La Capeb sur le front pour sauver les carnets de commandes
Le niveau d'activité des artisans au 3ème trimestre reste "confortable", commente la Capeb, mais le ralentissement se confirme. Le président de la confédération, dans ce contexte toujours compliqué par l'inflation et des pénuries, ne demande "pas un Plan Marshall " mais notamment l'instauration d'un autre PGE, un Prêt Garanti Environnement, qui engage enfin les banques dans la transition énergétique.
Le contexte devient de plus en plus compliqué pour les entreprises artisanales, et la Capeb qui se revendique comme première organisation représentative avec 60 000 adhérents compte bien pousser encore ses propositions auprès du gouvernement. Son président Jean-Christophe Repon, en introduction à la présentation des résultats du 3ème trimestre, a ainsi rappelé quelques-unes de ses pistes d’actions, pour, d’une part corriger les effets de l’inflation des matériaux et instaurer une plus grande transparence des prix, et d’autre part, pour créer les conditions d’un maintien de la dynamique des marchés de la rénovation énergétique.
Un quotidien entre hausses de prix et pénuries
Sur le premier chapitre, la Capeb se félicite d’avoir su convaincre de nouveaux signataires à son appel à la solidarité économique de la filière. Le texte présenté en avril dernier avait fédéré 8 industriels et distributeurs. Aujourd’hui ce sont 24 acteurs*, dont les filiales de Saint-Gobain qui acceptent, notamment, d’« informer au préalable leur client des hausses de prix, émettre des devis valables au moins un mois (hors produits à court), augmenter leur prix seulement le 1er de chaque mois. » Jean-Christophe Repon se dit également satisfait de l’élargissement au secteur de la construction de la commission d’enquête parlementaire sur la hausse des prix, qui était initialement dévolue à l’alimentaire uniquement. A noter que la moyenne des augmentations tarifaires s'établit désormais à +26% de janvier à octobre.
Sur le terrain de la rénovation énergétique, là aussi le travail de la Capeb se poursuit, allant de la demande du maintien du taux de TVA réduit sur les travaux induits, à la poursuite de l’expérimentation de la qualification RGE par chantier. Sur la mention RGE, toujours, la confédération souhaiterait une plus grande équité entre les TPE, PME et les majors. Sa demande ? Une qualification RGE par tranche de 10 salariés, et non plus, une seule par entreprise. Rappelons que la mention RGE est une nécessité pour pouvoir prétendre aux CEE comme à Ma PrimeRenov. Globalement, sur ces trois dispositifs clés que sont RGE, les CEE et Ma PrimeRenov’, la Capeb appelle à une véritable simplification des dossiers et procédures tant pour les professionnels que les particuliers.
Pour un autre PGE : Le Prêt Garanti Environnement
Dans une conjoncture qui voit au fil des mois le rythme d’activité se ralentir, même sur la rénovation (voir article Les Chiffres ci-dessous), le gouvernement, s’il veut atteindre ses ambitions et répondre au défi du réchauffement climatique, doit agir. « Nous ne demandons pas un plan Marshall, comme certains l’on fait récemment, mais la création d’un Prêt Garanti Environnement par l’Etat », propose Jean-Christophe Repon. Cet autre PGE, permettrait de rassurer les banques pour qu’enfin, elles aussi, s’investissent dans la transition énergétique des Bâtiments. « Notre secteur ne veut pas vivre des aides de l’Etat et nous sommes conscients des dépenses publiques. Ce que l’on prône avec ce nouveau crédit bancaire s’inscrit dans la lutte contre le réchauffement climatique à laquelle doit contribuer la rénovation énergétique », défend le responsable. « Il ne s’agit pas de dépense mais d’investissement dans la décarbonation », ajoute subtilement Alain Chouguiat, directeur des affaires économiques de la Capeb en appui des appels de son président à plus grand engagement des acteurs économiques privés.
Autant de sujets, auxquels s’ajoutent ceux des ZFE et de la REP, que ne manquera pas d’aborder la confédération dans ces prochains échanges et courriers adressés aux différents ministres concernés. En pleins débats sur le Projet de Loi de Finances 2023, les artisans du Bâtiment veulent faire entendre leur voix, mais aussi s’assurer que l’activité en 2023 ne marquera pas un brutal coup d’arrêt.
*Frans Bonhomme, Knauf Insulation, Würth, Wienerberger, Saint Gobain Distribution Bâtiment France (POINT.P, Cedeo, La Plateforme du Bâtiment, PUM Plastiques, Asturienne, SFIC, Dispano, CDL Elec), Groupe Herige (VM, Atlantem, Edycem), Weber, Isover, Placo, Pladur, l’ORCAB.
Les Chiffres du 3ème trimestre
Si la croissance est toujours là, les signes de ralentissement se confirment. Pour l'ensemble de l'année 2022, la Capeb table désormais sur +3% en global, +2,5% sur le neuf et +3,5% sur la rénovation. En revanche, plus aucune projection n'est possible pour 2023.
La rénovation affiche encore des niveaux hors normes, tirée par l'amélioration de la performance énergétique des logements. Une dynamique que le Capeb aimerait maintenir à travers ses propositions, notamment des évolutions en faveur des revenus intermédiaires et des soutiens des banques à la rénovation globale.
Tous les métiers affichent une croissance inférieure à celle du 2e trimestre 2022, seul la maçonnerie conserve un taux de croissance de son activité en volume de 2,5 %. Parmi les baisses, la couverture, plomberie et chauffage s'en sort un peu mieux en volume (- 0,5 point par rapport au 2e trimestre 2022), avec + 2,5 % au 3e trimestre. En revanche, les travaux d’électricité, qui était à +4% au 2ème trimestre passent à + 2 % au 3e trimestre et la menuiserie-serrurerie est à seulement + 1 %.
Les taux de croissance par région se situent entre 1,5 % et 2,5 %. Progression toujours, certes mais là encore, le rythme est en retrait par rapport au 2ème trimestre. Et cinq sont en dessous de la moyenne nationale, à +2%.