Bâti ancien en tuffeau : rénover sans le dénaturer
Pierre emblématique du Val de Loire et indissociable de son patrimoine bâti historique, le tuffeau offre souvent une blancheur remarquable et une très bonne inertie thermique, particulièrement appréciable en été. « Mais il présente aussi une très forte porosité, il absorbe facilement l’eau et il peut en contenir un important volume », rappelle Antoine Caucheteux, maître d’œuvre spécialisé dans la rénovation énergétique du bâti ancien.
Invité par la FFB 37 aux deuxièmes Rencontres du Patrimoine bâti, organisées à l’occasion de la remise d’un prix national Rubans du Patrimoine à la commune de Beaulieu-lès-Loches pour la restauration de son imposant clocher roman, Antoine Caucheteux a insisté sur les principes d’une réhabilitation réussie sur un bâtiment en tuffeau : « elle doit en améliorer la performance énergétique et le confort intérieur, en assurer la pérennité, sans en dégrader la tenue mécanique ». Son premier conseil : « être attentif à toutes les sources d’eau sur le bâti : solins, toiture, gouttières, regards du réseau et descentes d’eaux pluviales. On peut par exemple mettre en place un drain en périphérie extérieure des murs ».
Pour l’isolation thermique, le spécialiste appelle à respecter « un grand principe : laisser respirer, perspirer (transpirer) le tuffeau ». Et ce, en intérieur comme en extérieur. En isolation intérieure, Antoine Caucheteux conseille de la laine perméable à la vapeur d’eau, un frein-vapeur (Sd inférieur ou égal à 5 m) et un parement intérieur.
En ITE, il recommande « un enduit correcteur thermique de 7 à 10 cm (chaux-chanvre ou autres fibres végétales), une zone d’évaporation en pied de mur et un traitement de surface perméable (caillebottis, terre cuite, résine…), ainsi qu’une dalle isolée ». Le tout en étant « attentif aux ponts thermiques et à la continuité du pare-vapeur ». Les occupants des lieux devront également bien ventiler pour éviter les sources d’humidité. « Il faut toujours penser global : sources d’eau, isolation, ventilation…, conclut Antoine Caucheteux. Les problèmes ne se verront pas toujours tout de suite, mais parfois trop tard ». (Ingrid Proust)