité les artisans font mieux que le marché au 2ème trimestre, la fin d'année et surtout 2023 sont hypothéquées par les tensions tarifaires et le contexte économique global. Le président de la Capeb, Jean-Christophe Repon défend "une filière créatrice de richesse" auprès des pouvoirs publics pour obtenir les conditions d'une croissance durable.
« L’artisanat du Bâtiment tire son épingle du jeu au-delà de l’activité générale mais les inquiétudes augmentent pour la fin d’année et surtout pour 2023 » : c’est par cette phrase d’introduction que Jean-Christophe Repon, président de la Capeb a commenté les chiffres pour du 2ème trimestre, soulignant l'urgence pour le gouvernement de prendre les mesures nécessaires pour soutenir une filière qui fonctionne et recrute. « Il serait dommage que les efforts consentis par les artisans pour maintenir ces niveaux de croissance soient gâchés, alors nous attendons beaucoup des Assises du Bâtiment ». Des Assises très attendues dont la date semblerait être fixée au 22 septembre.
La rénovation toujours moteur de l'activité
En attendant, les indicateurs conjoncturels du 2ème trimestre restent dans un rythme soutenu, d’autant que la base de comparaison de 2021 était déjà très élevée. L’activité globale des artisans ressort ainsi à +3% en juillet. Le neuf progresse de 2,5% et la rénovation de 3%, et même +4% pour les seuls travaux de performance énergétique. Du côté des perspectives à moyens termes, avec des carnets de commandes à 101 jours, les prochains moins s’annoncent encore positifs. (voir l'ensemble des chiffres ci-dessous).
« L’artisanat du Bâtiment a créé 15000 emplois nets sur 12 mois. Nous sommes une filière créatrice de richesse et nous contribuons à la réussite de la transition énergétique ».
A mi-chemin de 2022, la confédération des artisans envoie des messages aux pouvoirs-publics. Donner les moyens et un cadre pour garder ce rythme, c’est le sens des 26 mesures présentées le 29 août. Des propositions qui se veulent réalistes et concrètes : simplifier la réglementation, accélérer la rénovation énergétique, combattre l’inflation et la concurrence déloyale. S’y greffe un dernier point, et non le moindre, celui d’assurer la transparence des prix. Si des hausses tarifaires sont compréhensibles, « nos artisans ont parfois l’impression d’être abusés », souligne Jean-Christophe Repon qui appelle à la constitution d’une mission parlementaire sur le sujet. La solidarité filière tant affirmée avant l’été ne semble donc pas s’appliquer uniformément sur le terrain et les tensions s’accroissent sur la production et l’organisation des entreprises artisanales en bout de chaîne.
Pour l’ensemble de l’année 2022, la Capeb table désormais sur une croissance de 2% à 2,5%. Une hypothèse qui, du propre aveu de la Confédération, joue la prudence, dans un contexte économique toujours plus difficile à appréhender.
Parmi les 26 propositions de la Capeb
- HAUSSE DES PRIX : Assurer une réelle transparence sur les hausses de prix pratiquées par les industriels et les négoces, en lien avec la crise de la COVID, la guerre en Ukraine et la décarbonation des process industriels.
- REP BÂTIMENT : Disposer d’un calendrier de mise en œuvre réaliste
- CONSTRUCTION NEUVE : Indexation des plafonds de ressources sur l’inflation
- MA PRIMERENOV’ : Indexer les aides de MaPrimeRénov sur l’inflation constatée dans le secteur du bâtiment afin d’éviter une augmentation du reste à charge des ménages
- CEE : Indexer les primes CEE sur l’inflation constatée par type de travaux pour réduire le reste à charge
- QUALIFICATION RGE : Renforcer la crédibilité du dispositif et le simplifier
- ZFE-m (ZONES À FAIBLES ÉMISSIONS MOBILITÉ) : Un calendrier de mise en œuvre réaliste
- PARC DES VÉHICULES PROFESSIONNELS : avoir un accompagnement financier pour soutenir la transformation du parc des véhicules des professionnels vers des véhicules propres