L’artisanat du bâtiment en perte de vitesse
Pour la première fois depuis 3 ans, l’activité de l’artisanat du BTP est en recul (-0,5 %), tiré vers le bas par un marché de la construction sinistré et par un marché de la rénovation atone. Jean-Christophe Repon, président de la Capeb, appelle le gouvernement à prendre rapidement des mesures.
La Confédération de l’artisanat et des PME du bâtiment (Capeb) avait tiré la sonnette d’alarme voilà un an. Mais cela n’a pas suffi : les prévisions de l’époque sont aujourd’hui confirmées, l’activité petites entreprises du secteur est en régression. Jean-Christophe Repon, qui fait le point sur l’activité de la première moitié de 2023, déclare : « Nous ne pourrons pas atteindre les objectifs de la transition, de la décarbonation et de la rénovation énergétique à ce rythme. La baisse de l’activité est inquiétante et nécessite des mesures d’attention particulière pour le bâtiment ».
Les chiffres sont clairs : en 1 an, l’activité s’est tassée de -0,5 %. « Un recul lié aux difficultés du neuf avec moins de permis de construire et moins de chantiers, seulement 333 100, en descente continue. Et le segment de la rénovation-amélioration qui stagne par rapport à 2022. Il y a certes une résistance des travaux d’amélioration énergétique (+2 %), mais ce marché reste lié au pouvoir d’achat des ménages », et serait donc menacé à son tour par l’inflation, analyse Romane Charpentier, chargée de mission au sein de la confédération. Géographiquement, les territoires ne sont pas égaux : certaines régions affichent une légère progression (Auvergne-Rhône-Alpes +1 %, PACA +0,5 %) tandis que d’autres sont en net repli (Occitanie -2 %, Pays de la Loire -1,5 %). Du côté des métiers, pas de jaloux, tous sont impactés, dont les maçons (-1 %), les menuisiers et les électriciens (-0,5 %).
« La situation est dure mais avec des décisions de bon sens, il est possible de s’en sortir », J-C Repon
Pour 2023, les prévisions sont donc pessimistes. Les carnets de commandes sont en baisse, avec 79 jours de travail en stock au 2e trimestre, contre 96 jours en début d’année. La Capeb estime que l’année se terminera sur un recul de -0,5 % alors que les années précédentes étaient positives (+2,4 % en 2022 et +12,5 % en 2021). Il ne s’agit pour l’heure que « d’une tendance baissière et pas encore d’une récession ». Mais Jean-Christophe Repon formule à nouveau ses demandes de mesure de soutien pour tout le secteur. « Les ménages sont fragiles, les prêts ne sont plus accordés. Il y a de moins en moins d’entreprises qualifiées RGE, environ 60 000 aujourd’hui. Les patrons doivent gérer la hausse des matériaux (+26 %) et ne pas rogner trop sur leurs marges. Avec la REP et la fin de l’avantage fiscal sur le GNR, les surcoûts s’accumulent », constate le responsable confédéral. Le coût de la REP PMCB, par exemple, initialement évalué à +1 % serait aujourd’hui plus proche des +3 voire +5 % ! Conséquence, les créations d’entreprises se font plus rares (-8,8 % au 2e trimestre 2023) et les défaillances plus nombreuses (+34,6 %). Malgré tout, l’emploi reste encore stable (+0,1 %).
Le président de la Capeb réaffirme les besoins des entreprises du bâtiment : « Simplifier et harmoniser les référentiels des dispositifs MaPrimeRénov’, Certificats d’économies d’énergie et RGE. Ouvrir les aides à toutes les entreprises sous condition de contrôle des chantiers. Lutter contre la fraude et réduire le reste à charge des ménages grâce à des banques qui joueraient enfin le jeu… Ne pas opposer rénovation par gestes et rénovations globales, tout en soutenant les groupements temporaires d’entreprises sans qu’elles soient solidaires. Instaurer un taux réduit de TVA pour l’ensemble des travaux de rénovation ». Pour parvenir à convaincre, Jean-Christophe Repon sollicite une réunion rapide avec les ministres concernés afin d’obtenir des arbitrages favorables. « Les paroles sont bien, mais les actes tardent à venir », soupire-t-il. Mais peu de choses devraient bouger avant les discussions sur le budget 2024.