Combien coûte l’entretien annuel d’une PAC ?
L’entretien annuel et une intervention de dépannage pour une pompe à chaleur air-eau ont un coût. Mais est-il plus ou moins élevé que celui d’une chaudière à condensation ? C’est la question que s’est posé le Synasav, et à laquelle il apporte une réponse claire et précise. Le syndicat de la maintenance ajoute qu’il est encore plus cher de ne pas entretenir ses équipements…
Le Synasav (syndicat national de la maintenance et des services en efficacité énergétique) lance en cette fin d’année son Observatoire national de la maintenance des systèmes de chauffage. Un outil à destination des professionnels et des pouvoirs publics, pour disposer de données fiables sur le marché de l’entretien-réparation des appareils, soumis à une obligation de visite annuelle (ou bisannuelle). Forte d’un énorme échantillon – de presque 1,2 million de machines – cette étude a ciblé le coût annuel des pompes à chaleur air-eau d’un côté (83 000 unités) et des classiques chaudières gaz à condensation de l’autre (1,1 million).
Cyril Radici, le directeur général du Synasav, relate : « Ces équipements sont suivis depuis 10 ans, sous contrat de maintenance P2 (c’est-à-dire les pièces de rechange à la charge du client) ». Et les résultats sont clairs : il vous en coûtera environ 257 €/an pour entretenir une chaudière à condensation (172 € de contrat plus 85 € de réparations) contre 401 €/an pour une PAC (239 € de contrat et 162 € de réparations). La pompe à chaleur est donc à la fois plus chère à l’achat mais également à l’entretien (+39 %). Le responsable du Synasav note : « Il y a moins de dépannages mais le coût des réparations et des pièces reste plus cher, jusqu’à 1,5 fois. Le temps-technicien est plus long sur une PAC (1h20 d’intervention en moyenne) que sur une chaudière ». Cela réduit non seulement le nombre d’interventions possible par jour (seulement 4-5 au lieu de 7-8 habituellement) mais le coût horaire d’un technicien frigoriste est plus élevé que celui d’un technicien gazier… « Même l’outillage est différent et les véhicules nécessairement plus gros », renchérit Roland Bouquet, le président du syndicat, qui estime toutefois que l’écart allait se réduire entre les deux solutions de chauffage, en raison de l’augmentation drastique du parc de pompes à chaleur.
Aujourd’hui, environ 80 % des chaudières seraient entretenues contre seulement 20 % des PAC. Or, pour une chaudière, ce défaut de maintenance amène une surconsommation comprise entre +8 et +12 % d’énergie. Mais quelles sont les conséquences éventuelles d’une absence d’entretien sur une PAC ?...
… et combien coûte de ne PAS entretenir sa PAC ?
Le Synasav s’est également emparé de cette question et a confié à Yannick Le Guennec, enseignant en BTS Génie Climatique au lycée La Martinière Monplaisir de Lyon, le soin de mener des tests pour mesurer dans son laboratoire les variations de performance d’une PAC air-eau en fonctionnement « dégradé ». « Ceci pour évaluer l’incidence d’un défaut d’entretien dans une étude indépendante des fabricants », précise l’ingénieur en métrologie. Au moyen d’un protocole soigneusement élaboré et d’un banc expérimental particulier (une chambre froide isotherme accueillant l’unité extérieure de la PAC pour simuler les températures extérieures de façon stabilisée et normalisée), diverses mesures ont été réalisées afin de déterminer le coefficient de performance réel et les consommations électriques de l’engin. « Les conditions de température extérieures étaient fixées à -7 °C ; +2 °C ; +7 °C ; +12 °C, et les consignes de température de départ à 35 ou 55 °C, pour simuler une utilisation d’un plancher chauffant ou de radiateurs », détaille Yannick Le Guennec.
Divers désordres sont ensuite simulés : réduction du débit au condenseur, embouage du système, encrassement de l’évaporateur, fuite de fluide frigorigène… Tout a été envisagé. Et mesuré. Si, en mode normal la PAC présente un SCOP de 3,28 ou 2,65 (W35 ou W55) et des consommations électriques de 32 ou 40 kWh/m²/an, les performances diminuent plus ou moins sensiblement selon le défaut. Pour un problème de diminution de débit au condenseur elles se maintiennent, mais la PAC se déclenche plus fréquemment et peut se mettre en position défaut. En cas d’embouage des circuits, le SCOP diminue de -22 % et la consommation augmente dans les mêmes proportions (+27 %). « Il y a un fort impact pour un petit dépôt », constate l’enseignant-chercheur. Lors d’un encrassement de l’évaporateur, le SCOP baisse de -8 à -15 %, selon le degré d’obstruction, tandis que les consommations électriques grimpent (+8 à +18 %). Enfin, si une petite perte de charge du fluide frigorigène devait survenir, le SCOP ne baisse que pour la haute température de consigne (55 °C) de -12 %, et la consommation augmente d’autant. En revanche, une plus grosse fuite entraîne un effondrement des performances : -50 % sur le SCOP et +90 à +120 % de consommation électrique !
Conclusion : en cas de négligence dans son entretien, une PAC risque d’accumuler plusieurs de ces désordres et de voir ses performances s'écrouler. D'où une surconsommation importante d'électricité, une perte de confort et un risque de panne accru. Il convient donc de peser le pour et le contre... Mais pour le Synasav, qui représente la maintenance, l'intérêt d'une visite annuelle pour toutes les machines est une évidence.