Fabien Ferrier : "Il y a encore de la peur sur les chantiers"

Jérémy Becam
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Malgré le contexte difficile, l’entreprise Willy Ferrier a décidé de maintenir son activité durant le confinement. Fabien Ferrier, chauffagiste et gérant de la société éponyme située à Limont-Fontaine (59) dans les Hauts-de-France, revient sur cette période chargée pour l’entreprise. Si sa société n’a pas été réellement impactée par la crise, elle a du mettre en place de nombreuses règles pour la santé et la sécurité de ses équipes.

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Zepros : Avez-vous maintenu votre activité durant ce confinement ?

Fabien Ferrier : Nous avons arrêté notre activité dès le début du confinement afin de prendre du recul sur la situation en échangeant avec mes collaborateurs. L’idée était de faire un point avec eux sur la garde de leurs enfants par exemple, sur leurs éventuels problèmes de santé ou encore sur leur envie ou non de travailler en cette période délicate. J’ai ensuite trié les chantiers où nous pouvions encore intervenir sans mettre notre santé en danger. Dans le nord de la France, il a fait froid une bonne partie du confinement alors nous avons eu de nombreuses demandes d’interventions. Très vite, l’un de nos techniciens a été remis sur la route pour répondre à cette demande. L’activité a donc redémarré petit à petit jusqu’à aujourd’hui, début du confinement, où nous sommes en effectif complet. Nous avons la chance d'avoir une forte demande depuis quelques mois. Quand j’ai repris l’entreprise il y a quatre ans, nous avons décidé de nous spécialiser dans le chauffage, la ventilation et les énergies renouvelables. Cette spécialisation a plu à de nombreux clients et le bouche à oreilles a fait le reste. C’est rassurant aujourd’hui d’avoir autant de demandes. Nous avons aussi une clientèle ancienne et fidèle qui nous a sollicité durant cette période de confinement tout en faisant très attention lorsque nous intervenions chez eux.

Zepros : Comment se sont déroulés vos chantiers ?

F.F : Nous attendions avec impatience le guide de l’OPPBTP. Nous avions mis en place des choses avant qu’il soit publié surtout vis-à-vis de nos clients. Avant chaque intervention, nous leur demandions la plus grande prudence car nous n’avions pas encore les recommandations des organisations du secteur. Finalement, nous n’avons eu aucun problème avec nos clients car ils nous ont fait confiance. Il n’y a pas eu de réticence pour que nos équipes interviennent. Nous avons évidemment traité en priorité les demandes les plus urgentes. Une fois que le guide a été publié, nous avons pu nous rendre sur les autres chantiers. Il a été un véritable support pour être clair avec nos clients et nos équipes.

Zepros : Avez-vous réussi à vous fournir en équipements de protection et en matériaux ?

F.F : Nous avons fait toutes nos commandes dès le début du mois de mars. Nous avons eu la chance de tout recevoir juste avant le début du confinement. Nous avions deux à trois mois de chantier prévus, il fallait donc impérativement avoir tous les équipements et matériaux nécessaires. Nous n’avons donc pas eu de problème avec nos négoces professionnels. Nous avons eu surtout du mal à trouver des masques. Encore aujourd’hui, nous avons décidé de stopper toutes les coactivités avec les autres entreprises sur les chantiers. C’était déjà difficile de protéger nos équipes avec des masques et de faire respecter les distances de sécurité, nous ne voulions pas avoir en plus à nous occuper des autres entreprises si elles ne respectaient pas les règles. Pour l’instant, ça n’a pas posé de problème étant donné que de nombreuses entreprises du secteur étaient à l’arrêt. Nous avons déjà prévenu les autres entreprises qu’elles ne pourraient pas encore intervenir sur certains chantiers. Franchement, sur les chantiers, les professionnels sont très sérieux en ce moment. Il y a toujours de la peur liée au coronavirus.

Zepros : Comment voyez-vous les prochaines semaines pour votre entreprise ?

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F.F : Nous sommes tout de même assez inquiets. Cela fait un mois que nous avons la tête dans le guidon avec les différentes règles à mettre en place que ce soit dans notre entreprise ou sur nos chantiers. Il faut aussi faire attention aux autres entreprises sur les chantiers. Economiquement, je suis plus inquiet pour les prochains mois que pour la reprise. Nous avons encore des chantiers à terminer, mais pour l’avenir, il faut attendre de voir comment le secteur redémarre. Nous avons profité du confinement pour revoir notre organisation. Auparavant, nos équipes devaient passer au bureau tous les matins pour récupérer leur plan d’intervention et leur planning. Nous avons pu dématérialiser ce processus. Ensuite, nous transportons désormais des masques, des gants et du gel, ce qui nous fait une sorte de nouvelle boîte à outils. Nous avions également commandé des tenues neuves en début d’année, ce qui permet de nous changer tous les jours. Nous en avons également profité pour vérifier les trousses de secours. Finalement, ce sont de petits changements qu’il faut apporter pour garantir la sécurité de tous.

Zepros : Y-a-t-il des réticences de la part de vos clients à votre retour sur les chantiers ?

F.F : Il y a une confiance entre nos clients et nous. Si nous leur disons que nous pouvons venir, ils l’acceptent. J’ai également répété à mes techniciens qu’ils avaient un droit de retrait. Si nos clients ne respectent pas cette distance, ils ont le droit de quitter le chantier. Nous n’avons eu qu’un seul petit problème avec une personne ne respectant pas les distances de sécurité. Le plus drôle dans cette histoire, c’est qu’il s’agissait d’une personne du corps médical.

Zepros : Est-ce que cette crise sanitaire va changer l’organisation de l’entreprise ?

F.F : Je n’espère pas en tout cas. Ces mesures instaurent une barrière sociale entre nous. Plus vite nous pourrons supprimer cette distanciation sociale, mieux ce sera. Au sein de notre entreprise, nous sommes neuf collaborateurs et nous avons besoin de recréer du lien social.

Jérémy Becam
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