Les patrons du Bâtiment positifs au passé mais inquiets au futur
« En avril 2022, les entrepreneurs du bâtiment sont légèrement plus positifs que le mois précédent quant à leur activité passée », c’est le premier constat dressé par l’Insee dans sa dernière enquête d’opinion réalisée auprès des chefs d'entreprise du Bâtiment entre le 28 mars 2022 et le 15 avril 2022. Le contexte conjoncturel inflationniste marque en profondeur leurs réponses sur d'autres indicateurs, même si le niveau des carnets de commandes reste élevé.
Si les chefs d’entreprises se disent positifs sur les résultats de leur activité passée, ce n’est pas non plus un franc satisfecit puisque le solde d’opinion n’enregistre qu’une légère progression pour se positionner à 13%, contre 12% en mars. En revanche, concernant l'activité prévue sur les trois prochains mois, le différentiel est plus marqué. Il passe de 11% en mars à 6% en avril.
Quant aux perspectives générales d’activité du secteur, le solde d’opinion trimestriel enregistre une baisse mais « reste cependant largement au-dessus de sa moyenne », précise l’Insee. [Le solde d’opinion correspond à l’écart entre le pourcentage de réponses « en hausse » et le pourcentage de réponses « en baisse ».]
Vers une hausse des prix pratiqués
Plongés dans la complexité liée aux phénomènes inflationnistes et aux difficultés d’approvisionnement qui touchent de plus en plus de produits, les entrepreneurs sont plus nombreux à exprimer leur incapacité à évaluer l’activité de leur entreprise dans un avenir proche.
D’autant que le taux d’utilisation des capacité de production reste supérieur à sa moyenne de longue période tout comme les difficultés de recrutements. Mais désormais, à ces deux problématiques, d’autres freins sont plus souvent relevés par les chefs d’entreprises : ainsi, 39 % d'entre eux déclarent des difficultés d'approvisionnement, « une part en nette hausse par rapport au mois précédent, et au plus haut depuis le début de cette série (1998) », souligne l’Insee.
Dans ce contexte hyper tendu, l’évolution des prix pratiqués constituera plus fréquemment un outil utilisé par les dirigeants interrogés. Le solde d’opinion correspondant passe ainsi en avril à 58%, ce qui en fait le taux le plus haut depuis octobre 1981.
Carnets de commandes à 5,9 mois
Sans nouvelle crise majeur, l’indicateur lié aux carnets de commandes constitue le seul baromètre pour envisager les prochains mois. Sur ce point, les entrepreneurs du bâtiment sont légèrement moins nombreux que le mois dernier à juger que le niveau de leurs carnets de commandes est supérieur à la normale. Mais le solde d’opinion reste très au-dessus de sa moyenne. En conclusion, l’Insee indique que « compte tenu de leurs effectifs, les entrepreneurs du bâtiment estiment que leurs carnets de commandes assurent 8,6 mois de travail, une durée aussi élevée que le mois précédent et qui demeure nettement au-dessus de sa moyenne de longue période (5,9 mois). »