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L’enchanteresse verrière du domaine de Locguénolé

La Rédaction
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verrière Locguénolé

Rénovation, créations intérieures et extérieures… Le domaine de Locguénolé, qui a réouvert en décembre 2023 près de Lorient (Morbihan), concrétise le savoir-faire de plus de 100 compagnons. Un chantier qui a duré 3 années et dépassé les 30 M€. Du manoir au château, en passant par les écuries et l’orangerie, le résultat en vaut la chandelle. Et notamment la verrière de style victorien imaginée puis enchâssée pour y abriter le nouveau restaurant gastronomique.

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Devenu propriété de l’entrepreneur Gérard Jicquel (qui veut en faire l’un des plus beaux hôtels de Bretagne), le domaine de Locguénolé était déjà un lieu mythique, le premier site de la région à être entré dans la chaîne Relais & Châteaux. Avec le doublement de la capacité (48 chambres et suites contre 22 auparavant), le travail de l’architecte Christophe Bachmann (qui veille au moindre détail de décoration et d’ameublement), a su préserver l’esprit d’origine, tout en remontant à d’autres sources : la citadelle de Port-Louis et l’histoire de Lorient et de sa Compagnie des Indes.

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verrière Locguénolé

La verrière : spectaculaire, atypique et monumentale

Créée pour le restaurant gastronomique « L’Inattendu » (l’ancien restaurant situé au rez-de-chaussée, transformé en bistrot haut de gamme), cette verrière de 16 mètres par 11,60, évoque les jardins d’hiver de jadis, où poussaient d’exotiques plantes venues des lointaines colonies. Première particularité : les anciens clients du domaine pensent qu’elle a toujours existé ! Christophe Bachmann explique la raison de cette construction : « C’est un réel besoin d’agrandissement de l’endroit (restaurant gastronomique et laboratoires à insérer) qui a amorcé la réflexion sur la façon la plus respectueuse de le faire. Afin de garder l’harmonie du lieu, il était important de ne pas rompre avec le château, construit en symétrie. Une verrière est vite apparue comme évidente afin de ne pas le dénaturer. Inspirée des grandes serres de l’époque, le château garde avec elle ses codes du 19e siècle ».

Parmi les tours de force, une cuisine existante est rapidement apparue comme une contrainte qui allait orienter tous les choix architecturaux et techniques. « En effet, celle ci devant être conservée en l’état, nous avons adapté l’agrandissement de l’endroit en fonction d’elle. Cela a demandé plus d’efforts sur la construction (par exemple butoner l’ensemble de l’ouvrage existant afin d’assurer la stabilité de la verrière qui serait posée dessus) », souligne l’architecte, qui a fait le choix d’un système constructif auto-stable, afin que la verrière soit totalement indépendante du château. « Elle est contreventée en tête par des poutres bidimensionnelles, avec des croix de Saint-André sur l’une des travées de la nef principale, une ferme métallique en forme d’ogive en profil reconstitué soudé (PRS), pannes, chevrons et voliges en bois ».

Autres choix d’ingénierie : le support d’une couverture en zinc à joints debout et chéneaux métalliques rhabillés de zinc (à l’intérieur), une menuiserie métallique constituée de profilés à rupture de pont thermique de type Forster sur les façades latérales. Sur les pignons Est & Ouest, une façade de rideaux métalliques.

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Garantir l’étanchéité du plancher, une autre grande contrainte

L’étanchéité du plancher bas de la verrière (par la condition de la cuisine sur laquelle elle est posée, avec une surface au sol de 147 m²), a amené à la réalisation d’un plancher collaborant métallique. En soubassement, un massif béton réalisé par Bouchard Construction, dont le gérant Hugues Vanel détaille les spécificités : « Au-delà de l’étanchéité, le sujet complexe en gros-œuvre de cette verrière a été la reprise des efforts de celle-ci. En effet, nous ne pouvions pas nous appuyer sur les structures du château. Nous devions traverser un plancher et un dallage pour reprendre les efforts verticaux de cette nouvelle structure, mais également reprendre les contreventements de buton à 45° sur des massifs béton. Invisible aujourd’hui, l’ouvrage n’en demeure pas moins pointu. »

Côté armatures, l’architecte à fait le choix de poteaux tubulaires à sections dégressives jusqu’à la hauteur des chéneaux, de poutres treillis de type Eiffel à base de fer T et cornières métalliques, et d’un assemblage par soudure, une ferme en PRS et une charpente bois. Le faux plafond acoustique a été réalisé sur mesure par Guitton SA. En forme d’ogive, à base d’isolant acoustique en feutre (noir) et lames de chêne. « Il a déjà fallu construire toute une plateforme pour ce plafond à plus de 8 m de haut afin que les compagnons puissent faire un travail soigné a cette hauteur. Ensuite il a fallu tout calepiner pour réaliser ce plafond en ogive ou il aura fallu intégrer des trappes techniques pour le lot CVC », indique Ronan Guitton. En type de verre, du 44/2. Quant à l’entretien de la verrière, la sélection d’une peinture thermolaquée à chaud nécessitera juste un nettoyage des chenaux (couverture et fenêtres), durant plusieurs années. Bienvenue au restaurant gastronomique l’Inattendu et ses subtils jeux de lumière !

Marie Anne PAGE

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Fiche technique :

Localisation : Kervignac (56)
Maître d’ouvrage : Beautiful Life Hotels
Maître d’œuvre : Philippe Ponzio
Architecte : Christophe Bachmann (Bachmann Associés)
Métallerie : Fer Met Alu
Fondations : Bouchard Construction
Faux plafonds bois : Guitton SA
Chauffage & ventilation : CV Clim
Durée du chantier (construction & pose de la verrière) : 21 mois
Budget : plus de 30 M€

La Rédaction
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