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Le risque de surchauffe estival pas assez pris en compte ?

Grégoire Noble
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thermomètre chaleur confort d'été

Pas moins de 14 organisations professionnelles ont signé un courrier commun à Elisabeth Borne pour proposer des solutions afin de « traiter efficacement le confort thermique dans les bâtiments », notamment en période de canicule. Car l’été 2022 n’était qu’un échauffement pour les années qui viennent…

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« Madame la Première ministre, la chaleur est tout aussi redoutable que le froid : l’été est devenu synonyme de souffrance thermique pour de nombreux Français ». La première phrase de la lettre adressée à Elisabeth Borne par quatorze acteurs du bâtiment fait… froid dans le dos. D’autant que la suite du texte est tout aussi alarmiste : « Une situation qui ne manquera pas de s’aggraver avec le réchauffement climatique et de s’étendre à des périodes autrefois plus clémentes ». Les professionnels du secteur (Actibaie, AICVF, Cinov, Promodul, SNFA, diverses unions des métiers de la FFB…) entendent de ce fait « limiter durablement, efficacement et sans surconsommation d’énergie, la surchauffe des logements » et appellent le gouvernement à un sursaut dans son action climatique.

Concernant la construction, les professionnels qui signent cette tribune, s’inquiètent tout d’abord d’un recours systématisé (et non raisonné) à la climatisation. Un réflexe contreproductif puisque les climatisations consomment des ressources pour être produites, de l’électricité pour fonctionner et qu’elles rejettent à la fois des gaz à effet de serre et des calories dans l’atmosphère. Le courrier cite un exemple précis : « Si la chaleur émise par les climatiseurs double d’ici à 2030, la température locale pourrait augmenter de 2 °C dans Paris ». Un comble. Pour y remédier, plusieurs solutions de bon sens existent : « Peu ou pas consommateurs en énergie, ces équipements et solutions techniques permettent de réconcilier habitabilité des bâtiments en période de fortes chaleur et sobriété énergétique ».

De l'ombre, des végétaux, du free-cooling mais surtout pas de clim'

Mais quelles sont ces réponses frugales ? D’abord l’installation de protections solaires motorisées. Cette simple étape permettra déjà de limiter l’élévation de température à l’intérieur du logement de 2 à 5 °C. Le recours à ces simples protections « pourrait réduire la consommation d’énergie liée au refroidissement des locaux jusqu’à -60 % d’ici 2050 ». Autre possibilité, non excluante : l’automatisation de l’ouverture des fenêtres la nuit, pour ventiler de façon naturelle, qui est capable de faire baisser la température intérieure de 4 à 5 °C. Ensuite, l’amélioration de l’inertie thermique des bâtiments, en augmentant le déphasage. Là encore, plusieurs degrés peuvent être gagnés (jusqu’à 3 °C). Enfin, la végétalisation extensive du bâti, qu’il s’agisse de toiture ou de façade. La température d’un toit-terrasse bitumé peut atteindre les 60 voire 70 °C, mais ce chiffre est divisé par deux en présence de végétaux qui offrent de l’ombre et renvoient une partie du rayonnement. Dans le bâtiment, le gain peut être importante avec un thermomètre qui descend de 3 à 10 °C. Des solutions qui seront en partie adoptées par la tour Essentiel à Lyon, qui se passera de chauffage et de climatisation, tout en maintenant une température intérieure comprise entre 22 et 26 °C hiver comme été (peut-être 28 °C en cas de canicule...). L'inertie thermique sera maximisée et la ventilation naturelle confiée à un pilotage automatisé. L'inauguration est prévue pour 2025.

Protections solaires : -2 à -5 °C
Free cooling nocturne : -4 à -5 °C
Inertie thermique : -3 °C
Végétalisation : -3 à -10 °C

Les experts s’interrogent : « Pourquoi ces solutions sont-elles les grandes absentes des politiques publiques françaises de rénovation énergétique ? Pourquoi ne pas étendre les dispositifs de soutien actuellement limités à l’audit et à la réduction de consommation de chauffage ? ». Ils enjoignent donc l’exécutif à valoriser les solutions passives dans les politiques d’incitation à la rénovation thermique, à l’image de ce qui se fait en Italie ou en Allemagne pour les volets et stores. Pour eux, il n’est plus temps d’attendre les troisièmes itérations de la Programmation pluriannuelle de l’énergie, de la Stratégie nationale bas carbone et du Plan national d’adaptation au changement climatique, prévues pour 2024. Les acteurs des filières concernées veulent un geste dans les mois qui viennent.

Signataires :

Association des toitures végétales ; groupement Actibaie-FFB (portes, portails, volets, stores) ; Association des ingénieurs et techniciens en climatique-ventilation-froid ; Ingénierie du Confort Objectif 2050 ; Cercle Promodul-Inef4 ; Chambre syndicale française de l'étanchéité ; Fédération des métiers de la prestation intellectuelle du conseil, de l’ingénierie & du numérique ; Fédération française de la construction passive ; Industries du génie numérique, énergétique & sécuritaire ; Syndicat français des Joints & Façades ; Syndicat national de la construction de fenêtres, façades & activités associées ; Union des métiers du bois-FFB ; Union des métiers du Génie climatique, de la couverture et de la plomberie-FFB ; Union des métiers du Plâtre et de l’isolation-FFB

Grégoire Noble
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