Vive le vent d’hiver
La tempête Gérard a soufflé fort sur la France et ses voisins. L’occasion, pour les éoliennes, de démontrer leur potentiel et leur disponibilité. Pendant trois jours consécutifs, les aérogénérateurs ont fourni plus de 20 % du courant électrique aux foyers français, sans empreinte carbone. En Espagne, l’éolien a même fourni plus de la moitié de l'électricité voulue, sans déstabiliser le réseau.
L’hiver est la saison de l’éolien, tout comme l’été est celle du solaire. Ce lundi 16 janvier, l’ensemble du parc des 9 000 turbines françaises déployait 15 GW de puissance et fournissant près du quart (22 %) de l’électricité nationale, éloignant le spectre d’une pénurie d’énergie dans l’Hexagone. Les 14 et 15 janvier déjà, la production de aérogénérateurs dépassait les 14 GW, ce qui représente un facteur de charge de 70 % environ sur un parc de 20 GW. En d’autres termes, 70 éoliennes sur 100 fonctionnaient à plein régime. Cette énergie était alors la 2e principale sur le territoire, derrière le nucléaire et devant l’hydroélectricité et le solaire, limitant de fait le recours au gaz.
Le ministère de la Transition énergétique notait, l’an passé, que la production électrique éolienne dépassait les 19 TWh au cours de la première moitié de 2022. Les chiffres sur l’ensemble de l’année n’ont pas encore été communiqués, mais l’entrée en service du premier parc éolien offshore, d’une puissance de 0,48 GW, offrira certainement un coup de boost. La puissance des projets en cours de développement en France, dépassent encore les 13 GW.
Pas de quoi déstabiliser le réseau, comme le prouve la situation en Espagne, à la mi-janvier. En effet, de l’autre côté des Pyrénées, les turbines aériennes ont fourni plus de 50 % de l’électricité nécessaire au pays, avec 18 GW de puissance sur 29 GW potentiels (facteur de charge de 63 %). L’intensité carbone du courant espagnol (63 grammes CO2/kWh) était strictement équivalente à celle de la France (62 grammes) malgré l’énorme différence de parc nucléaire (moins de 10 GW pour Madrid). L’éolien remplit donc son rôle : fournir une énergie décarbonée et pilotable : les intempéries sont prévisibles et il est possible de stopper des éoliennes en cas de déséquilibre sur le réseau entre production élevée et consommation limitée (au milieu de la nuit notamment).
Le "Blue monday", jour le plus déprimant de l'année selon des chercheurs anglo-saxons, n'atteint donc pas le moral de l'industrie éolienne. Mais peut-être celui d'autres filières non-renouvelables ?...