Biofib double sa production d'isolants chanvre
L'aventure Biofib se poursuit et passe à la vitesse supérieure : avec une nouvelle usine, la production d'isolants à base de chanvre (ou d'un mélange coton/lin/chanvre) va doubler dans les semaines qui viennent. De quoi alimenter un marché de l'isolation biosourcée en demande de produits sains et certifiés.
L’usine a elle seule vaut le détour : flambant neuve, ouverte sur l’extérieur, elle est éclairée par la lumière du jour et pensée pour le confort de ses salariés. S’étendant sur 8 000 m² couverts (plus 7 000 m² de stockages extérieurs), le site Biofib de Sainte-Hermine (Vendée), s’apprête à prendre la relève du site historique de Sainte-Gemme-la-Plaine, situé 15 km plus au sud. Les deux continueront à traiter le chanvre, d’abord pour le défibrer (afin d’obtenir de la chènevotte pour le béton de chanvre et des fibres) puis le napper avec un liant (afin d’en faire des isolants biosourcés certifiés).
La capacité de production fera un véritable bond, puisque Biofib passera de 1 million de m² de panneaux isolants par an, à plus de 2 millions. De quoi isoler 110 maisons par semaine, voire plus, si les cadences venaient à être augmentées. Car la place des produits biosourcés dans la construction est désormais solidement établie sur le marché français.
11 % de parts de marché pour le biosourcé sur le marché de l’isolation en France (4 % il y a 5 ans)
Tanguy Le Cunff, directeur industriel de Biofib, explique : « La nouvelle ligne de production – qui sera doublée dans un proche avenir – permet de produire des nappes d’isolants de 380 cm de largeur contre 240 cm auparavant. Ce qui laisse plus de choix dans les dimensions des panneaux que l’on peut y couper. De même l’épaisseur d’isolant est augmentée, pouvant être portée à plus de 25 cm sur demande ». D’où le lancement sur Batimat de nouveaux produits en 900 x 1200 ou 2400 mm, idéalement dimensionnés pour les plaquistes. Finies les découpes et les mesures : tout se pose rapidement, avec un gain de temps sur chantier estimé à 30 %.
Vincent Hannecart, le directeur général de Cavac Biomatériaux (la coopérative agricole qui a lancé Biofib), nous précise : « Nous sommes référencés dans tous les réseaux et toutes les centrales. Notre marché est essentiellement lié à la rénovation avec des petits chantiers de 9-10 m². Mais il évolue aujourd’hui vers des bâtiments publics (écoles, mairies, ERP) et des sièges sociaux tertiaires, avec de plus grosses rénovations ». Le club d'entreprises Biofib compte aujourd'hui 80 membres, mais l'objectif est de passer à 150 entreprises en 2025. Les ambitions du seul acteur français de l’isolation chanvre sont grandes : doubler son chiffre d’affaires actuel de 20 M€ d’ici à 2030. Seules conditions : que les surfaces cultivées de chanvre augmentent, que les récoltes ne soient pas trop perturbées par les aléas climatiques, et que les professionnels de l’isolation se tournent vers ces produits performants et certifiés Acermi. Ce qui semble tout à fait possible vu l’énergie de tous les acteurs de cette filière en pleine croissance, qui n’existait pas encore il y a 16 ans…