« Notre ambition est d’épauler les entreprises dans leurs problématiques terrain »
L’année 2024 a été riche en développements du côté de Qualibat : adaptation de l’organisme aux normes européennes, nouvelles qualifications (PV, déconstruction sélective, numérique), lancement d’une appli, augmentation des entreprises qualifiées… Tour d’horizon avec son président, Gérard Sénior, qui évoque également les travaux en cours.
Nous sommes actuellement à quelque 52 000 entreprises qualifiées Qualibat. Nous avons connu en 2024 une très forte progression des premières demandes. De l’ordre de +35% par rapport à 2023 ! C’est assez surprenant. Ce phénomène a commencé en novembre 2023 ; il est très certainement lié à la campagne de communication sur la rénovation énergétique. Cela concerne tous les métiers. Il y a dans le lot des entreprises qui étaient parties et qui sont revenues. Elles y voient, comme les nouveaux, des opportunités de marché. Les cafouillages de MaPrimeRénov’ au début 2024 n’ont pas inversé cette tendance, qui a tout de même subi un coup d’arrêt au moment des élections, de manière assez classique. Nous avons vu par ailleurs une augmentation des dossiers de révision. Il s’agit des entreprises qui arrivent à terme de leur qualification et qui remplissent leur dossier pour une nouvelle période. Le taux est excellent, à +7% par rapport à l’an dernier. Les audits RGE se portent bien, eux aussi, autour de 19 000 l’an passé. Au total, le chiffre d’affaires de notre association sera identique à celui de l’an passé soit de l’ordre de 26 millions d’euros, nous permettant d’envisager sereinement nos missions en 2025.
Pour ce qui est de nos qualifications, nous nous sommes adaptés au marché. Sur le photovoltaïques, nous avons fait trois niveaux de puissance (-36 kVA, -250 kVA, -500 kVA) qui correspondent aux arrêtés. Il s’agit de qualifications gigognes, qui peut le plus peut le moins : par exemple, lorsqu’on est qualifié à -500 kVA, on l’est aussi pour les deux autres moindres puissances. Nous disposons également d’une qualification, hors du champ réglementaire, pour les installations de plus de 500 kVA.
Face à la forte demande, notamment de la maîtrise d’ouvrage (l’USH a été très présent sur le dossier), nous avons également élaboré une qualification sur la déconstruction sélective avec un objectif d’économie circulaire. Cela concerne à la fois les travaux de démolition et de curage. Les entreprises de désamiantage, par exemple, ont bien compris l’intérêt. Les industriels, tels que Saint-Gobain dans le contexte de ses marchés avec la ville de Paris, avaient aussi besoin de cette qualification pour sélectionner les entreprises. Et ce n’est pas tout, car désormais chaque métier pourra avoir une mention "économie circulaire". Celle-ci viendra s’ajouter à la qualification.
Autre nouveauté toute fraîche, la mention "numérique", qui s’appuie essentiellement sur le BIM mais se veut plus large. Elle compte deux catégories. La première, c’est "je peux accéder à une maquette numérique et extraire des informations". La seconde : "je peux modéliser". Cela nous permettra de changer l’image d’un secteur du Bâtiment soi-disant à la traîne sur la transition numérique.
« Nous avions à cœur – surtout avec tout ce qui se passe du côté de MaPrimeRénov’ – de ne pas déstabiliser la configuration de nos missions. »
En tant qu’organisme de qualification et de certification (tierce partie), Qualibat est accrédité par le Cofrac, selon les normes NFX 50 091 et ISO 17065. Notre accréditation Cofrac pour les qualifications RGE a pris fin le 30 juin dernier. Ce dernier ne voulait plus auditer les organismes de qualification selon la norme française NFX 50 091, parce qu’elle n’était plus harmonisée avec les normes européennes. L’ensemble des acteurs de la filière souhaitaient, eux, poursuivre avec cette norme, car elle est adaptée à notre structure. Il nous a fallu trouver des alternatives qui répondaient à cette problématique. Nous avons donc fait plusieurs propositions à la DHUP, qui a retenu l’équivalent de la norme en cours pour les bureaux de contrôle, avec une commission d’agrément ministérielle, puis une instruction de notre dossier par le CSTB. En novembre dernier, nous avons été agréés. Ceci est une bonne chose sur le plan administratif. Nous avions à cœur – surtout avec tout ce qui se passe du côté de MaPrimeRénov’ – de ne pas déstabiliser la configuration de nos missions. L’important était la reconnaissance de notre statut d’organisme de qualification, comme Qualif’Elec, l’OPQIBI et Qualit’EnR. Notre agrément s’étend sur une période de cinq ans, avec toutefois des audits annuels. C’était un sujet qui traînait depuis un moment, nous sommes contents de l’avoir réglé.
Il y a beaucoup de discussions en la matière. Nous avons fait des propositions de simplifications concernant une base de données commune pour éviter qu’un même chantier soit audité trois fois par le PNCEE, l’Anah et Qualibat, cela éviterait la déclaration des cinq chantiers de référence pour déclencher l’audit, permettrait d’harmoniser les points de contrôle des audits sur ceux de Qualibat, de fixer un taux de contrôles en fonction du volume des chantiers, de supprimer des catégories de travaux critiques et non critiques…
En ce qui concerne la dématérialisation des dossiers de demande et de suivi des dossiers RGE pour alléger les démarches administratives des entreprises, Qualibat est partenaire de MPS [marchés publics simplifiés, NDLR] depuis 2015 et a adopté le principe « dites-le nous, une seule fois », devenu api.entreprises.gouv.fr. Cela nous permet de récupérer les données sur les entreprises : identité sociale, RNE, extrait Kbis, mandataires sociaux, adresse, attestations sociale et fiscale.
Certes, nous avons contribué à la simplification, mais nous sommes tributaires des arrêtés. Et la situation politique fait que nous sommes à l’arrêt depuis le mois de juin dernier. Le ministère peine même à réunir les parties prenantes...
« Il faut permettre aux entreprise d’entrer plus facilement dans le système de la qualification. »
Nous travaillons en effet sur des partenariats avec des grands acteurs tels que Procivis, Action Logement, Domial, l’UNSFA, Sata Group Aeon, SNCF… pour leur donner accès à la base de données Qualibat. Lors de leurs appels d’offres, ils pourront sourcer les entreprises avec beaucoup de renseignements, selon de nombreux critères. Par ailleurs, nous avons déjà passé un accord avec Studio Base 2, un éditeur de logiciels d’organisation de chantier et d’appels d’offres BIMoffice, qui a désormais un accès direct à notre base de données.
Notre ambition est d’épauler les entreprises dans leurs problématiques terrain et leur permettre d’entrer plus facilement dans le système de la qualification. D’une certaine manière, la RAP rejoint notre initiative, expérimentée deux ans durant, de qualification "chantier par chantier" pour favoriser l’approche pluri-métiers et permettre l’attribution d’aides aux particuliers.
Il nous faut des produits qui soient adaptés aussi aux besoins des particuliers. C’est le sens de cette nouvelle application mobile, qui n’est pas un énième annuaire pro, mais qui offre un accès à une base de données d’entreprises qualifiées et géolocalisées. Notre travail, chez Qualibat, est d’apporter du travail à ceux qui font l’effort d’être qualifiés. La nouvelle appli rejoint cette vocation.