Plus de 5 millions de bouilloires énergétiques en France
Ce chiffre de la Fondation Abbé Pierre est à mettre en regard d'une étude indiquant que 74% des Français ont trop chaud dans leur logement. Un Français sur deux est désormais prêt à réaliser des travaux visant à améliorer le confort d'été.
La rénovation énergétique ne concerne pas les passoires thermiques que l'hiver. Ces dernières se transforment, l'été et les grosses chaleurs venues, en véritables bouilloires. La Fondation Abbé Pierre dénombre pas moins de 5,2 millions de ces logements difficilement vivables durant la période estivale.
Une étude complète cette information. Réalisé par OpinionWay, le baromètre Teksial « Les Français, les chaleurs d’été et la rénovation énergétique » indique que 74% des Français ont trop chaud dans leur logement. C'est 10 points de plus par rapport à septembre 2023. Et cette proportion monte à 82% chez les jeunes de 18 à 24 ans, qui sont davantage touchés par la précarité.
Les qualifications RGE encore trop méconnues
Les locataires sont plus impactés par la chaleur que les propriétaires : 78% contre 70%. Sans surprise, c’est dans le Sud-Est de la France que l’on souffre le plus de la chaleur dans son logement, avec un score qui montre à 80% des personnes interrogées.
Un Français sur deux (49% précisément des sondés) souhaiterait réaliser des travaux dans son logement pour l’adapter aux vagues de chaleur. Mais un tiers des personnes interrogées (33%) déclarent ne pas en avoir les moyens financiers, malgré les dispositifs d'aide à la rénovation énergétique mis en place par le gouvernement.
L’étude révèle que 27% des Français feraient appel à un artisan certifié RGE (Reconnu Garant de l’Environnement) pour leurs travaux de rénovation énergétique, suivis par les « entreprises spécialisées en isolation » (17%). Ce chiffre révèle le fait que la nécessaire qualification des artisans commence à s’ancrer dans les esprits.
Prise en compte encore très imparfaite
Malgré les évolutions récentes qui ont fait apparaître la notion de confort d'été dans le DPE en juillet 2021, sa prise en compte est encore très imparfaite. De plus, cette évaluation n'influence pas la note finale, ce qui ne motive pas les propriétaires à suivre les recommandations pour améliorer le confort d'été de leur bien immobilier. Cette problématique a été soulevée en mars dernier par le rapport de la commission d’enquête sur la rénovation énergétique. Les sénateurs avaient proposé d'intégrer le confort d’été dans l'évaluation du DPE, ils avaient également demandé des aides pour faciliter les travaux visant à protéger les logements contre la chaleur, comme cela est déjà en place dans certaines collectivités d’outre-mer.
L’Ademe recommande également d’intégrer dès aujourd’hui la problématique du confort d’été dans toutes les rénovations. « Il est temps de créer un indicateur qui valorise les rénovations en fonction du confort global et de valoriser cela dans les aides. Actuellement, les aides financières mettent peu l'accent sur le confort estival et les solutions passives. Les isolants biosourcés, protections solaires, ventilation nocturne sécurisée et brasseurs d'air sont souvent négligés. »
Un indicateur de confort en remplacement du DPE ?
Le DPE pourrait devenir un indicateur de confort plutôt qu’un indicateur d’énergie, qui inclurait les quatre paramètres externes du confort : rayonnement des parois, humidité de l'air, vitesse de circulation de l'air et température de la pièce. « En attendant que les réglementations évoluent, il est essentiel que les particuliers se fassent accompagner par un bureau d'études compétent qui prend en compte ces enjeux de confort », explique Baudouin de la Varende, cofondateur du bureau d'étude thermique Ithaque.
Même son de cloche du côté de Teksial. « Nous observons encore des pans peu traités au travers des systèmes de soutien comme celui de l’adaptation durable des logements aux vagues de chaleur. Pour atteindre les objectifs ambitieux de rénovation énergétique, il est essentiel de donner aux ménages les moyens de réaliser leurs travaux à leur propre rythme et sans exclure personne. Nous devons encourager des actions concrètes et durables, en offrant aux Français un panel de solutions compatibles avec leurs besoins et leurs moyens : amélioration du confort l’hiver, l’été, rénovation d’ampleur, isolation, systèmes de chauffage décarboné... », commente Alice Monnet, directrice des affaires publiques chez le délégataire de CEE et mandataire de l'Anah.