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Consommation et production électriques en chute dans l’Hexagone

Grégoire Noble
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prises de courant électricité

Les mesures d’économies demandées par les pouvoirs publics ont été suivies, non seulement par les industries électro-intensives mais surtout par les particuliers. Résultat : la consommation électrique est en net repli par rapport aux années précédentes et suit (presque) la même courbe que la production française, pénalisée par l’arrêt de multiples réacteurs nucléaires et par une météorologie défavorable.

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L’appel a été entendu. Par crainte d’avoir à affronter des coupures de courant – désormais nommés « délestages » – les Français ont notablement diminué leur consommation électrique. Préservant par là l’équilibre du réseau. Le bilan RTE de 2022 montre qu’à température normale, les besoins en électricité ont été très en-deçà de ce qu’ils étaient les années antérieures : 459 TWh contre 467 en 2021 (-1,7 %). Par rapport à la moyenne de longue période (2014-2019), le niveau de 2022 est même situé à -4,2 %. Et c’est au cours du dernier trimestre de l’année que les choses se sont accélérées : la baisse de la consommation nationale a atteint -9 %. RTE note : « Cette baisse a d’abord touché l’industrie (avec des effets différenciés selon les secteurs) avant de s‘étendre au résidentiel (majoritaire en volume) et au tertiaire. La mobilisation en faveur des économies d’énergie a joué un rôle important ».

Côté production, les problèmes se sont accumulés. Outre les problèmes de corrosion sur la tuyauterie complexe des centrales nucléaires (279 TWh, -30 %), les productions hydraulique (50 TWh, -20 %) et éolienne (baisse du facteur de charge moyen) ont également été faibles. Avec seulement 455 TWh disponibles (-15 %), la France se retrouve à son plus bas niveau depuis 1992 ! Corollaire, avec un recours plus important au gaz et du fait des importations effectuées auprès de nos voisins (Allemagne notamment) pour combler l’écart entre production et consommation, l’électricité française a été plus chargée en carbone qu’à l’accoutumée (25 Mt CO2 contre 21,5 auparavant). En 2022, pour la première fois en 40 ans, la France a été importatrice nette d’électricité (16,5 TWh), surtout pendant les mois d’été.

Les renouvelables à la rescousse

Mais tout n’est pas négatif, puisque les installations d’énergies renouvelables ont été accélérées pendant la crise. En 2022, c’est un volume record qui est entré en service : +5 GW de capacités (soit +2,6 GW de photovoltaïque, +1,9 GW d’éolien terrestre et +0,5 GW d’éolien offshore). Logiquement, avec des parcs toujours plus importants, la production grimpe d’année en année. Pour l’éolien, elle a atteint les 37,5 TWh, et pour le solaire 18,6 TWh (+31 %).

RTE conclut : « La crise énergétique s’est traduite par une augmentation sans précédent des prix des combustibles fossiles (gaz et charbon) et de l’électricité. (…) Les prix les plus élevés ont été atteints en France au cours de l’été (612 €/MWh en moyenne fin août) lorsque la production nucléaire et hydraulique était la plus faible ». Le gestionnaire du réseau estime que ces prix révélaient une prime de risque spécifique à la France et démesurée au regard des risques réels de tension sur l’équilibre. Moralité : les Français ont été plus disciplinés qu’attendu et l’hiver assez doux font que le spectre des coupures s’éloigne petit à petit. Pour mieux revenir à l’hiver prochain ?

Grégoire Noble
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