Chalumeau : Bulane déclare sa flamme à l’hydrogène
Pionnier français de l’hydrogène, la PME de l’Hérault conçoit et fabrique des chalumeaux à hydrogène alimentés par un électrolyseur mobile. Elle a procédé en janvier dernier à une levée de fonds de 14 M€ pour doubler les capacités de production de son système de chalumeau sans bouteilles. Retour sur une innovation de rupture.
Souder ou braser sur un chantier est le plus souvent pénible, délicat et dangereux quand il s’agit de travailler de façon “traditionnelle” avec des bouteilles d’oxygène et d’acétylène. Cette action est même de plus en plus vue d’un mauvais œil voire interdite sur certains chantiers qui n’acceptent plus la présence de ce matériel pour des raisons évidentes de sécurité.
Outre l’aspect sécuritaire, la manutention et la manipulation de lourdes bouteilles engendrent, sur le long terme, des troubles musculosquelettiques qu’il est maintenant facile de limiter.
C’est ce que propose, depuis plusieurs années, la société Bulane qui a développé un procédé de soudage à base d’hydrogène : “Dyomix technology”. Grâce à l’électrolyse de l’eau (voir encadré ci-dessous), l’entreprise propose désormais des appareils appelés Dyoflam adaptés aux besoins des professionnels du brasage et de la soudure.
Et ce, sans avoir besoin de lourdes bouteilles puisque le Dyoflam, capable de produire une flamme de plus de 2 500°C, fonctionne à base d’eau pure et d’un additif.
Depuis 2016, Bulane (20 salariés et 2,6 M€ de chiffre d’affaires) a vendu plus de 1 600 électrolyseurs utilisés comme poste à soudure 2.0. Aujourd’hui, le pionnier de la “flamme propre” à d’autres ambitions et entend adapter sa technologie aux industries électro-intensives.
Une “conso” étonnamment basse
L’appareil, d’un encombrement semblable à celui d’une grosse valise à roulettes, est un concentré de technologie afin d’assurer une utilisation en toute sécurité (flamme autopilotée, fonction autotest d’étanchéité, régulateur de pression électronique…).
Il se veut très économique en fonctionnement puisqu’un quart litre d’eau pure et 125 ml d’additif assurent une autonomie de trente-cinq minutes, soit une consommation de 0,4 litre d’eau pure par heure. Seule “contrainte” ? Il nécessite un branchement électrique.
Pour Nicolas Jerez, directeur général de Bulane, « la combustion hydrogène produite par électrolyse grâce à l’eau et à l’électricité peut jouer un rôle majeur dans la décarbonation de l’industrie et du Bâtiment. Unis autour de cette vision et forte de ses savoir-faire, l’équipe de Bulane développe des technologies inédites qui permettent le déploiement de cette magnifique flamme décarbonée ».
L’entreprise fournit entre autres sa technologie à Castolin qui commercialise depuis 2018 le poste Oxyflamme d’une puissance de 2,4 kW.
L’électrolyse de l’eau • Comment ça marche ?
Le procédé a été découvert au tout début du XIXe siècle. Il consiste à décomposer l’eau en oxygène et en hydrogène gazeux. La réaction électrochimique est provoquée par le passage d’un courant entre deux électrodes immergées dans une solution saline. Cette solution, appelée “électrolyte”, est rendue conductrice grâce à de l’hydroxyde de potassium.
Le courant électrique imposé entre les deux électrodes génère un dégagement d’hydrogène à la surface de la cathode et d’oxygène à la surface de l’anode. Ces deux gaz, astucieusement mélangés, permettent d’obtenir un combustible propre adapté à la production d’une flamme performante.