Le recyclage dans le sang ! Interview de Yoann Codina, adhérent DomPro
Michel Keime n’a pas hésité une seule seconde. Quand on a évoqué la possibilité de faire l’interview d’un adhérent DomPro, le nom de Yoann Codina a fusé. Le directeur du développement & de l'animation du Réseau avait bien raison. Je me suis régalé à l’écouter parler de son histoire, de son métier et de ses passions. C’est à votre tour d’être conquis en lisant cet article.
Une chose est certaine, il a le recyclage dans le sang !
Du métal à la quincaillerie
Bonjour Yoann, vous êtes le gérant du magasin Castor Bleu (anciennement Codina Quincaillerie) à Soual près de Castres. C’est une entreprise familiale, pouvez-vous nous raconter comment tout a commencé ?
« L’entreprise Codina et Fils a été créée par mon grand-père en 1986. C’était à 5 km d’ici. Il faisait de la vente d’acier à la découpe, du pliage, de la tôle de couverture et du recyclage. Il récupérait les métaux, ferreux et non ferreux, et il recyclait des véhicules, de la ferraille agricole et industrielle.
Il a pris sa retraite en 2000. J’ai commencé à travailler avec mon père. Je suis passé par tous les métiers comme magasinier, vendeur comptoir, livreur, et je remplaçais mon père quand il était absent. Avec mon camion, j’allais aussi chez le particulier, le professionnel, l'industriel ou l’agriculteur pour récupérer de la ferraille que l’on recyclait ensuite.
En 2008, on a construit un bâtiment sur un terrain à Soual pour ouvrir une quincaillerie. On vendait de tout, des casseroles, des conserves, de la visserie, mais aussi des articles en tréfilé comme des grillages ou des cages agricoles.
Et en 2010, on est devenu adhérent DomPro. Aujourd’hui, on est 6 dans la société et on réalise un chiffre d’affaires autour des 2,3 millions. »
Les avantages de DomPro
Qui sont vos clients principaux ?
« J’aime bien dire qu’on n’est pas des généralistes, mais plutôt des multispécialistes. On est aussi bien spécialisés dans la soudure que les vêtements ou la fixation. On a une vraie expertise dans tous ces domaines. On va vendre au couvreur aussi, au charpentier métallique et au charpentier bois, etc. »
Vous êtes un des plus anciens adhérents de DomPro. Quels sont les principaux avantages de DomPro ?
« C’est d’abord la réactivité à tous les niveaux. Bien sûr, l’équipe des achats est toujours disponible , mais aussi les responsables de la plateforme, de la communication, des réseaux, ou pour régler des litiges, il y a de la réactivité partout.
DomPro nous aide beaucoup sur la communication des promotions comme « les indispensables », « les bons plans EPI », « le 100% dispo », etc.
Depuis l’arrivée de la nouvelle direction, l’adhérent est vraiment au cœur du projet. Avant, ils avaient tendance à proposer les mêmes produits pour tous les adhérents sans tenir compte des particularités de chaque région. Aujourd’hui, ils sont à notre écoute.
J’aime bien aller aux congrès que DomPro organise et au Forum des Pros. On peut parler de nos projets respectifs sur les prochaines années. On sait qu’on peut compter sur eux et qu’ils vont nous accompagner. Ils nous posent également des questions sur nos attentes et on rencontre les fournisseurs. »
Des produits innovants
Cela vous permet aussi de rencontrer les autres adhérents et les équipes de DomPro, je pense notamment à Erwann Murez.
« Oui, on aime bien discuter ensemble. On ne parle pas seulement de travail, mais aussi de nous, nos passions, nos familles. Il y a une ambiance très conviviale au Forum des Pros. »
Quel est le moment que vous préférez pendant le Forum des Pros ?
« C’est le trophée de l’innovation. Chaque année, je m‘accorde un extra. C’est un produit que je n’ai pas encore en magasin et qui attire mon attention.
Cette année, le gant isolant TOUCH-E de chez Penta présente à mon avis une belle évolution pour les électriciens.
On a aussi assisté à une démonstration de Silca pour une nouvelle machine automatique à tailler les clés. Du coup, j’ai décidé qu’on allait changer la nôtre et j’ai passé commande.
Les années précédentes, on a pris une carotteuse de marque Diam, un lève-plaque Edma. »
Est-ce qu’il y a un produit star chez Castor Bleu ?
« Oui, c’est l’étendoir à linge « Super T ». C’est un produit que mon grand-père fabriquait. Il s’installe dans un jardin et il est particulièrement robuste. Il permet d’étendre le linge de 2 lessives de 8 kg ! C’est bien plus écolo qu’un sèche-linge. »
Un adhérent DomPro extrêmement sportif...
En plus de vos activités professionnelles, Erwann m’a dit que vous aviez un petit élevage d’animaux, un beau potager et que vous étiez un grand sportif. D’ailleurs, il est même impressionné, car vous avez su conjuguer vie professionnelle et vie privée. Quel est votre secret ?
« Mon secret, c’est qu’il faut savoir couper et prendre du temps pour soi et sa famille. Cela réduit fortement les risques de burn-out.
Entre midi et deux, je vais courir ou nager. Le soir, je rentre vers 19 h et le week-end, je passe du temps avec ma femme et mes deux filles. On va faire des randonnées en montagne par exemple. L’important, c’est de pouvoir s’aérer l’esprit.»
Sur les photos que vous postez sur vos réseaux sociaux, on vous voit nager, courir, faire du vélo. Est-ce que vous participez à des triathlons ?
« Je ne suis pas vraiment un triathlète, mais je fais de la natation (plus jeune je nageais au moins 10 km par jour), de la course et du vélo.
Je vais souvent en Espagne pour nager en eau libre. On est entre 600 et 700 participants à parcourir une dizaine de kilomètres dans une rivière.
Je me suis mis aussi au swimrun. Ce n’est pas une discipline très connue. Le swimrun, c’est nager, courir, nager, courir, etc. On dispute les épreuves en binôme reliés l'un à l'autre avec une corde (la longe) et on enchaîne des parcours de course à pied en forêt et à la nage dans la mer.
Cet été, je vais quand même faire un triathlon, mais à la montagne. Je me prépare pour disputer l’Altriman des Angles, dans la région de Font-Romeu.
On commence par une boucle de 1,9 km à la nage dans le lac, puis 100 km à vélo avec un dénivelé de 2100 mètres et on termine par 21 km en courant avec 5000 mètres de dénivelé ! C’est mon plus grand challenge de l’année. »
mais aussi jardinier et grand ami de la nature
Et vous arrivez quand même à trouver des petits moments pour vous occuper de vos animaux et de votre jardin.
Image« Alors, en effet, j’élève quelques animaux comme un âne, des agneaux, des poules, des lapins et des cochons. Cela me permet de répandre de l’engrais naturel dans mon potager. Je ne passe même pas le motoculteur pour retourner la terre, car j’ai plusieurs petits ouvriers, des vers de terre qui font le travail à ma place.
La terre est fine, sablonneuse et pas du tout compacte. Cela nous permet de planter sans effort 4 ou 5 arbres tous les ans. En 2024, on a déjà planté des saules pleureurs et des eucalyptus. L’année dernière, on avait planté un cognassier, un prunier, un pommier, un poirier et un cerisier. J’ai un grand champ avec quelques brebis. Mon but est de le repeupler avec des arbres.
En ce moment, on récolte des pois mange-tout, des fèves, des choux, des petits pois. J’ai aussi une serre avec des tomates. Ça nous permet de mettre de côté des conserves de coulis.
J’ai aussi trouvé une vigne, la vigne Isabelle, qui ne gèle pas et qui est résistante aux maladies, sans avoir à pulvériser des produits chimiques. L’an dernier, j’ai cueilli de très belles grappes.
Je fais en sorte que mon jardin soit le plus autonome possible. Je plante, je lance l’arrosage automatique et j’attache les plants de tomate sur des tuteurs, mais c’est tout. Ensuite, quand les fruits et les légumes sont mûrs, je les ramasse avec ma femme. »
Yoann recycle aussi le carton et le plastique
On a commencé l’interview en parlant du recyclage des métaux et là on évoque les légumes et les fruits que vous cultivez le plus naturellement possible, mais aussi l’importance d’avoir du temps libre. Vous appliquez des valeurs qui sont dans l’air du temps.
« Oui, je crois que j’ai ça dans mon ADN !
D’ailleurs, j’ai oublié de vous parler d’une autre activité qui me tient à cœur. Il y a quelque temps, j’ai d’abord eu l’opportunité de trouver une vieille presse à carton. C’est très pratique. On met tous nos cartons à l’intérieur, on les compresse, et on sort un ballot de cartons de 500 kg par semaine que l’on revend à de gros recycleurs comme Veolia ou Paprec. J’ai dû prendre une autre presse d’occasion un peu plus grande pour pouvoir récupérer non seulement nos cartons, mais aussi les cartons des autres magasins de la zone commerciale. Je leur ai distribué des containers de stockage et je fais une tournée chaque semaine avec une remorque agricole. Les commerçants sont ravis, la communauté de communes aussi. Et moi, je suis en train d’amortir le coût d’achat de mes presses.
Maintenant, j’utilise l’ancienne presse pour y mettre tous les films étirables plastiques transparents, blancs ou noirs des emballages pour les compresser et faire des ballots en plastique de 300 kg environ. Comme ça, ils sont recyclés pour refaire du plastique.
Mon arrière-grand-père était peilharot (ndlr : en occitan, ça signifie chiffonnier). Autrement dit, il allait récupérer les peaux de lapin dans la région avec son vélo.
Quand mon grand-père m’a vu partir en tournée avec ma remorque, il m’a dit :
" On dirait ton arrière-grand-père ! "
J’ai ça dans le sang. »
Quelle belle histoire
Les membres de sa famille ont toujours fait du recyclage, d’abord des peaux de lapin, puis des métaux, enfin du carton et du plastique. On peut y voir aussi une évolution de la société à travers les déchets qu’elle produit.
Yoann a remis au goût du jour son passé en retrouvant au fond de soi l’héritage de son ADN pour tenter d’apporter sa pierre à un monde plus vertueux.
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