Quelle place pour les PAC dans la rénovation ?

Grégoire Noble
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pompe à chaleur intérieur

Les pompes à chaleur sont les stars de la transition énergétique : efficaces, elles produisent plus de chaud qu’elles ne consomment d’électricité. Ubiquitaires, leurs multiples technologies peuvent répondre à une multitude de situations. Cependant, les PAC ont leurs limites, notamment en termes de prix ou de fonctionnement par température négative. NégaWatt et le Cler portent des propositions pour conditionner les aides à l’atteinte de certains objectifs.

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Les pompes à chaleur sont largement soutenues par l’État. Et l’association NégaWatt tout comme le Cler (réseau pour la transition énergétique) lui reconnaissent un grand rôle à jouer dans la décarbonation du bâtiment. Toutefois, ces acteurs s’interrogent sur la pertinence du déploiement tous azimuts de cette solution technique qui montre certaines limites, et ont produit une étude qui identifie les conditions dans lesquelles il est le plus judicieux de recourir à ce mode de chauffage.

Olivier Sidler (NégaWatt) rappelle quelques principes de base : « Le COP est d’autant plus important que l’écart de température des sources chaudes et froides est faible ». Les températures extérieures trop basses entraînent donc un effondrement des performances de ces machines. De même, des émetteurs dont la température doit être élevée (à 80-90 °C) ne sont pas adéquats. Le porte-parole de l’association souligne : « La pompe à chaleur n’est pas une chaudière ! Elle est incapable d’augmenter sa puissance lorsque la température baisse. Et elle ne peut pas délivrer un fluide à une température supérieure à 55 °C ». Or, dans le bâti ancien, d’avant 1975 et les premières réglementations thermiques, les installations de chauffage ont été dimensionnées pour des fluides bien plus chauds. L’adoption d’une PAC entraîne donc la nécessité d’une deuxième source de chaleur complémentaire.

NégaWatt a étudié plusieurs solutions alternatives : PAC en relève de chaudière, PAC et convecteurs électriques, PAC hybride, PAC haute température… Certaines sont aisées à mettre en œuvre, comme l’installation de radiateurs électriques d’appoint, peu chers à l’achat et à faible empreinte carbone, d’autres sont plus complexes, comme l’adoption de PAC haute température, onéreuse et encombrante avec son unité extérieure. « Ces solutions, malgré l’existence assez fréquente d’un surdimensionnement initial de l’installation de chauffage en place, réduisent insuffisamment les émissions de gaz à effet de serre, mais surtout, elles génèrent de nouvelles consommations d’électricité et des puissances appelées très problématiques ! Elles ne constituent donc pas une bonne réponse pour la rénovation des bâtiments, en plus d’être très coûteuses ».

Privilégier la PAC eau/eau quand c'est possible

Autre solution envisagée : augmenter la surface des émetteurs de chaleur, puisque la température du fluide en sortie de PAC est plus basse. Mais la taille des radiateurs devrait être multipliée par deux pour obtenir le même chauffage (avec un fluide à 55 °C), voire par plus de quatre (avec un fluide à 45 °C). Autant dire que l’intérieur de ces habitations sera tapissé de radiateurs… à moins de remplacer toute l’installation par un plancher chauffant. Peu pratique en site occupé et, encore une fois, très cher.

« L’intérêt est réduit si les pertes sont non contrôlées », martèle Olivier Sidler. D’où l’importance d’isoler le bâti et de réduire les déperditions, pour nécessiter moins de calories et dimensionner correctement l’installation de chauffage. Le recours à des PAC doit donc se faire dans le cadre de rénovations globales et plus particulièrement dans le cas de passoires thermiques (classes « F » et « G » du DPE), encore alimentées au fioul ou au gaz, qui sont généralement occupées par des personnes en situation de précarité énergétique. À cette condition, les PAC « permettraient de diviser par 100 les émissions de gaz à effet de serre (…) et diviseraient par 15 les consommations d’énergie primaire » de ces logements. Avantage supplémentaire, une fois sortis de leur statut d’épave thermique, l’ensemble de ces centaines de milliers de logements français ne consommeront plus qu’une fraction de la production d’un seul réacteur nucléaire. 

Le Cler et l’association NégaWatt recommandent aux pouvoirs publics de privilégier les PAC eau-eau, par rapport aux classiques air-eau, « car elles réduisent encore de 25 % la puissance de pointe demandée et de 14 à 18 % la consommations et les émissions selon que le mode de régulation de la PAC est ‘tout ou rien’ ou de technologie Inverter ». Ils avancent également l’idée de conditionner les aides à l’installation de PAC à des régimes de température des émetteurs inférieur à 55 °C et d’orienter vers les rénovations performantes en révisant la fiche CEE. Les aides au remplacement d’un système de chauffage pourraient également n’être versées qu’en cas de passage par un Espace Conseil France Rénov, qui offrira un avis neutre et gratuit. Les acteurs de la transition estiment nécessaire d’améliorer le référentiel RGE en proposant une méthode harmonisée de calcul des déperditions thermiques (pour l’instant variable selon les professionnels), et enfin d’imposer la maintenance des PAC pourtant déjà obligatoire depuis 2020… 
 

Grégoire Noble
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