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La FFB veut tenter de mitiger l’inévitable crise de la construction

Grégoire Noble
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Olivier Salleron président de la FFB

Lors de sa conférence de presse trimestrielle, Olivier Salleron (président de la FFB) a dressé un bilan pessimiste de l’activité à venir pour le secteur de la construction avec le marché du neuf en régression et une rénovation qui n’a pas pleinement pris son essor. Pour limiter l’amplitude et la durée de cette traversée du désert, il continue de réclamer des mesures économiques. Détails.

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« Quand le logement ne vas pas… », rien ne va ? Olivier Salleron, président de la Fédération française du bâtiment (FFB), ne fait pas de mystère sur sa déception au lendemain de la remise des conclusions du CNR Logement, au mois de juin. « Mais nous nous sommes remis au travail dès le soir, avec les élus locaux et les parlementaires », afin de trouver des pistes de sortie de crise. Car le secteur de la construction s’enfonce peu à peu dans une situation difficile.

Avec la publication des chiffres trimestriels, il égrène : « Dans le logement neuf, les mises en chantier sont plus que décevantes (-11 %) et la chute s’accélère, avec des autorisations qui baissent encore (-18 %). Le diffus s’effondre de plus de 35 % sur des chiffres qui étaient déjà très bas. Et cela touche tout le territoire, en raison de l’inflation et des difficultés sur les crédits ». Dans les faits, le coût de la construction impacté par la hausse des matériaux – qui se sont stabilisés à des prix situés 40 % au-dessus de leur niveau de 2019 – la revalorisation des salaires et la flambée du foncier, font que la hausse atteint les +20 à +25 %. Ce qui rend le logement quasi-inabordable. « Pour le neuf non-résidentiel, la tendance est aussi négative (-13,4 %) mais les surfaces autorisées ont une petite dynamique. Nous espérons un regain avec l’horizon des municipales dans 3 ans », annonce Olivier Salleron. Le responsable de la FFB note même le « boom des bâtiments d’hébergement hôtelier », avec la reprise du tourisme international. Mais il tempère : « Pour les autres bâtiments c’est un peu poussif ».
 

Pas de « coup de boost » en rénovation

Du côté de l’entretien/amélioration, le tableau est à peine meilleur. Tiré spécifiquement par la rénovation énergétique, ce marché n’a finalement progressé que de +1 % entre 2022 et 2023… Le président explique : « MaPrimeRénov’ stagne au même niveau de budget depuis 3 ans. Il y a des efforts à faire encore avec des financements nouveaux. Si nous restons dans le même schéma, nous ne progresserons pas au niveau des travaux, comme cela se voit en Île-de-France. Malgré la crise de l’énergie et la mise en place du Prêt Avance Rénovation, il n’y a pas eu de coup de boost ». Selon Olivier Salleron, les évolutions trop fréquentes des dispositifs d’aide et de leurs critères d’admission (MaPrimeRénov’ et CEE) « brident les investissements des entreprises dans le matériel ou la formation des salariés ».

Côté emploi justement, le bâtiment marque un temps d’arrêt. « Après un fort accroissement en 2021-2022, cela se tasse, avec ‘seulement’ +4 400 postes en 1 an », note le président de la FFB, qui poursuit : « Les intentions d’embauche fléchissent et passent en négatif pour les artisans ». Les défaillances d’entreprises sont reparties à la hausse, dans « une accélération mortifère, une vraie spirale qui aspire tout, surtout en promotion », et elles ont retrouvé leur niveau de 2019, avant toutes les mesures mises en place pour sauvegarder l’emploi pendant le Covid. Pour couronner le tout, la situation financière des entreprises est dégradée : « Les marges sont très basses, en dessous du niveau de 2019, maintenant presque au niveau de 2012-2013 »… Sans compter que les récentes émeutes n’ont pas épargné les chantiers et entreprises dont des matériels ou entrepôts ont été incendiés. Sur ce point spécifique, Olivier Salleron estime que la résolution assurantielle sera longue. Il demande donc aux assureurs de faire « au plus vite et au mieux » pour aider les sinistrés.

Soutenir MaPrimeRénov’, lancer MaPrimeAdapt’

Dès lors quelles perspectives entrevoir pour 2024 et au-delà ? « Si rien n’est fait, il y aura une perte de 15 000 opérations et -30 % de logements produits », annonce le président de la FFB. « L’activité baissera de -7 % entre 2022 et 2025, ce qui entraînera la destruction de 135 000 emplois, tout confondu entre emploi salarié, apprentis et intérimaires ». C’est pourquoi Olivier Salleron demande à nouveau des mesures concrètes pour limiter l’amplitude et la durée de cette crise. Notamment d’assouplir les obligations du Haut Conseil de Stabilité Financière et de simplifier les normes avec un moratoire sur les réglementations « pendant quelques années ». La Zéro Artificialisation Nette est particulièrement visée dans son idée. Le responsable fédéral suggère également que l’épargne soit mobilisée pour soutenir la construction neuve, avec un crédit d’impôt sur les intérêts d’emprunt qui pourrait « absorber les surcoûts liés à la RE2020 ». Enfin, pour la rénovation, il propose de majorer les aides de 1 Mrd € par an pendant 5 ans, avec une planification pluriannuelle qui donnerait plus de visibilité et de stabilité aux dispositifs. Olivier Salleron caresse également l’idée d’ouvrir le statut d’Accompagnateur Rénov’ aux entreprises qualifiées et de rapidement mettre en place MaPrimeAdapt’ afin de soutenir les travaux de maintien à domicile des personnes âgées ou en perte d’autonomie. Le gouvernement a pourtant été clair : l’argent public est une denrée rare, et il y a fort à parier que rien ne se passera avant le vote du budget 2024 en fin d’année.

Chiffres clefs

1,73 million d'actifs dans le secteur du bâtiment

166 Mrds € de chiffre d'affaires

54 % de ce CA dans l'entretien/amélioration et

46 % dans le neuf

1 € investi dans le Logement c'est 3,7 € de recettes pour les finances de l'Etat (en taxes diverses)

source : FFB

Grégoire Noble
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