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Le Diagnostic de Performance Énergétique ? Une grande loterie

Grégoire Noble
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diagnostic de performance énergétique DPE

Depuis le 1er janvier 2023, les pires « passoires thermiques » – classées G au Diagnostic de Performance Energétique (DPE) – sont interdites à la location. Ce classement est donc primordial pour les propriétaires et locataires de ces biens, or la fiabilité du DPE est encore mise en cause dans une étude publiée par Hello Watt. Seuls 30 % des résultats sont justes, 70 % sont approximatifs voire erronés…

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Guillaume Matheron (Hello Watt) a publié une étude portant sur la « Validation à grande échelle des DPE de logements grâce aux données des compteurs communicants ». Et la conclusion est aussi brève que cinglante : « Nous avons démontré que le DPE n’est pas un bon indicateur des consommations énergétiques d’un foyer et apporte très peu d’informations, au point que des prédictions aléatoires pourraient aussi bien fonctionner ». Le Diagnostic de performance énergétique est donc totalement décorrélé de la réalité des habitations françaises et c’est réellement problématique.

L’étude Hello Watt s’appuie à la fois sur des données de l’Ademe (pour les DPE) et sur des chiffres de consommation énergétique obtenus grâce aux compteurs Linky ou Gazpar (en kWh). En tout, 221 logements ont été scrutés et il s’avère que, dans 29 % des cas, l’étiquette énergétique attribuée est exacte. Dans 40 % des cas, l’étiquette du DPE ne correspond pas aux niveaux relevés et correspond à une étiquette voisine, au-dessus ou en-dessous (B ou D au lieu de C). Plus grave enfin, dans 31 % des cas, l’étiquette ne correspond pas du tout aux mesures de consommation, ni même aux étiquettes voisine, l’écart est alors abismal. Au global, 71 % des DPE ne sont pas corrects.

« Des DPE pas beaucoup plus précis que si la lettre était attribuée au hasard (…) Sans même regarder le logement, un diagnostiqueur peu scrupuleux aurait bon dans 25 % des cas contre 29 % dans l’étude »

Dans le détail, 79 étiquettes ont été sous-évaluées (consommations réelles supérieures au classement), 78 ont été surévaluées (consommations inférieures aux attentes) et 64 sont exactes. L'auteur de l'étude note quelques exemples : 20 logements classés E, F ou G, auraient dû être classés A, B ou C, tandis qu'à l'inverse, 13 logements bien notés (A, B ou C) devaient en réalité être E, F ou G selon leurs consommations mesurées. Un appartement de 25 m² à Caen, chauffé à l'électrique, a ainsi été classé F alors que son compteur Linky mesure 110 kWh/m²/an (soit une étiquette B). Une maison de 120 m² à Gragnague a été classée A malgré des consommations électriques mesurées à 162 kWh/m²/an (étiquette D). Et ainsi de suite.

La société Hello Watt commente : « Une approximation qui pose problème, puisqu’avec les nouvelles exigences de la loi Climat, une différence – même d’une tranche – peut avoir des conséquences importantes. Par exemple, entre un classement E et un classement F, c’est le statut de passoire thermique qui se joue, et avec lui l’interdiction de mise en location et une importante décote de la valeur immobilière ». Les résultats publiés par Guillaume Matheron viennent confirmer ceux déjà publiés par l’UFC Que Choisir qui s’appuyait toutefois sur un échantillon beaucoup plus restreint de 7 logements. Mais la tendance est bien là : « Les résultats sont très différents selon les diagnostiqueurs ». Le DPE n’est donc toujours pas fiable.

Les différentes classes énergétiques dans le DPE :

○        Classe A : < 70 kWh/m²/an ;

○        Classe B : entre 71 et 110 kWh/m²/an ;

○        Classe C : entre 111 et 180 kWh/m²/an ;

○        Classe D : entre 181 et 250 kWh/m²/an ;

○        Classe E : entre 251 et 330 kWh/m²/an ;

○        Classe F : entre 331 et 420 kWh/m²/an ;

○        Classe G : > 421 kWh/m²/an.

Grégoire Noble
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