L’anglais ToolStation devrait bientôt se désengager de France

Stéphane Vigliandi
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ToolStation, comptoir de Béziers (34).

Alors que le discounter britannique se porte plutôt bien outre-Manche, il souffre sur le marché français. Sa maison-mère Travis Perkins envisage sérieusement d’arrêter les activités de ToolStation France .

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ToolStation, le distributeur spécialisé en quincaillerie et outillage, va-t-il faire sonner le clap de fin dans l’Hexagone ? Dix ans après être arrivée sur le marché français d’abord via un site marchand, puis en déployant progressivement un réseau d’agences, l’enseigne low cost pourrait bientôt vendre ses 51 comptoirs essentiellement implantés dans le Sud-Est (environ 400 salariés).

C’est ce qu’envisage la direction de Travis Perkins. Lors de la publication de ses résultats financiers 2023, le groupe côté à la bourse de Londres a évoqué un manque de rentabilité de ToolStation France.

Alors que les ventes ont encore grimpé de 29 % l’an dernier (à périmètre non comparable), la filiale a affiché des pertes de 18 M£ (± 21 M€) alors que le distributeur a ouvert six points de vente supplémentaires. En 2024, le discounter devrait encore perdre 20 M£ (±23,5 M€). L’an dernier pourtant, la direction de ToolStation France nourrissait encore de solides ambitions : exploiter un réseau de 130 agences dans la moitié Est d’ici à 2029.

La messe (déjà) dite ?

« Bien que le marché français présente de réelles opportunités », le Britannique avance plusieurs facteurs pour justifier sa décision. Au-delà d’un climat d’affaires actuellement très tendu dans le Bâtiment, ToolStation France a, entre autres, fortement investi ces derniers mois pour accroître la notoriété de la marque – notamment en radio – sans pour autant atteindre les effets escomptés pour l’instant. Le groupe a surtout injecté 2,5 M€ pour redimensionner la logistique de l’enseigne dans l’Hexagone.

Désormais, la maison-mère juge qu’elle ne peut plus continuer à investir pour que cette business unit atteigne le seuil de rentabilité. « La direction confirme aujourd’hui qu’elle travaille sur un plan pour une éventuelle sortie de l’entreprise » du marché français, a précisé le conseil d’administration de Travis Perkins le 5 mars.

Un porte-parole du groupe a par ailleurs précisé que « toute décision sera soumise à des procédures de consultation préalable avec les représentants des salariés concernés ». Manière implicite d’indiquer que la messe serait (déjà) dite pour ToolStation France ?

L’enseigne ToolStation génère environ 20 % des revenus consolidés de Travis Perkins.

Bénéfices en baisse

Quoi qu’il en soit, Nick Roberts, le DG de Travis Perkins, souligne qu’« alors que les conditions de marché devraient rester défavorables en 2024, l’entreprise se concentre entièrement sur l’amélioration de la rentabilité ».

Sur l’exercice 2023, le groupe a enregistré un chiffre d’affaires en baisse de 3,1 % à 4,8 Md£ (5,6 Md€) contre une croissance de 6 % en 2022. En revanche, le bénéfice avant impôt, lui, a fondu ; passant de 245 M£ (286,6 M€) en 2022 à 70 M£ (82 M€) l’an dernier.

Au Royaume-Uni, ToolStation revendique néanmoins avoir « encore gagné des parts de marché » : un pays où 163 magasins ont ouvert entre 2020 et 2022. Si la Belgique et les Pays-Bas ont accusé des pertes, elles restent cependant moins élevées qu’en France. La direction de Travis Perkins escompte d’ailleurs que le seuil de rentabilité devrait être atteint dès 2025 aux Pays-Bas, et en 2028 côté belge.

Dans l’Hexagone, le groupe va rechercher un ou des repreneurs. Par exemple Screwfix qui multiplie depuis plusieurs mois les ouvertures de dépôts et dont le modèle est très proche de celui de ToolStation ? À moins que la vente des fonds de commerce ne se fasse par lots auprès de plusieurs enseignes ? À suivre...

Stéphane Vigliandi
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