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Oui, un mix énergétique décarboné et non radioactif est possible en 2050

Grégoire Noble
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[Zepros Energie] Selon le gestionnaire du réseau RTE et l’Agence Internationale de l’Energie, il est possible de s’orienter vers un mix électrique à forte proportion en renouvelables à la moitié du 21e siècle, solution qui permettrait de se passer des solutions fossiles mais également nucléaires. À cela plusieurs conditions : maintenir la stabilité du réseau, accroître les capacités de production et de stockage et développer le réseau de transport et de distribution.

En juin 2016, l’Ademe faisait paraître un rapport sur la possibilité d’un mix électrique comprenant entre 80 et 100 % de renouvelables. Des cris s’élevaient alors parmi les adorateurs de l’atome dénonçant l’insanité de ces énergies intermittentes sur lesquelles les Français ne pourraient jamais compter l’hiver venu. Pourtant, en janvier 2021, c’est au tour non pas de Greenpeace ou d’associations partisanes d’enfoncer le clou, mais bien de RTE, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité, et de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), des acteurs qu’on ne peut pas taxer d’amateurisme.

Et il s’avère qu’une très forte proportion d’EnR électriques est possible, comme Xavier Piechaczyk, le président du directoire de RTE, l’explique : « La France s’est engagée dans la neutralité carbone pour 2050. Tous les scénarios nationaux envisagent à cette échéance davantage d’électricité décarbonée et des volumes importants d’EnR. Pour se diriger vers un mix à très fortes parts d’EnR variables, bien qu’il n’y ait aucune barrière technique infranchissable à priori, il faut regarder les faits scientifiques, techniques et industriels : il reste beaucoup de sujets à résoudre. Le rapport suggère une méthode et des feuilles de route pour traiter ces enjeux ». Le document liste quatre prérequis pour y parvenir. Tout d’abord l’adoption technologies permettant de maintenir la stabilité du réseau, sans avoir à recourir aux productions conventionnelles, émettrices de gaz à effet de serre. « Des difficultés spécifiques pourraient concerner les systèmes comportant une part importante de photovoltaïque distribué pour lesquels il est nécessaire de poursuivre l’évaluation des impacts sur la distribution et la sûreté du système électrique », précise la synthèse du rapport tout en ajoutant : « Il existe un consensus scientifique sur l’existence » de telles solutions technologiques. D’autre part, il est bien question de « photovoltaïque distribué », ce qui laisse entrevoir que l’autoconsommation et l’autoproduction seront des briques importantes pour couvrir les besoins locaux, sans déstabiliser le réseau.

La France ne repose qu'à 10 % sur l'éolien et le solaire, elle a une grande marge de progression

Deuxièmement, « la sécurité d’alimentation – la capacité d’un système électrique à approvisionner la consommation en permanence – peut être garantie, même dans un système reposant en majorité sur des énergies à profil de production variable comme l’éolien ou le photovoltaïque », annoncent RTE et l’AIE. Seule condition : développer les sources de flexibilité dont le pilotage à la demande, le stockage, les centrales de pointe et les interconnexions frontalières permettant d’échanger des électrons avec tous nos voisins européens. Ensuite, il s’agira de dimensionner les réserves opérationnelles et de définir un cadre réglementaire définissant les responsabilités d’équilibrage. Enfin, RTE avertit : « Des efforts substantiels devront être consacrés au développement des réseaux d’électricité à compter de 2030, tant au niveau du transport (Ndlr : à longue distance) que de la distribution. Cela nécessite une forte anticipation et un engagement public en matière de planification à long terme (…) Ces efforts peuvent néanmoins être partiellement intégrés au renouvellement des actifs de réseau vieillissant ». En d’autres termes, les investissements devront de toute façon être réalisés. Rien d’insurmontable donc.

Fatih Birol, le directeur exécutif de l’AIE, conclut : « Du fait de ses atouts, la France peut être un champion de toutes les énergies bas carbone et jouer un rôle de pionnier pour construire un système énergétique de demain. Si nous voulons atteindre ces objectifs, augmenter la part de l’électricité et des énergies renouvelables sera essentiel, y compris en France, où le solaire et l’éolien représentent aujourd’hui environ 10 % du mix électrique et où il y a une énorme marge d’amélioration ». Les adeptes de la fission en seront pour leurs frais…

G.N.

Grégoire Noble
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