Kraaft, le “WhatsApp” du BTP lève 3,2 M€ de fonds
Se définissant comme une « super-messagerie » entre les chantiers et le bureaux, l’interface développé par la start-up parisienne vient de clore un tour de table. À la clé : 3,2 M€ auprès de trois fonds de capital-risque et de business angels. Ambition de Kraaft : se renforcer, entre autres, auprès des entreprises du BTP en France.
« Réconcilier le terrain et le bureau ! », s’engager vers l’« objectif zéro papier », mais aussi travailler via des fichiers (Word, Excel, Google Drive, SharePoint, les formulaires Kizeo…) hébergés en « un seul endroit »... Ce sont les trois arguments chocs qu’invoque la start-up parisienne pour caractériser son application d’abord déployée en 2020 à destination des majors des travaux publics et depuis environ deux ans pour les entreprises du Bâtiment.
À l’origine, il y a un constat. Selon les trois cofondateurs de Kraaft en 2019 – Cédric Boidin (directeur technique), Marc Nègre (directeur produits et R&D) et Thomas Reygagne (PDG) –, la filière du BTP serait, a priori, le secteur « le moins digitalisé en France ».
Déjà en 2014, le cabinet McKinsey France constatait dans son étude “Accélérer la mutation numérique des entreprises : un gisement de croissance et de compétitivité pour la France” que « dans le secteur du BTP, seules des entreprises pionnières testent et adoptent pour l’heure les technologies de maquette numérique du bâtiment ». Certes, la situation a cependant nettement évolué, mais reste essentiellement le quotidien des majors et d’entreprises générales nationales ou régionales.
Aujourd’hui, comme une évidence, les dirigeants de Kraaft rappelle pourtant que « l’adaptation au numérique représente pour les entreprises un impératif urgent, autant qu’une opportunité majeure pour leur compétitivité ».
Les contraintes d’utilisation d’un logiciel sur le chantier (smartphones peu performants, langues étrangères, âge de la population, météo…) sont bien différentes de celles des logiciels de bureau.
Un « super-WhatsApp des chantiers » ?
Premier frein à la numérisation selon Kraaft ? À l’ère de ChatGPT et de l’essor de l’IA, il y aurait « 44 % citant la “réticence des équipes terrain” comme le premier frein à la numérisation ». Autant de constats qui ont incité les trois dirigeants de la start-up qu’ils ont créée en 2019, à lancer leur « super-messagerie du BTP ».
L’interface de messagerie mobile s’assimile à son aîné et grand frère nord-américain WhatsApp. « Avec une prise en main en quelques secondes [sic] par n’importe qui, peu importe son niveau en digital », préviennent-ils.
En fait, « toute la vie des chantiers est centralisée en temps réel, argument-ils. Mais à la différence d’une messagerie classique, les utilisateurs peuvent ensuite utiliser des modules spécialisés pour mieux suivre leurs chantiers : géolocalisation des photos, dossiers avec les plans du projet, classification des messages, audits de sécurité, rapports d’intervention ».
Concrètement, les fichiers (Word, Excel, Google Drive, SharePoint, les formulaires Kizeo…) sont hébergés en « un seul endroit ». Et sont exportables sous forme de rapports automatisés (au format Word, Excel ou Zip) avec des workflows personnalisés : échanges de photos, de messages et de documents sur un fil d’actualité dédié au chantier.
Selon Kraaft, « 9 projets sur 10 ne [tiendraient] pas leur budget ou leur calendrier. Et un tiers du temps, c’est le manque de communication qui est mis en cause par les professionnels. Cela signifie des équipes ne se comprenant pas, des heures passées en tâches “non productives” (recherche d’information, gestion d’erreurs) et des tensions humaines entre le terrain et le bureau ».
Se consolider sur le marché français
Reste que les intervenants sur le marché de la transformation digitale des acteurs du BTP se multiplient. Par exemple : BIMtoBuild qui l’application vise à améliorer les méthodes de travail sur les chantiers grâce à une gestion de projet en temps réel.
Adressant en particulier les TPE-PME artisanales, Batisimply, lui, propose une appli mobile destinée à numériser le suivi de leurs chantiers. Idem dans le secteur des menuiseries avec, entre autres, l’éditeur lyonnais de logiciels Elcia.
Grâce à son tour de table de 3,2 M€, la start-up Kraaft souhaite, elle, continuer à « investir dans le développement du produit et consolider notre position sur le marché français », souligne Thomas Reygagne. Une levée de fonds qui doit par ailleurs permettre à sa « super-messagerie du BTP », d’entamer un déploiement à l’international.