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Pavé tok

Un printemps déjà sous tension ?

Grégoire Noble
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Olivier Salleron président FFB

Les premiers mois de 2024 donnent-ils le "la" pour tout le reste de l'année ? Olivier Salleron (président de la FFB) se félicite que l'amélioration-entretien soit en partie sauvée par la réforme imminente de MaPrimeRénov' et la construction neuve pourrait bénéficier d'annonces faites par Guillaume Kasbarian. En attendant, les chiffres d'activité ne sont pas bons pour la filière du bâtiment, qu'il soit neuf ou pas, et résidentiel ou pas... 

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Selon le président de la FFB, la tension est palpable chez les entrepreneurs de la construction. Car le bâtiment – tous secteurs confondus, logement ou non résidentiel, neuf ou rénovation – subirait une « faillite politique » de la part du gouvernement et de l’Etat au plus haut niveau. Olivier Salleron, lors du point du 12 mars 2024, énumère : « C’est 80 000 logements de moins entre 2022 et 2023, soit une perte de 1,7 Mrd € en TVA pour l’État. Sans compter la perte de plus de 10 000 emplois entre les derniers trimestres 2022 et 2023 ». Soit des centaines de millions d’euros de cotisations et de recettes fiscales en moins. Un mauvais calcul pour les finances publiques, assure la fédération, qui estime que lorsque la construction tousse, c’est toute l’économie française qui se grippe.

« Le plongeon du logement neuf ne ralentit pas, avec des mises en chantier à -23 %. On ne sait pas où cela va s’arrêter. Les ventes aux particuliers ont été divisées par deux en individuel diffus aussi bien qu’en promotion immobilière par rapport à 2021. Les chiffres sont historiquement bas », annonce le responsable fédéral. Dans le non-résidentiel, la situation n’est pas meilleure : la construction neuve de bureaux, espaces commerciaux et bâtiments administratif est également au plus mal (-14 %). Et la FFB annonce ne pas compter sur le marché de l’amélioration-entretien pour surnager : même s’il est en progression (+2 %), la situation n’est pas brillante : « MaPrimeRénov’ était au quart de son niveau de production de 2023 aux mois de janvier-février ».

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ventes logements particuliers
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amélioration entretien 2023
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emploi tendance FFB
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défaillances entreprises

90 000 emplois perdus en 2024 ?

Conséquence : l’emploi commence à décrocher. La fédération annonce que 13 300 postes ont déjà été perdus (entre les 4es trimestres 2022 et 2023) et que cette tendance s’accélèrera en 2024, avec 90 000 emplois qui seront perdus si rien ne devait changer. Et même 150 000 postes en moins à la mi-2025 ! Avec la chute d’activité de la construction, les défaillances d’entreprises s’envolent également (environ 3 300/trimestre contre moins de 2 000 lors du Covid).

Olivier Salleron espère que, pour relancer au moins la rénovation énergétique, des mesures rapides seront prises pour réformer MaPrimeRénov’ et soutenir à nouveau les travaux mono-gestes. « Les décrets doivent être signés cette semaine », assure le président de la FFB. Faute de quoi, les licenciements pourraient commencer dans les entreprises sans perspectives à partir de la mi-avril… Pour la construction neuve, le responsable souhaite « une pause normative impérative dans la mise en place de la RE2020 » et de ses nouveaux seuils carbone, en faisant glisser le calendrier de 2025 vers 2028. La FFB est également fâchée à cause de la ZAN (Zéro artificialisation nette) et la REP PMCB : elle s’interroge à mener des actions par voie juridique. Pour Olivier Salleron, « les entreprises sont couillonnées, puisqu’elles paient pour un service de reprise des déchets qu’elles n’ont pas, et doivent gérer elles-mêmes ces déchets en payant encore… ». La colère monte au sein des entrepreneurs du bâtiment qui se sentent sacrifiés.

Grégoire Noble
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