
« L'éclairage touche au confort, à la performance et à la gestion du bâtiment »

Spécialiste de l'éclairage chez Clareo Lighting, Léo Perez décrypte les leviers majeurs pour réduire la consommation énergétique des bâtiments tertiaires et industriels. De la conception à la gestion, il met en garde contre les erreurs fréquentes, insiste sur l'importance d'une étude personnalisée et défend les bénéfices durables d'un éclairage connecté bien dimensionné.
La première action à envisager lors de la modernisation d'un site consiste à revoir l'implantation lumineuse. En effet, la solution la plus saine et la moins coûteuse reste d'éclairer de manière adaptée, avec la puissance la plus faible possible, tout en respectant la réglementation propre à chaque zone. L'équilibre entre économies d'énergie et coût des travaux est fondamental. Une fois les luminaires performants bien choisis et leur implantation optimisée, la gestion devient le second levier majeur : prise en compte de la lumière naturelle, détection de présence… Il s'agit d'éclairer comme il faut, quand il faut.
Cela dépend fortement du type de bâtiment. Dans les bureaux, l'éclairage représente environ 20 % de la consommation énergétique, tandis que dans les bâtiments logistiques, cette part peut atteindre 40 %, et même dépasser les 70 % dans les parkings. En revanche, dans l'industrie, l'éclairage représente souvent moins de 10 %, les machines étant les principaux consommateurs d'énergie. Ces variations s'expliquent par la nature de l'activité et les équipements présents.
Dans les logements, la part de l'éclairage est relativement faible en comparaison avec d'autres usages plus énergivores comme le chauffage, l'électroménager ou la production d'eau chaude. L'éclairage reste donc secondaire dans la consommation globale.
« Le "smart lighting" offre une grande souplesse et un coût d'installation réduit en rénovation. »
Deux grandes solutions se distinguent. Le DALI filaire, bien connu, permet une gestion fine grâce à des capteurs (détection, variation, programmation horaire). Fiable, il est cependant plus complexe à intégrer en rénovation et moins évolutif à long terme. Le « smart lighting », en plein essor, repose sur des systèmes sans fil intégrant l'intelligence directement dans les luminaires. Il offre une grande souplesse et un coût d'installation réduit en rénovation, bien que le matériel soit plus onéreux. Les économies potentielles à travers ces technologies varient selon les secteurs : jusqu'à 40 % dans les bureaux, plus de 60 % en logistique, et parfois 80 % dans les parkings.
L'un des problèmes majeurs est le manque d'anticipation concernant la gestion technique (GTB), souvent absente en phase amont. Cela engendre des retards, des surcoûts et une complexité accrue. Autres erreurs fréquentes : un mauvais dimensionnement menant à un sous ou sur-éclairage, des équipements inadaptés (reflets sur les écrans, par exemple), ou une programmation mal ajustée à l'usage réel. En résumé, même une technologie performante perd tout son intérêt si elle est mal mise en œuvre.
« La confusion entre rénovation et simple "relamping" est très courante. »
La confusion entre rénovation et simple « relamping » est très courante. Or, l'éclairage ne concerne pas seulement les luminaires : il touche aussi au confort, à la performance énergétique, à la gestion technique du bâtiment et à l'accès à des aides comme les CEE. Autre écueil : ignorer les évolutions réglementaires à venir, ce qui oblige parfois à reprendre les travaux quelques années plus tard.
Il est souvent difficile de faire comprendre l'intérêt d'un investissement initial plus élevé pour un gain durable. Les multiples interlocuteurs et la lenteur de prise de décision sont des freins majeurs. Beaucoup de projets restent à l'étude pendant des mois, voire des années, impactant directement le retour sur investissement. Chaque jour de retard équivaut à de l'argent perdu et du CO₂ inutilement rejeté…
« Il ne suffit plus de passer aux LED : il faut aussi intégrer des dispositifs de variation, de détection et de remontée d'informations. »
Un bon dimensionnement garantit un projet sobre et efficace. L'outil Dialux permet de modéliser les espaces, en tenant compte de nombreux paramètres : matériaux, hauteur sous plafond, type de mobilier, zones à éclairer, facteur de maintenance… Chaque activité a ses propres exigences réglementaires. Cette étude est également précieuse pour positionner correctement les détecteurs de présence.
La réglementation devient de plus en plus exigeante. Les décrets BACS et tertiaire imposent désormais des systèmes de gestion performants. La certification BREEAM suit le même chemin. Il ne suffit plus de passer aux LED : il faut aussi intégrer des dispositifs de variation, de détection et de remontée d'informations. Ces systèmes permettent des économies de 10 à 40 % sur la consommation globale.
« Les systèmes modernes permettent des économies de 10 à 40 % sur la consommation globale. »
Les CEE (certificats d'économies d'énergie) constituent l'aide principale, couvrant souvent une part importante du coût des équipements. On peut aussi mettre en place un financement à l'usage, où le coût des travaux est lissé sous forme de loyer, équivalent aux économies générées. Cela permet de raisonner en budget de fonctionnement, et non d'investissement. Les établissements publics peuvent en plus mobiliser le Fonds Vert, cumulable avec les CEE. Enfin, les CPE (contrats de performance énergétique) garantissent les économies et augmentent la valeur des CEE jusqu'à 2,5 fois.
Les projets de « smart lighting » sont de plus en plus fréquents, notamment en rénovation, grâce à leur facilité de mise en œuvre. Ils s'intègrent aux GTB/GTC de manière intelligente, et permettent de faire remonter de nombreuses données utiles à l'optimisation énergétique globale. Ces données sont précieuses et parfois coûteuses à obtenir, et l'éclairage « smart » permet d'y répondre à moindre coût.
« Le retour sur investissement est de l'ordre de quelques années. »
L'éclairage est un levier transversal et très rentable. Grâce au « smart lighting », les luminaires deviennent des capteurs multifonctions, capables de collecter et transmettre des données à la GTB locale ou à un réseau plus large. Cela permet une gestion fine du bâtiment, sans multiplier les équipements.
Le retour sur investissement dépend du périmètre. Pour une rénovation LED avec détection, on l'estime à environ 4 ans dans les bureaux, entre 2 et 3 ans dans les sites logistiques ou industriels, et entre 1 et 2 ans dans les parkings. Ce ROI peut être encore réduit grâce aux aides (CEE, CPE) et à une optimisation précise de l'implantation.
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